Tanzanie : touchant 4 fois moins que son prédécesseur, le président Magufuli dévoile son salaire

Depuis l’accession au pouvoir de John Magufuli, la Tanzanie vibre au rythme d’une profonde réforme dans la gestion de la chose publique. En imposant une coupe sur la paie de la fonction publique, le locataire de la State House de Dar es-Salam y avait soumis son salaire de président dont il a révélé le montant à la télévision mardi : 4 000 dollars par mois, soit quatre fois moins que son prédécesseur.
Ristel Tchounand

« Mon salaire est de neuf millions de shillings tanzaniens (environ 4 000 dollars). Je n'ai pas augmenté mon salaire et je ne l'augmenterai pas, parce que mon obligation est de servir les Tanzaniens d'abord. Les citoyens sont fatigués du vol d'argent », a déclaré John Magufuli lors d'une sortie médiatique mardi 3 octobre devant des responsables gouvernementaux et retransmise à la télévision nationale.

¼ du salaire de Kikwete

L'info fait la Une en Tanzanie et dans les sous-régions Est et Australe du Continent. Et pour cause, le salaire de l'actuel président tanzanien est quatre fois moins élevé que son prédécesseur Jakaya Kikwete. Ce dernier a dirigé pays pendant près de 10 ans et était connu comme l'un des présidents africains au salaire élevé avec, selon les estimations réalisées en juillet 2015 du journal kenyan Africa Review, 192 000 dollars par an, soit un peu plus de 15 000 dollars par mois.

Rappelant que son objectif d'assainir la gestion de la chose publique en passant notamment par la réduction des dépenses de l'Etat et la lutte contre la corruption, le locataire de la State House de Dar es Salam a lancé une pique à ses détracteurs :

« Certains membres du conseil d'administration des organismes publics avaient l'habitude de se rendre à Dubaï pour tenir leurs réunions, afin de pouvoir se payer d'importantes indemnités journalières. Ils n'aiment certainement pas ce que mon gouvernement fait actuellement »

Salaire « modeste »

Arrivée au pouvoir le 5 novembre 2015, John Magufuli, 57 ans, a fait de la gestion des biens publics dans la transparence son fer de lance. Depuis, celui que l'on surnomme le « Bulldozer » -pour son engagement dans la construction des routes au temps où il était ministre des Travaux publics- ne lésine pas sur les décisions radicales. Son mot d'ordre : « restructuration », et ce, à tous les niveaux de l'administration. Entre la radiation de 10 000 personnes de la fonction publique pour faux diplômes, la refonte de la compagnie aérienne nationale, l'examen scrupuleux des contrats miniers pour déterminer le niveau de profitabilité pour l'Etat tanzanien, et bien d'autres mesures, Magufuli est en train de bousculer le système. Des efforts qui lui attirent du financement pour les mégas projets sectoriels comme, entre autres, les récents 450 millions de dollars du Royaume-Uni ou encore les 346 millions de dollars de la Fondation Bill & Melinda Gates.

Comparés à certains de ses pairs africains, John Magufuli peut se targuer d'avoir un salaire beaucoup plus « modeste ». Il gagnerait en effet presque trois moins de que son voisin kenyan Uhuru Kenyatta, trois fois moins que Robert Mugabe du Zimbabwe (qui avec 12 000 dollars de salaire mensuel s'était plaint de son niveau insuffisant), 3,5 fois moins qu'Abdelaziz Bouteflika d'Algérie, près de 5 fois moins que Jacob Zuma d'Afrique qui, avec plus de 19 000 dollars de salaire mensuel est le chef d'Etat le mieux rémunéré sur le Continent.

Sur les traces de Buhari...

Avec sa politique salariale, John Magufuli s'inscrit dans le cercle très restreint des présidents africains ayant réduit leur salaire. Le dernier en date était Muhammadu Buhari. Alors que le Nigeria baignait déjà dans une crise économique sans précédent suite à la dégringolade des cours du pétrole, le président de la République, alors nouvellement élu, décidait en juillet 2015 de réduire de 50%¨son salaire mensuel par rapport à son prédécesseur Goodluck Jonathan. Depuis, aucun changement. Buhari perçoit l'équivalent d'environ 70 000 dollars par an, soit près de 7 800 dollars par mois. Toutefois, il reste bien au-dessus de Magufuli.

Ristel Tchounand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 07/10/2017 à 16:00
Signaler
C'est un bel exemple d'un homme qui veut servir son pays et non pas se remplir les poches et les poches de sa famille. Bravo ! Voilà un des dirigeants africains dont nous sommes fiers ! Mais attention, il faut qu'il soit vigilant pour rester en vie e...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.