Zimbabwe : Mnangagwa s’essaye en président

Emmerson Mnangagwa devrait être nommé président par intérim du Zimbabwe dans 24 heures. En attendant, le futur homme fort de ce pays d’Afrique australe a essayé de rassurer ses concitoyens dans une allocution où il a évoqué la démocratie et le redémarrage de l’économie. Parallèlement, l’armée a officialisé l’immunité et les avantages accordés à Robert Mugabe en contrepartie de sa démission.
Amine Ater
Emmerson Mnangagwa (au milieu) a été limogé par Mugabe de ses fonctions de vice-président, le 6 novembre 2017.

Le nouvel homme fort du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, s'est adressé pour la première fois à ses concitoyens depuis le déclenchement de la crise politique en début de mois. Ce fidèle parmi les fidèles de Robert Mugabe, limogé par ce dernier de la vice-présidence le 6 novembre dernier, a annonçait une nouvelle ère de «démocratie» dans le pays, après les 37 ans de pouvoir de Mugabe.

Un fidèle lieutenant de Mugabe

Mnangagwa a décidé de prononcer son premier discours devant les bureaux de Harare de la ZANU-PF, le parti au pouvoir.

«Les gens ont parlé. La voix du peuple est la voix de Dieu. Aujourd'hui, nous assistons au début d'une nouvelle démocratie qui se déroule. Nous voulons développer notre économie, nous voulons la paix dans notre pays, nous voulons des emplois, des emplois, des emplois. La volonté du peuple sera toujours, toujours couronnée de succès», a déclaré Mnangagwa à ses sympathisants.

Le chef de la puissante faction Lacoste doit être nommé président par intérim ce 24 novembre, alors qu'il a déjà repris le poste de Robert Mugabe au sein de la ZANU-PF. En attendant, le premier défi pour le futur président est qu'il arrive à se défaire de son image de fidèle lieutenant de Mugabe, ce qui explique la multiplication des annonces et promesses sur redémarrage de l'économie et le bien-être des Zimbabwéens.

L'armée tient parole

Le maintien de l'élection présidentielle en 2018 est perçu comme un signal de bonne volonté à l'égard de la communauté internationale dans l'espoir d'obtenir de nouveaux fonds, voire la levée des sanctions qui grèvent l'économie zimbabwéenne depuis le début des années 2000. L'une des premières décisions du nouveau pouvoir a été de confirmer l'immunité promise à Robert Mugabe lors des tractations visant à décrocher sa démission. Un deal qui comporte également le maintien de sa protection et du dispositif sécuritaire autour de sa résidence personnelle.

Le président déchu a par ailleurs fait savoir aux négociateurs qu'il désirait passer le restant de ses jours au Zimbabwe et n'avait aucune intention de quitter le pays. L'armée lui a aussi accordé un «pack retraite» comprenant une pension, un logement, une prise en charge de transport national et international et une assurance maladie.

Fortement affaibli par les récents événements, l'ex-président devrait se rendre prochainement à Singapour où il a pour habitude de se faire soigner. Pour l'heure, rien ne filtre sur la situation de Grace Mugabe, la désormais Première dame.

Le rappel à l'ordre du FMI

Face ces rebondissements politiques, le FMI a vite fait de réagir en rappelant les dangers qui menacent le redémarrage de l'économie zimbabwéenne, notamment le rythme élevé des dépenses publiques, le régime de change jugé intenable ou encore l'absence de réformes économiques. D'ailleurs, le pays est frappé depuis 1999 d'une mesure restrictive auprès des prêteurs internationaux et traîne des arriérés estimés à plus de 106 millions d'euros.

«La situation économique au Zimbabwe reste très difficile. Une action immédiate est essentielle pour ramener le déficit à un niveau durable, accélérer les réformes structurelles et réengager la communauté internationale pour accéder au soutien financier dont elle a tant besoin», rappelle Gene Leon, chef de la mission du FMI pour le Zimbabwe, dans une déclaration à Reuters.

Aujourd'hui, l'institution conditionne la reprise du programme de financement en faveur de Harare au règlement des arriérés de la Banque mondiale, de la BAD, et de la Banque européenne d'investissement, ou encore à la mise en œuvre de solides politiques macroéconomiques et de réformes structurelles pour restaurer la viabilité de la dette.

Amine Ater

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Commentaire 1
à écrit le 27/11/2017 à 5:28
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Le croco, n'a pas ete elu par le procede democratique (rire). Le peuple n'a t-il rien a dire ? Cet homme sera pire que le president dechu.

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