Au Mali, l'opposition s'organise pour contrer la révision de la constitution

Les contestataires du projet de révision constitutionnelle introduit par le pouvoir de Bamako viennent de se constituer en une plateforme d'opposants pour optimiser leur combat. Tentant d'empêcher la tenue même du référendum sur la question ou d'appeler le peuple a voté «non», le mouvement «anti-révision» ne cesse de prendre de l'ampleur
S'il est adopté, le projet de révision donnera au président IBK le pouvoir de désigner un tiers des membres du Sénat.

L'opposition au président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK) ne compte pas baisser les bras face au projet de révision constitutionnelle introduit par le gouvernement. Alors que la contestation commence à prendre de l'ampleur, une plateforme d'opposants a été mise sur pied ce week-end. Pour ses initiateurs, le but est d'augmenter les chances de réussite de la contestation en mutualisant les forces en front commun. Elle est constituée des partis traditionnels de l'opposition et aussi de la majorité parlementaire, des élus du peuple, des organisations de la société civile et des artistes. Ensemble, ces acteurs opposés à la révision du texte fondamental du Mali ont essayé de prévoir une stratégie pour les trois semaines précédant le référendum.

Deux options pour la lutte

En se mettant ensemble, les contestataires à la révision constitutionnelle ont fait face à deux prises de position : une première qui refuse d'accorder une quelconque confiance au gouvernement pour organiser le référendum en respectant les règles démocratiques. Alhousseini Abba Maïga, vice-président du parti Forces alternatives pour le renouveau et l'émergence (Fare «An Ka Wuli»), est de ceux-là. Pour lui, il le projet doit purement et simplement être retiré du circuit législatif. «Difficile de faire confiance à un régime qui propose un projet de ce genre-là dans un contexte aussi difficile», confie-t-il au micro de nos confrères de RFI. La même préoccupation est affichée par le chef de file de l'opposition, Soumaïla Cissé, qui estime que le référendum n'est pas organisé dans de bonnes conditions. «Notre Constitution actuelle stipule qu'un référendum ne peut être organisé s'il porte atteinte à l'intégrité du territoire. Or cela est aujourd'hui le cas dans plusieurs zones du pays», dénonce-t-il.

Mais plusieurs voix estiment aussi qu'il faut accepter le référendum et appeler au non.  «Dans les discussions, il y a une frange très importante qui demande purement et simplement le retrait de ce projet. Il y a une partie qui demande que nous sensibilisions la population, que nous sensibilisions nos concitoyens pour voter contre ce projet», a ajouté Alhousseini Abba Maïga. Une option à laquelle croit Me Tapo Abdoulaye Garba, député, ancien ministre malien de Justice et avocat.

Celui-ci pense en effet que le vote du «non» ne sera pas chose compliquée, puisqu'à son avis, c'est bien une question qui dépasse les clivages politiciens. «Cela ne devrait vraiment pas poser de difficultés. Ce n'est pas une question de partis politiques. Ce n'est pas une question de société civile. Vraiment, c'est le pays qui est en danger. Donc, je pense que les gens auront le réflexe citoyen qu'il faut pour vraiment surmonter leurs petites divergences ou bien les questions de personnes», déclare l'ancien membre de gouvernement.

Pour lui comme pour le reste des «anti-révision», il faudra utiliser tous les moyens qu'offrent les lois du pays (recours en justice, manifestations, campagne d'information,...) pour soit obtenir le retrait du projet, soit faire triompher le «non», le jour du référendum.

Les pouvoirs de IBK renforcés ?

Cette forte mobilisation de l'opposition contre le projet de révision constitutionnelle est animée en filigrane par une accusation portée contre le chef de l'Etat malien. Les «anti-révision» soupçonnent  une tentative de IBK de vouloir «renforcer les pouvoirs du président» et son contrôle sur le pays. «Ce texte ne fait que renforcer les pouvoirs du président de la République», s'insurge Soumaïla Cissé, leader de l'opposition.

Le projet à polémique apporte une nouveauté  avec la création d'un Sénat, dont un tiers des membres est nommé par le chef de l'Etat. Il confère à IBK la nomination du président de la Cour constitutionnelle et interdit aux députés le changement de parti en plein mandat.

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