Togo : le président Gnassingbé renvoie l'ascenseur à l'armée et charge l'opposition

En visite vendredi dernier dans l'Ogoua au nord de la capitale Lomé, le chef de l'Etat togolais Faure Gnassingbé n'a pas manqué de rendre hommage à l'armée dans sa gestion de la crise que traverse le pays, tout en rappelant que c'est l'opposition qui est responsable des dégâts causés au cours des manifestations de ces derniers mois.

Même s'il ne tient plus de discours à la nation, l'on commence petit à petit à deviner ce que le chef de l'Etat togolais pense de la crise sociopolitique que traverse son pays depuis le 19 août 2017. Après le discours aux militants de son parti politique, Union pour la République (UNIR), le 28 octobre dernier à Tsévié lors du congrès statutaire, au cours duquel, il a fait allusion à des  «mensonges» à l'encontre de sa personne, Faure Gnassingbé, dans un discours adressé aux Forces armées togolaises (FAT, a semblé répondre à la marque de soutien témoignée à son endroit par ces dernières dans une récente sortie médiatique du chef d'état-major général des FAT, le Général Félix Abalo Kadanga.

Confiance totale dans les forces de défense et de sécurité

En visite dans la préfecture de l'Ogou ce vendredi 10 novembre, le président togolais qui a rencontré les militaires du 3e Régiment d'infanterie (3e RI) du camp militaire de Témédja, a envoyé un vibrant hommage aux FAT. «Aujourd'hui, je suis avec vous pour vous renouveler ma confiance totale. Sous la conduite de vos chefs, j'ai la conviction que vous vous comporterez toujours en soldats responsables face aux provocations et aux menaces de toute sorte», a déclaré Gnassingbé, tout en précisant qu'il compte fermement sur le «courage» et le «sens du devoir» des FAT pour «relever tous les défis» qui leur seront lancés. « Sans faiblesse, nous saurons ensemble répondre à toute menace ou action terroriste qui pourrait toucher notre nation», a-t-il ajouté.

Commandant en chef des armées, le président togolais a par ailleurs rendu hommage aux deux militaires «lynchés et décapités» à Sokodé, lors des manifestations du lundi 16 octobre 2017 par «un groupe d'individus organisés et préparés à cet effet».

« Ils sont allés avec courage, au bout de leur engagement, au service de la paix que nous voulons tous pour notre pays», a déclaré Faure Gnassingbé avant de confirmer que «leurs assassins sont activement recherchés. Et tout sera mis en œuvre pour les retrouver où qu'ils se trouvent, les juger et les châtier conformément aux lois de notre République».

«La lourde responsabilité» de l'opposition


Concernant les responsabilités des dégâts humains et matériels, le président togolais a clairement cité l'opposition :

«Notre pays, le Togo, est actuellement perturbé par des manifestations qui, loin d'être pacifiques comme l'autorise la loi, ont été souvent d'une très grande violence. Ceux et celles qui organisent ces manifestations portent la lourde responsabilité des victimes que les participants ont faites et des dégâts qu'ils ont causés».

Pour illustrer ses propos, PourFaure Gnassingbé a rappelé les tueries des deux militaires, mais aussi les enfants tués à Mango et à Sokodé.
Des propos qui ont provoqué contre le président togolais toutes sortes de réactions sur les réseaux sociaux. Pour l'opposition, il s'agit de propos «irresponsables» qui donnent l'impression qu'il n'est que «président des militaires» et non de tous les Togolais. Les partis de l'opposition iront plus loin en interprétant les mots de Faure Gnassingbé comme une manière de «jeter l'armée aux trousses des manifestants».

«Je n'ai pas compris pourquoi Faure Gnassingbé s'est exprimé de cette façon. Mais ce que je n'ai surtout pas saisi, c'est pourquoi il l'a fait dans cette préfecture dont le chef-lieu est Atakpamé», se demande un professeur d'université sous couvert d'anonymat.

Ayant connu un millier de morts après le coup d'Etat militaire ayant porté Faure Gnassingbé au pouvoir et l'élection fortement contestée en 2005, Atakpamé est une ville très sensible où les relations entre civils et militaires sont les plus tendues dans le pays. Appelant au calme en 2010, Faure Gnassingbé y avait lui-même prononcé un discours à la nation indiquant qu'il ne voudrait «plus jamais ça» dans son pays.

Depuis ce vendredi 10 novembre certains citoyens n'ont pas arrêté de s'inquiéter craignant une escalade de la violence dans les jours à venir, surtout que l'opposition compte organiser de nouvelles marches durant cinq jours à partir du 14 novembre prochain et que les leaders de la coalition prévoient de manifester à Sokodé où les marches des 7, 8 et 9 novembre ont été empêchées par les forces de défense.

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