Libéria : l’inévitable report qui réveille les démons du passé

Il faudra attendre lundi et la décision de la Cour suprême pour savoir si les libériens iront aux urnes le mardi prochain pour le second tour de l'élection présidentielle. Ce vendredi, la Cour suprême a décidé de renvoyer son verdict à la veille du scrutin amplifiant la probabilité d’un inévitable report qui fait craindre des tensions politiques dans le pays.
Le second tour entre Georges Weah (à gauche) et Joseph Boakai (à droite) aura-t-il bien lieu mardi prochain ? Rien n'est moins sûr désormais...

C'est une drôle de situation pour les libériens qui attendent désormais le lundi pour savoir s'ils iront aux urnes le lendemain mardi 7 novembre prochain pour élire le successeur de Ellen Johnson-Sirleaf. Ce vendredi après l'audience consacrée à l'audition de l'avocat de la Commission électorale nationale (NEC) et la défense du Parti des Libertés qui conteste les résultats du premier tour, la Cour Suprême a décidé de renvoyer son délibéré à lundi prochain.

Le pays reste donc suspendu à la décision de la Cour mais déjà, ce suspens prolongé ne fait qu' amplifier les craintes d'un inévitable report que même la NEC semble désormais envisager comme plus que probable.

L'avocat de la NEC Alexander Zoe s'est certes montré confiant sur les arguments qu'il a développé devant les cinq juges de la Cour et à plaider pour un rejet de la requête introduite par le candidat du Parti de la liberté, Charles Brumnskine visant à suspendre le second tour en attendant les conclusions de l'enquête sur les résultats du premier tour. Cependant, face à la presse, le président de la NEC Jerome Korkoya s'est montré assez sceptique sur l'éventualité de la tenue du scrutin le mardi prochain.

Le suspens reste entier donc et les libériens vont devoir attendre avant de pouvoir choisir leur président entre George Weah, candidat de la Coalition pour le changement démocratique (CDC) arrivé premier lors du premier tour du 10 octobre prochain avec 39% des voix  et son challenger Joseph Boakai du Parti de l'unité, arrivé deuxième avec 29% des voix. Arrivé troisième Charles Brumskine, a introduit un requête au niveau de la Cour suprême estimant que nombreuses irrégularités ont entaché le premier tour du scrutin et accusant la commission électorale d'avoir laissé faire, c'est-à-dire favoriser la fraude.

En accédant à la requête du candidat contestataire, la Cour risque d'ouvrir en effet une période d'instabilité et d'incertitude car cela revient à confirmer la fraude électorale et donc les résultats du premier tour au risque de devoir reprendre le processus. Un scénario presque à la kenyane puisqu'en plus de contester les résultats du scrutin,  Brumskine demande également le changement des membres de la NEC.

Risques de tensions politiques

La tournure que prend le processus électoral amplifie déjà les tensions dans le pays qui a connut des décennies d'instabilité politique et de guerre civile et le scénario d'une première passation pacifique du pouvoir au Libéria s'éloigne de plus en plus. La tension est assez perceptible au sein des différents états-majors des partis engagés dans la course comme en font largement cas les médias locaux et la crainte s'est même étendu au delà de la sous région.

Comme il est mieux de prévenir que de guérir, l'UA et la CEDEAO ont déjà envoyé des médiateurs sur place qui continuent les concertations avec les responsables politiques afin que le pays traverse cette épreuve critique sans trop de casse. Avec un vote déjà très sectaire dans lequel les considérations ethniques ou tribales sont des facteurs déterminants, les démons du passé commencent à resurgir dans ce petit-pays d'Afrique de l'Ouest qui n'a pas encore fini de se relever de son histoire politique mouvementée.

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