L’Afrique du Sud va-t-elle arrêter Grace Mugabe, l’épouse du président zimbabwéen ?

Entre le marteau de la diplomatie et l’enclume de l’indépendance de la justice, la marge de manœuvre des autorités de Pretoria est bien étroite. Dans une sombre affaire d’agression, le Zimbabwe joue la carte de l’immunité diplomatique pour tirer d’affaire Grace Mugabe, l’épouse de Robert Mugabe. Mais la justice sud-africaine a déployé tout son zèle pour dénier le caractère diplomatique de cette affaire et souhaite que la First Lady réponde aux accusations. L’Afrique du Sud ira-t-elle jusqu’à arrêter la Première Dame du Zimbabwe ?
Ibrahima Bayo Jr.

La perspective pourrait déclencher une crise diplomatique entre Pretoria et Harare. En séjour médical à Johannesburg, Grace Mugabe, l'épouse de Robert Mugabe est sous le coup d'une accusation d'agression sur une jeune femme mannequin de profession.

La justice sud-africaine veut que Grace Mugabe réponde aux accusations

Une affaire qui embarrasse les autorités sud-africaines depuis que la justice a demandé à ce que la Première Dame du Zimbabwe réponde aux allégations des victimes présumées. Encore présente sur le sol sud-africain, Grace Mugabe n'a pas été inquiétée. Mais la police sud-africaine qui avait été saisie d'une plainte après l'agression ne décolère pas.

« Les citoyens étrangers doivent comprendre qu'ils ont des responsabilités, surtout ceux qui ont des passeports diplomatiques. Je ne peux pas me rendre au Zimbabwe, tabasser quelqu'un et attendre que l'affaire disparaisse », s'étouffe Fikile Mbalula, le ministre sud-africain de la Police.

En séjour à Johannesburg pour soigner une blessure au pied, Grace Mugabe séjournait au 20 West Hotel, un palace situé dans le quartier huppé de Sandton. En compagnie de ses amis, Gabriella Engels, un mannequin de 20 ans, se trouvait dans la chambre mitoyenne à celle de la Première Dame. La suite de l'histoire qui s'est déroulé dimanche dernier est assez confuse.

« On était tranquillement dans notre chambre et elle est arrivée pour nous frapper », a raconté la jeune femme au quotidien sud-africain The Times. A la recherche de ses enfants qu'elle pensait trouver dans la chambre de Gabrielle Engels, Grace Mugabe aurait agressé deux d'entre elles en leur assénant des coups à l'aide d'une rallonge électrique.

Immunité de Grace Mugabe contre embarras de Pretoria

Sur une photo partagée sur les réseaux sociaux, Gabriella Engels montre une entaille au front, stigmate selon elle de l'agression présumée. « Je suis mannequin. Avec une cicatrice sur le visage, ma carrière est terminée », avait souligné la jeune femme dans son témoignage après une plainte déposée lundi dernier.

Après avoir observé un mutisme au début de l'affaire, les autorités sud-africaines ont réagi après un zèle de la justice. « L'agression présumée ne peut en aucun cas relever d'une affaire diplomatique. Cette femme n'était pas en Afrique du Sud pour une réunion bilatérale avec le gouvernement d'Afrique du Sud. Elle était ici en visite privée », a expliqué mardi, Clayson Monyela, le porte-parole du ministère des affaires étrangères.

Hier mercredi, le Zimbabwe a opposé l'immunité diplomatique de la Première Dame afin qu'elle ne soit arrêtée ou entendu par la police sud-africaine. Selon plusieurs sources policières, Grace Mugabe ne voyageait même pas avec un passeport diplomatique, ce qui laisse entendre qu'elle pourrait faire l'objet d'une convocation.

Cette affaire ne devrait pourrait aller loin. Les autorités sud-africaines doivent décider si elles vont laisser la Première Dame du Zimbabwe rentrer chez elle et préserver leurs relations sans nuage avec Harare. Pretoria pourrait aussi décider de laisser la justice faire son œuvre, ce qui déclencherait une crise entre les deux capitales. La perspective semble lointaine. Selon plusieurs sources, des négociations sont en cours pour tenter de régler cette affaire à l'amiable.

Ibrahima Bayo Jr.

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