Kenya : pupitre présidentiel vide lors du débat télévisé entre Raila Odinga et Uhuru Kenyatta

Avec un pupitre présidentiel vide, la retransmission n’avait de débat que le nom. Raila Ondinga s’est présenté devant les journalistes pour le débat des candidats avant la présidentielle du 8 août prochain, sans débatteur en face de lui. Uhuru Kenyatta, le président sortant, candidat à sa succession, a préféré bouder la rencontre télévisée face à son rival qui en a profité pour lui porter quelques coups de griffes.
Ibrahima Bayo Jr.
Raila Odinga, lors du débat présidentiel organisé le 24 juillet sur le plateau de la chaîne NTV et auquel le président sortant et rival d'Odinga, Uhuru Kenyatta n'a pas assisté.

Un monologue de 90 minutes ! C'est le résumé du débat présidentiel sur la chaîne kenyane NTV. Les deux journalistes ont dû composer avec l'absence du président sortant, Uhuru Kenyatta, qui a laissé plané le doute sur sa présence avant de préférer ne pas se présenter pour débattre avec son principal rival, Raila Odinga.

Une heure et demie de gloire

Pour ce vétéran de 72 ans qui avait déjà perdu trois fois une présidentielle, l'absence de celui que tout le monde attendait sur le plateau de la NTV était du pain béni. Dans son quatrième rallye pour le State House, le palais présidentiel, le leader de la Super alliance nationale (NASA, sigle en anglais) a donc profité de son heure et demie de gloire pour dérouler son programme et porter quelques griffes à Uhuru Kenyatta.

Alors que les sondages annoncent un scrutin serré dans le duel avec Uhuru Kenyatta qui avait pris l'avantage en 2013, Raila Odinga a surfé sur son bilan de dernier Premier ministre du Kenya -la fonction a été ensuite supprimée- et sur les problématiques sécuritaires en promettant de rapatrier les troupes kényanes déployées en Somalie pour sécuriser son pays.

Les coups de griffes d'Odinga a son rival

Dans la seconde partie de son intervention, Raila Odinga s'est fait compteur du premier quinquennat du président sortant dont il a fustigé les scandales de corruption et la hausse du coût de la vie qui auraient émaillé la gouvernance de ce dernier.

A coup sûr, l'exercice télévisé a fait remonter la cote de popularité de Raila Odinga. L'absence inexpliquée du président lors de ce débat a pu être interprétée comme une prudence présidentielle de ne pas trop exposer son bilan et d'orienter le débat sur la critique du quinquennat Kenyatta. D'un autre côté, le faux bond présidentiel se perçoit comme une trop grande assurance d'Uhuru Kenyatta, le 8 août prochain alors qu'il est presque au coude-à-coude avec son rival.

Dix ans après les violences post-électorales qui ont fait 1 100 morts, c'est là que se joue l'avenir de cette présidentielle. Raila Odinga, dont la contestation des résultats de la présidentielle de 2007 avait entraîné la crise en 2007, indique que cette fois-ci, il accepterait le verdict des urnes s'il perd l'élection, à condition toutefois que les résultats soient «crédibles et transparents». Aveu avant l'heure ou simple stratégie pour grappiller des voix ?

Ibrahima Bayo Jr.

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