RDC : sous pression, Kabila plie sur l'enquête au Kasaï

L’embargo financier européen ne doit pas être étranger à cet infléchissement de la position de Kinshasa. Sourd aux vociférations du Haut-commissaire onusien aux droits de l’Homme, Kinshasa avait opposé un niet catégorique à l’ouverture d’une enquête internationale sur les charniers au Kasaï et l’assassinat de deux experts de l’ONU. Désormais, le gouvernement de Joseph Kabila envisage l’ouverture de cette enquête, à une nuance près. Les détails.
Ibrahima Bayo Jr.

L'ultimatum sonne comme une menace. Depuis la tribune de la 35è session du Conseil des droits de l'homme à Genève, Zeid Ra'ad Al Hussein donne jusqu'à ce jeudi 08 juin à Kinshasa pour collaborer avec une commission d'enquête onusienne sur les violences au Kasaï. Et si le régime de Joseph Kabila ne se plie pas à l'injonction impérieuse ? Le Haut-commissaire a averti qu'il réclamerait une enquête internationale qui pourrait aller jusque sur le bureau de la CPI.

Après son niet, le gouvernement revient à de meilleurs sentiments

Mais cette hypothèse semble lointaine. Dans une déclaration à la radio Okapi, Marie Ange Mushebekwa, ministre des Droits Humains a indiqué que le gouvernement est favorable à une collaboration onusienne dans la dizaine de charniers découverts au Kasaï et dans l'assassinat des deux experts onusiens.

« Le gouvernement de la RDC n'a rien à cacher. Nous restons ouverts à tout appui logistique et technique et que si l'ONU veut nous envoyer des experts en appui aux enquêteurs congolais pour faire la lumière dans l'assassinat de Sharp et Catalan et d'autres Congolais assassinés par la milice de Kamuina Nasapu, ces équipes sont les bienvenues », a fait savoir Ange Mushebekwa sur les ondes de la radio Okapi.

Et pourtant malgré cette bonne volonté affichée par l'administration Kabila, la ministre apporte une nuance de taille à ce soudain infléchissement gouvernement.« Je souligne que le gouvernement de la RDC va garder la direction de l'enquête », a précisé Ange Mushebekwa.

Plus encore, c'est l'ONU qui reprend la main dans le bras de fer avec Kinshasa. L'institution internationale était apparue fragilisée après l'assassinat en mars de l'Américain Michael Sharp et de la Suédo-chilienne Zaida Catalan lors d'une enquête sur la répression au Kasaï.

Vers une enquête onusienne sous tutelle congolaise?

L'ONU avait donné le sentiment de ne pas pouvoir protéger les membres de son personnel et celui d'une impunité si quelqu'un s'en prenait à eux. Depuis trois mois, le Haut-commissaire réclame la mise en place d'une commission d'enquête sur les charniers kasaïens qui devra ajouter à sa liste des dossiers, le cas Sharp-Catalan.

En face, Kinshasa était demeurée sourde aux revendications onusiennes, se disant jalouse de sa souveraineté et assurant sa confiance à la justice congolaise. Mais Kinshasa a adopté une position plus conciliante depuis l'annonce du gel des avoirs et de l'interdiction de voyager en Europe décidées par l'Union européenne à l'encontre de certains proches du président Kabila.

Un renfort de force pour l'Onu dans son bras de fer avec Kinshasa. Reste à savoir si l'enquête va pouvoir se faire dans les normes avec cette tutelle que Kinshasa veut lui imposer.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaire 1
à écrit le 08/06/2017 à 16:34
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maintenant qu'il y a eu mort de super hommes, parce qu'experts, l'ONU se réveille, menace et s'en mêle. quand c'est mon peuple qui meurt avec la complicité, d'ailleurs établie de la Monusco, l'Institution internationale dors calmement sur ses oreille...

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