Togo : dans une sortie contradictoire, le gouvernement nie l'existence de milices dans les manifestations

Les autorités togolaises ont réagi ce jeudi 26 octobre 2017 aux sorties des porte-paroles des gouvernements français et américain. Dans un communiqué, les ministres togolais de la Sécurité et de l'Administration territoriale rejettent les allégations portant sur l'intervention de milices du pouvoir lors des dernières manifestations qu'a connues le pays.
Les manifestations de rue au Togo des 18 et 19 octobre 2017 contre le gouvernement ont été particulièrement violentes, comme ici à Lomé. (Capture d'écran vidéo).

Le gouvernement togolais n'a pas fait durer le suspense après les réactions des porte-paroles des gouvernements français et américain. Dans un communiqué du ministère de la Sécurité et de la protection civile, signé par le ministre de l'Administration territoriale et transmis à la presse ce jeudi 26 octobre dans la soirée, le gouvernement togolais a rejeté toutes les informations faisant état de l'intervention de milices encadrées par le pouvoir lors des manifestations de l'opposition des 18 et 19 octobre. «Se référant aux accusations portées par les partis politiques de l'opposition, différentes déclarations font état de la présence de civils armés agissant aux côtés des forces de défenses et de sécurité, les assimilant à des milices privées», a d'abord introduit le communiqué.

«Ces accusations ont bien sûr pour seul objectif de déconsidérer le gouvernement et de pousser leurs partisans à des affrontements violents avec le reste de la population et créer ainsi un profond désordre dans notre pays. Le ministre de la Sécurité et de la protection civile les rejette avec la plus grande fermeté », rapporte le document.

Les autorités et contre toute attente ont enchaîné en évoquant des individus ou groupes organisés qui font circuler sur les réseaux sociaux, des appels à la vengeance et aux règlements de compte, pour  réprimer les «actes de violence menés par le Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam contre ses adversaires politiques»'.

Pourtant, cette position du gouvernement togolais relève presque d'une contradiction. Dans de récentes interventions, le ministre togolais de la Sécurité, le colonel Damehane Yark, avait reconnu l'existence de jeunes cagoulés, armés et en civil lors des manifestations. Le ministre avait expliqué qu'il s'agissait de membres des forces de la sécurité faisant partie de l'opération «Entonnoir» (anti-carburant frelaté) qui tentaient plutôt d'éviter que des jeunes manifestants ne commettent des actes d'incendies.

Les autorités étaient même allées jusqu'à insinuer qu'il s'agirait aussi de groupes d'auto-défense qui voulaient protéger leurs quartiers. Le président du groupe parlementaire du parti au pouvoir, Christophe Tchao, a quant à lui déclaré ne pas connaître les milices, mais plutôt des «jeunes» du parti présidentiel UNIR, qui «sont obligés d'agir» face aux affrontements.

Polémique sur le fond et sur la forme

L'intervention des autorités togolaises n'a pas mieux fait que de susciter des moqueries de tout genre sur la Toile. «Le gouvernement a perdu les repères. Ils sont troublés et ne savent plus à quel saint se vouer», commente un jeune internaute. Allusion faite à la forme du communiqué du gouvernement. Celui-ci non seulement est signé par Payadowa Boukpessi, ministre de l'Administration territoriale -au lien du ministre de la Sécurité, mais pose aussi un problème sur sa date, puisqu'il a été signé le 26 septembre 2017, soit un mois plutôt. Une erreur que beaucoup n'arrivent pas à concevoir, vu qu'il s'agit d'un document officiel.

«Le communiqué porte le seau de la République et a dû passer d'un ministère à un autre avant d'être signé. Et personne n'a pu voir qu'il y avait un problème concernant sa date», réagit un fonctionnaire sur les réseaux sociaux. Des moqueries et des indignations ici et là continuent sur la Toile et ne cesseraient peut-être pas de sitôt.

En effet, plusieurs internautes ont vite fait le lien avec le Tweet erroné que le ministre des Affaires étrangères, le professeur Robert Dussey, avait lui aussi partagé en début de semaine pour condamner son homologue gambien qui suggérait la démission du chef de l'Etat togolais Faure Gnassingbé. «La demande de mission du président Faure Gnassingbé par mon homologue de la Gambie est inacceptable et irresponsable», avait écrit le chef de la diplomatie togolais, voulant probablement parler de «demande de démission», au lieu de mission...

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