Cela devait être un banal sondage comme en lancent tous les médias. Mais la série de sondages lancée par la Radio Top Congo, l'une des plus écoutées de RDC, s'est mue en une virulente polémique sur les réseaux sociaux notamment sur la plateforme Twitter. Et pour cause, tout de suite après le lancement de sondages sur l'éventualité d'un référendum, une campagne apparue sur la plateforme de 140 caractères, invite les Congolais à bloquer la page de la radio et à publier la capture d'écran du blocage.
Des questions sondagières jugées "tendancieuses et inopportunes"
Tout commence le 05 juin dernier lorsque la rédaction de Top Congo décide de lancer un sondage en posant la question : « Pensez-vous qu'il faut pour certains sujets organiser un référendum en RDC ? ». Non, répondent à 82% les 1400 répondants. Il s'en suivi d'autres sondages toujours sur le thème du référendum ; Ici, il est demandé « En cas de référendum, quelle éventualité ne devrait absolument pas figurer ? ».
Des questions posées par la radio dans le débat public à près de 3500 sondés via son standard et son compte Twitter. Mais ces questions sont jugées comme tendancieuses et inopportunes au vu du contexte politique actuel. Pour revenir à ce contexte, en violation de l'accord de la Saint-Sylvestre, Joseph Kabila avait fini par choisir Bruno Tshibala comme premier ministre en remplacement de l'éphémère (4 mois et 21 jours) Samy Badibanga.
Tous les deux dissidents de l'UDPS, ils ont été tour à tour nommés selon un accord signé le 31 décembre 2016. Ce dernier est destiné à régler la crise politique née du refus de Joseph Kabila de quitter le pouvoir après l'expiration de son second et dernier mandat. Depuis, les augures prêtent au président la volonté de faire réviser par référendum la constitution pour se maintenir au pouvoir.
C'est dans ce contexte que Radio Top-Congo a initié la série de sondages sur cette révision constitutionnelle. Il n'en fallait pas plus pour que le jeune politicien engagé, Ted Beleshayi, proche de l'UDPS initie une campagne pour faire boycotter Top-Congo, accusée de « faire le jeu du pouvoir ». En quelques jours, le nombre de followers de la page fond.
Un sondage à la croisée du militantisme et de la liberté de presse
« Notre appel au boycott de la Radio Top Congo FM qui est une radio très suivie à Kinshasa a été lancé pour signifier à Top-Congo notre désapprobation de ses sondages qui font état de l'éventualité d'un référendum pendant cette période de transition, chose du reste contraire à l'accord de la CENCO auquel tout le peuple congolais tient et que la résolution 2348 conseil de sécurité renforce », explique Ted Beleshayi contacté par La Tribune Afrique.
Selon lui, l'interdiction constitutionnelle de toucher à « la forme républicaine de l'Etat » et au « nombre de mandats présidentiels », doit être respectée. « Nous ne permettrons plus à quiconque de remettre le débat sur l'éventualité d'un référendum pendant cette période de transition sur la place publique, nous devons nous concentrer sur les élections présidentielles, législatives nationales et provinciales conformément à l'accord », rappelle Ted Beleshayi.
En face, Christian Lusakueno, le patron de la radio Top-Congo, estime que cette campagne est d'« une origine tendancieuse ».
« Les personnes qui ont organisé cette campagne n'ont peut-être jamais écouté notre radio. Nous organisons régulièrement des sondages et des émissions qui posent les questions du débat politique. Nous en sommes à la 136ème émission et avons organisé près de 60 sondages sur des sujets divers », réplique le patron de la radio. Quid des suites réservées à cette campagne massive de boycott ? « Nous souhaitons répondre par le silence pour ne pas faire plus de publicité à ces gens. Nous ne ferons rien », finit-il par se résigner.
En tout cas pour l'heure, les internautes restent partagés sur la conduite à tenir. Certains ont massivement suivi l'appel de Ted Beleshayi au point et bloquer la page de la rédaction de Top Congo. Sans forcément être d'accord avec le thème des sondages, d'autres estiment que le blocage serait une « grave atteinte à la liberté d'expression et de presse ». Toujours est-il qu'aux dernières vérifications la page de la Radio affiche 27.000 followers au compteur. Mais la polémique ne s'essouffle pas et donne même lieu à des joutes verbales entre internautes. Tout ça pour un sondage !
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