Accusation de déstabilisation du Burundi : la fébrile défense de l’Union européenne

La riposte aura pris du temps mais l’UE a enfin réagi. Deux jours après les accusations du Burundi qui voit la main de l’Union européenne (UE) dans une déstabilisation du pays via la participation et le financement des personnalités dans la tentative de coup d’Etat contre Pierre Nkurunziza. « Faux ! », rétorque l’organisation européenne qui se retranche derrière une mauvaise interprétation de Bujumbura de son programme de soutien à la démocratie. Mais est-ce suffisant pour convaincre ? Rien n’est moins sûr.
Ibrahima Bayo Jr.

Coup pour coup. L'UE répond au communiqué au vitriol du gouvernement burundais qui affirmait détenir des preuves de son implication présumée dans une tentative de déstabilisation du pays notamment un changement de régime.

L'UE dénonce de "fausses accusations"

« L'Union européenne récuse les fausses accusations de volonté de déstabilisation du Burundi », réplique, dans un communiqué, la Délégation de l'Union européenne en accord avec les Chefs de Mission européens dans le pays. Toujours selon ce démenti formel et officiel, les accusations de Bujumbura prennent source dans « une interprétation volontairement erronée d'un programme de soutien aux défenseurs des droits de l'homme ».

En clair, Bruxelles renverse l'accusation contre Bujumbura en lui reprochant de ne pas comprendre son programme « Protecteurs des défenseurs ». Ce dernier offre une assistance permanente aux activistes des droits de l'Homme et même des « subventions d'urgence qui permettent aux défenseurs des droits de l'homme d'avoir accès à des mesures de sécurité urgentes et de les mettre en place afin de se protéger eux-mêmes, ainsi que leur famille et leur travail ».

Pour la représentation diplomatique européenne au Burundi, c'est donc via ce canal officiel connu des autorités que l'UE a apporté des aides à des activistes en difficulté. « La politique extérieure de l'UE est fondée sur la promotion des droits de l'homme à travers le monde, et la protection de leurs défenseurs », argue encore la délégation de l'UE au Burundi.

Bujumbura voit des "financements de la discorde"

Mais, plus que cette aide technique et cette protection physique, Bujumbura crie à ce qui pourrait être interprété comme des  « financements de la discorde » dans la « tentative de déstabilisation » supposée. Après l'insurrection populaire de 2015 née de la volonté de Pierre Nkurunziza de se maintenir au pouvoir en violation de la constitution, le général Godefroid Niyombare a échoué à déposer le président burundais.

Il s'en est suivi une répression sanglante de manifestants, d'opposants et d'insurgés ayant participé à la tentative de coup d'Etat dont certains ont pu sortir du pays. Selon Bujumbura, cette exfiltration se serait déroulée avec la complicité supposée de la délégation de l'UE.

« Le Gouvernement n'a jamais cessé de dénoncer le rôle joué par la délégation de l'Union Européenne au Burundi ainsi que d'autres agissements qui étaient loin de promouvoir la paix et la Démocratie au Burundi », anticipait d'ailleurs le gouvernement burundais.

L'UE botte en touche. « Tout règlement durable de la crise au Burundi doit prendre en compte les violations des droits de l'homme en cours et passées, et la protection des personnes et organisations qui œuvrent dans ce sens », soutient-elle dans son communiqué.

Par communiqués interposés, arguments contre arguments, on s'accuse mutuellement. En toile de fonds, les sanctions financières européennes qui plombent l'économie burundaise. Bujumbura ne voit pas encore le bout du tunnel avec la tirelire cadenassée de son premier contributeur. Et cette nouvelle épreuve de force ne va en rien arranger les choses.

Ibrahima Bayo Jr.

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