Mali : les élections locales et régionales repoussées à avril 2018

Le gouvernement malien a décidé de reporter jusqu’à avril prochain, les élections des conseillers des collectivités territoriales qui devaient se tenir initialement le 17 décembre. Officiellement, le gouvernement a invoqué la recherche de consensus entre les différents acteurs impliqués mais pour de nombreux observateurs, ce report se justifie par la situation sécuritaire encore tendue qui prévaut au nord et dans le centre. De quoi susciter des inquiétudes au sein de l’opposition sur la tenue de la prochaine présidentielle prévue pour le mois de juillet prochain.

C'est à la suite d'un conseil des ministres qui s'est tenu dimanche au Palais de Koulouba que le gouvernement malien a décidé de reporter de nouveau les élections communales partielles, locales et régionales prévues initialement pour ce 17 décembre. Officiellement, « c'est pour permettre à tous les acteurs concernés de disposer du temps de discussion nécessaire afin d'apporter des réponses aux préoccupations exprimées,  qu'il est apparu, nécessaire de reporter la date des élections du 17 décembre 2017 en avril 2018 », s'est justifié le gouvernement qui invoque ainsi la demande formulée par plusieurs acteurs du processus électoral.

 « Certains acteurs du processus électoral ont exprimé des préoccupations qui ont fait l'objet de larges concertations organisées par le ministre de l'Administration territoriale. Il est apparu au cours de ces concertations que la réussite des élections du 17 décembre 2017 est subordonnée à la recherche de réponses appropriées aux différentes préoccupations de l'heure ».

Avec plus de détails, le ministre malien de l'Administration territoriale, Tiéman Hubert Coulibaly, a reconnu que  si matériellement le gouvernement est prêt à organiser les scrutins, ce report s'imposait car « la situation sécuritaire dans le nord et le centre du pays ne permettent véritablement pas de battre campagne ».

Pour le gouvernement malien, « cette perspective permettra d'ouvrir un espace de dialogue devant aboutir à un consensus afin d'organiser des élections inclusives dans un climat apaisé ». La décision du gouvernement n'a vraiment pas été une surprise au sein de la classe politique malienne au regard de la situation sécuritaire assez tendue qui prévaut dans le nord et surtout au centre du pays où les attaques des groupes terroristes ont repris de plus belle ces derniers mois. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'en octobre la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), constituée de plusieurs anciens groupes rebelles signataire de l'accord pour la paix et la réconciliation, ont demandé ce report en raison, entre autres, « de la situation sécuritaire dans le nord et du non retour des réfugiés et la non révision des listes électorales ».

Les élections devraient  se tenir pour l'essentiel dans le nord et le centre du pays, là où elles n'ont pas pu se tenir en même temps que le reste du pays. Le mandat des élus locaux et municipaux concernés est arrivé à terme depuis avril 2014.

Inquiétudes sur le marathon électoral de 2018

Cette décision des autorités maliennes n'est pas sans provoquer des inquiétudes au sein d'une partie de la classe politique notamment de l'opposition. Si la situation sécuritaire au centre du pays et l'absence de l'administration dans le nord du pays justifient ce report, certains estiment que le même contexte risque de prendre en otage les différents scrutins prévus durant l'année prochaine.

En plus des élections locales et régionales partielles, les grands rendez-vous c'est en effet le référendum que le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a dû également suspendre cette année en raison d'une fronde de la société civile et surtout la prochaine présidentielle prévue pour se tenir en juillet 2018.

De l'avis de plusieurs observateurs, à moins que la situation sécuritaire ne s'améliore d'ici-là, la tenue de ces différents scrutins reste improbable malgré la présence de la MINUSMA, l'opération française Barkhane et désormais de la force conjointe du G5 Sahel. La pression risque de s'amplifier pour le gouvernement malien dont les promesses sur le respect du calendrier électoral ne rassurent pas la classe politique qui reste suspendue à l'évolution du contexte sécuritaire dans le pays.

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