Togo : l'opposition rejette catégoriquement le référendum

Au Togo, l'opposition radicale constituée en une coalition et d'une voix quasiment unique rejette catégoriquement le référendum auquel se prépare le gouvernement. Pour ces partis politiques, il s'agit d'un acte qui n'a aucun sens et que le peuple doit à tout prix éviter pour essayer de «régler le problème togolais autrement».
Manifestations dans les rues de la capitale togolaise Lomé, le 20 septembre 2017, appelant au retour à la Constitution originelle de 1992.

Censé être selon le gouvernement la voie «royale» pour les réformes qu'il a enclenchées, le référendum ne fait aucun consensus au Togo. Après les manifestations des 4 et 5 octobre, certains leaders de l'opposition ont pu s'exprimer sur la question du référendum auquel le gouvernement se prépare après avoir obtenu les deux tiers au parlement.

La coalition reste radicale

Les quatorze partis politiques réunis au sein de la coalition qui met la pression sur le gouvernement sont formels sur la question : pas de référendum ! Invité ce dimanche 8 octobre à la rédaction d'une radio locale, l'ancien Premier ministre de Faure Gnassingbé, Me Yawovi Agboyibo, du Comité d'action pour le renouveau (CAR), n'a pas laissé planer de doute en rejetant toute idée du référendum qu'il considère comme «suicidaire» au peuple.

Réagissant à l'appel lancé par la communauté africaine, considéré comme «ambiguë», l'homme politique togolais à expliquer qu'il leur (l'opposition) appartient «de faire entendre à notre peuple et à la Communauté internationale que ce référendum n'a aucun sens, et que nous devons tout faire pour l'éviter et régler le problème togolais autrement».

Selon Me Agboyibo, la classe politique doit prendre la position de la Communauté internationale avec beaucoup de discernement pour ne pas tomber dans la désillusion. «Il faut plutôt venir à l'esprit que c'est au peuple qu'appartient le dernier mot», a-t-il ajouté. L'ancien Premier ministre est allé plus loin dans ses explications, accusant même le pouvoir d'avoir «assassiné» la IVe République en 2002 et a appelé ses pairs à associer le dialogue annoncé à la pression de la rue.

«Les Togolais ont compris en 1992 que le pouvoir est bénéfique à tout le monde. Et pour l'exprimer ils ont déjà le 5 octobre 1990 manifesté leur ras-le-bol et comme succès, ils sont parvenus à plébisciter la Constitution de 1992 avec plus de 97%... L'Union européenne en nous faisant signer l'APG et en prenant les 22 engagements, son souci majeur, c'est de déverrouiller les institutions au Togo », a souligné Me Agboyibo.

La position du CAR est bien celle de toute la coalition de l'opposition. Ce matin, Dr Kperkouma Wala, secrétaire général de l'Alliance démocratique pour le développement intégral (ADDI) du professeur Aimé Gogué, membre de la coalition, a publié sur les réseaux sociaux un message sans équivoque sur la question. «Peuple togolais, le projet de loi voté par les députés Unir, une supercherie politico-juridique. L'article 158 amendé rétablit le statuquo. Restons vigilants, mobilisés et déterminés ! Seule la lutte libère !», peut-on y lire.

L'opposition modérée rejette et nuance

Si les quatorze partis de la coalition s'accordent à dire qu'il faut éviter le référendum et continuer la pression tout en dialoguant, le parti Organisation pour bâtir dans l'union un Togo solidaire (OBUTS) de l'ancien Premier ministre de feu Gnassingbé Eyadema, Gabriel Messan Agbeyomé, tout en expliquant que le référendum n'est pas approprié, apporte une nuance.

Dans un communiqué transmis à la presse le vendredi 6 octobre, OBUTS qui salue la volonté et la mobilisation de la communauté internationale africaine, «estime que la consultation envisagée du corps électoral par voie référendaire bien que pertinente, méconnaît cependant, l'exception que constitue le contexte politique fortement tendu que traverse actuellement notre pays». Selon le parti de celui qui fut aussi président de l'Assemblée nationale, appelle le chef de l'Etat Faure Gnassingbé à demander au Parlement une seconde lecture du texte gouvernemental portant projet de loi relatif aux réformes constitutionnelles en vue de son adoption par les députés.

«La formation politique OBUTS demande en conséquence à la majorité parlementaire animée par le seul souci de l'intérêt général, de concéder à l'opposition parlementaire l'exercice des prérogatives parlementaires qui lui sont ouvertes, conformément aux dispositions prévues par le règlement intérieur de l'Assemblée nationale, en accueillant favorablement l'incorporation au projet de loi originel, de tous les amendements adéquats à portée réaliste », souligne le communiqué.

Un point de vue que l'on voit d'un mauvais œil dans le camp de la coalition. Sur la toile, plusieurs jeunes se sont empressés de demander au leader de l'OBUTS ce qu'il entendait par «des amendements à portée réaliste».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.