Sommet Israël-Afrique  : des voix s'élèvent pour dénoncer la normalisation avec l'Etat hébreu

Par Emmanuel Atcha  |   |  492  mots
Le président togolais Faure Gnassingbe et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, lors d'une rencontre, le 10 août dernier dans l'Etat hébreu.
Alors que Lomé est en pleins préparatifs du prochain sommet Israël-Afrique, plusieurs voix s'élèvent dans les pays musulmans et notamment d'Afrique, pour dénoncer cet événement, avec la forte promesse de le boycotter.

Le prochain sommet Israël-Afrique se tiendra du 24 au 26 octobre prochain dans la capitale togolaise, Lomé. Si ce rendez-vous a son importance pour l'Etat hébreu, il ne serait pas vu du même œil par les pays musulmans d'Afrique et leurs partenaires du Golfe. La contestation est allée si loin que l'Arabie Saoudite a exigé «des explications» du Togo.

A en croire La Lettre du Continent de ce mercredi 12 juillet, le chargé d'Affaires du Togo à Ryad a été convoqué par le ministre saoudien des Affaires étrangères pour une «demande d'explications». L'Etat saoudien n'apprécie pas le retour d'Israël en Afrique et craint qu'il n'impacte la position des pays africains qui votent souvent contre l'Etat juif au sein des institutions internationales.

De son côté, Lomé persiste et signe : les préparatifs vont bon train, avec des allers-retours diplomatiques à travers les capitales africaines et des séances de travail marathoniennes. Mais difficile de dire que le Togo n'est pas au courant de la situation.

Tensions diplomatiques

Les relations entre la plupart des pays musulmans d'Afrique et Israël n'ont jamais été normalisées depuis la Guerre de Kippour en 1973. Jusqu'à aujourd'hui, 12 pays africains ne reconnaissent pas Israël et ne seraient pas près de le faire. D'après  La Lettre du Continent, les dirigeants de certains pays comme le Gabon, le Mali, la Mauritanie et le Niger ne devraient pas être présents au sommet. La même source précise d'ailleurs que plusieurs pays membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) se seraient plaints auprès de l'Union africaine (UA). Ils souhaiteraient des représailles envers le Togo et voudraient voir une annulation pure et simple du sommet. Au dernier sommet de la CEDEAO, le Togo a pu constater de près la tension palpable entre Tel-Aviv et ces pays. De plus, et alors que le Sénégal avait signé pour une résolution contre Israël, le Maroc lui avait tout simplement décliné son invitation à Monrovia à cause de la présence de responsables israéliens au sommet de la CEDEAO.

Des relations qui ne datent pas d'hier

Si le Togo persiste dans sa décision d'organiser le sommet, c'est parce qu'il entretient avec Israël de bonnes relations, depuis l'époque de Eyadema Gnassingbé, le prédécesseur de l'actuel président Faure Gnassingbé. Avec de gros achats portant sur du matériel de sécurité à hauteur de 191 millions de dollars, le Togo est le second partenaire commercial de l'Etat hébreu sur le Continent,  après l'Afrique du Sud.

Toutefois, l'organisation du prochain sommet ne trouve pas unanimité au sein de l'opinion togolaise ou parmi l'élite politique du pays : «C'est imprudent, car on se positionne dans un conflit qui n'est pas le nôtre, sans intérêt stratégique plus profond qu'une simple question de visibilité. Le Togo risque de devenir une cible», dénonce un ancien ministre togolais.