Niger : la scabreuse affaire de « trafic de bébés » revient sur la scène politique

L'affaire de " trafic de bébés nigérians " qui agite le Niger depuis presque deux ans, est loin de connaître son épilogue. La cour d'appel de Niamey vient de renvoyer le dossier au 13 mars prochain. L'imbroglio juridique né de cette affaire empêche la justice nigérienne de trancher définitivement le litige sur fonds de scandale et d'accusation de politisation d'une affaire de trafic supposé. Retour une affaire qui continue de défrayer la chronique.
Ibrahima Bayo Jr.
Régulièrement agitée, cette affaire avait empêché Hama Amadou de jouer sa chance jusqu'au bout à la présidentielle de 2016

C'est une ténébreuse affaire juridique ponctuée de rebondissements et qui agite le Niger depuis deux ans et demi. A peine ouvert, ce lundi 13 février devant la cour d'appel de Niamey, l'affaire supposée du « trafic des bébés nigérians » a été renvoyée au 13 mars prochain.

« Commerce triangulaire de bébés » ou affaire politique ?

Près d'une trentaine de personnes, poursuivis en liberté provisoire, avaient été convoquées pour « supposition d'enfant ». La supposition d'enfant est un délit qui consiste pour une femme à s'approprier la maternité d'un bébé sans l'avoir conçu.

Sans cesse renvoyée, l'affaire aurait du s'arrêter dans les couloirs des tribunaux nigériens si ce n'était l'identité des personnalités impliquées jusque dans les cercles de pouvoir.

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à l'été 2014 lorsqu'une vingtaine de personnes dont douze femmes ont été incarcérées pour « supposition d'enfant », « faux et usage de faux » et « déclaration mensongère ».

L'affaire avait revêtu un cachet international lorsque les détails ont supposé un trafic de nouveau-nés importés du Nigéria où ils étaient conçus, le Niger et le Bénin. Une sorte de « commerce triangulaire » qui avait choqué l'opinion publique nigérienne.

Parmi les personnalités arrêtées, Abdou Labo alors ministre de l'Agriculture de l'époque, proche du président Mahamadou Issoufou et accusé de complicité avec son épouse. En plus d'un ex-colonel de l'armée nigériane cité dans l'affaire, le nom de Hama Amadou, alors président de l'Assemblée nationale et de Hadiza, son épouse, avaient été cités.

Au cœur du tollé tant médiatique que social soulevé par le scandale, Mohamed Bazoum alors ministre des Affaires étrangères avait donné des détails effarants sur cette affaire qui a agité le sommet de l'Etat.

L'ex-chef de la diplomatie nigérienne avait laissé entendre que Hadiza Amadou -l'épouse de Hama Amadou-, à l'origine de cette affaire avait cautionné l'existence d'une maison close dans l'Etat de l'Ondo au Nigéria où les bébés étaient alors conçus, négociés à l'achat puis envoyés au Niger ou au Bénin.

Epée de Damoclès suspendue

Le président de l'Assemblée nationale, Hama Amadou et son épouse qui auraient adopté des jumeaux, avaient dénoncé une « affaire politique ». Principal opposant au président Mahamadou Issoufou depuis sa rupture en protestation de la refonte du gouvernement, Hama Amadou s'était vu intimer l'ordre par une commission de députés, de se présenter devant la justice où l'affaire a été portée.

Mais l'opposant avait passé outre cette injonction sans retrait d'immunité pour se réfugier au Burkina-Faso avant de terminer son « exil » en France. Régulièrement agitée cette affaire l'avait empêché de jouer sa chance jusqu'au bout à la présidentielle de 2016 remportée par Mahamadou Issoufou.

Le tribunal correctionnel de Namey saisi de l'affaire s'était déclaré « incompétent » invoquant un passage du dossier au civil pour vérifier la filiation des bébés. Le procès avait été retardé par les nombreux recours devant la Cour de cassation. Mais l'affaire, toujours pendante devant la justice ne cesse de se rappeler par intermittence aux inculpés. Aujourd'hui renvoyée à nouveau, elle est suspendue sur leurs têtes comme une épée de Damoclès !

Ibrahima Bayo Jr.

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