Législatives en Algérie : majorité en baisse mais confirmée pour la coalition présidentielle

Les urnes ont parlé en Algérie ! Dans leur globalité, aucune surprise puisque le Front de libération nationale (FLN) du président Abdelaziz Bouteflika ressort en tête du scrutin. Dans le détail, en dépit de la baisse du taux de participation et l’énigmatique taux d’abstention, certains ont profité de la chute des autres pour rafler des sièges et se positionner sur l’échiquier politique.
Ibrahima Bayo Jr.

Sans surprise, la coloration politique de l'Assemblée nationale algérienne change peu. Le Front de libération nationale (FLN, au pouvoir) rafle 164 sièges de députés sur les 462 que compte l'hémicycle, selon les résultats rendus publics par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui. En dépit de cette part de lion, le parti présidentiel perd 57 sièges par rapport à son score lors des législatives de mai 2012.

Majorité maintenue pour la coalition présidentielle

En réalité, les résultats sont plutôt à l'avantage de la coalition présidentielle composée de plusieurs partis. Le Rassemblement national démocratique (RND), présidé par Ahmed Ouyahia, l'allié du président algérien Abdelaziz Bouteflika mais aussi son directeur de cabinet, monte dans l'échiquier. Il arrive second en remportant 97 sièges de députés contre 70 lors des précédentes élections. Les 19 sièges du Rassemblement de l'Espoir de l'Algérie (TAJ) d'Ahmed Ghoul, l'actuel ministre des transports vient bonifier les scores de la coalition présidentielle et lui permettre de dominer l'hémicycle.

Troisième force du paysage politique, l'alliance du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et du Front du Changement (FC) a raflé 33 sièges. Avec ce positionnement, les forces de mouvance islamiste n'ont pu aller au-delà des 50 sièges. Autre surprise de ses élections, certains députés devront siéger en indépendants ou tenter de rejoindre les forces politiques qui occupent le devant de la scène puisque leurs partis n'ont pas pu rassembler les 21 sièges nécessaires à la formation d'un groupe parlementaire.

Le Front des forces socialistes (FFS) qui n'a obtenu que 14 sièges, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) avec ses 9 sièges, et le Parti des travailleurs (PT) avec ses 11 sièges, n'auront pas de groupes parlementaires. Ces partis d'opposition n'ont pas pu contrer cette nouvelle razzia du FLN qui domine le paysage politique depuis l'indépendance du pays en 1962.

Taux de participation, la grande surprise, l'abstention, la grande énigme

La surprise des urnes est venue du taux de participation qui enregistré cette année, un recul de près de 3 points par rapport aux résultats de 2012. Selon les résultats donnés par le ministre de l'intérieur Noureddine Bedoui, le taux de participation est de 38,25 % en 2017 là où il était de 42,90 % lors des législatives d'il y a cinq ans.

Il faut dire que la surmédiatisation de l'élection présidentielle française, les scandales de corruption lors de la constitution de listes et la situation économique difficile du pays, sont autant de motifs qui ont pu décourager les électeurs. La pêche aux électeurs lancée par les candidats n'aura pas convaincu les Algériens de se déplacer en masse vers les bureaux de vote. La campagne électorale terne et sans réel engouement des électeurs reflète cet énigmatique taux d'abstention que ni le ministre de l'Intérieur ni les officiels ne rendent public. La voix des électeurs a parlé... dans un silence assourdissant.

Ibrahima Bayo Jr.

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