Adama Barrow prépare le retour de la Gambie sur la scène internationale

La nouvelle Gambie veut sortir de son isolement international. Alors que l’ex-président gambien Yahya Jammeh cultivait une grande méfiance vis-à-vis des institutions internationales, Adama Barrow veut ramener la Gambie dans le concert des nations. Le gouvernement Barrow a annoncé son intention d’intégrer ou de réintégrer certaines des organisations internationales que son pays avait quittées ou envisager de quitter sous le pouvoir de Yahya Jammeh.
Ibrahima Bayo Jr.

Tout commence, ce 02 octobre 2013 par un communiqué lapidaire et sans délicatesse diplomatique. Après avoir rejeté un accord pour l'établissement à Banjul d'un bureau des droits de l'Homme, le pays alors sous le régime de Yahya Jammeh avait décidé de son retrait unilatéral du Commonwealth jugé « néocolonial ».

 « Néocolonialisme », l'alibi parfait

Le principal argument en faveur du retrait gambien repose sur la volonté du régime de se libérer des ingérences supposées de cette organisation intergouvernementale regroupant 52 pays pour la plupart d'anciennes colonies britanniques.

« Le gouvernement se retire du Commonwealth en tant que membre et décide que la Gambie ne sera jamais membre d'une institution néocoloniale, et ne fera jamais partie d'une institution qui représente un prolongement du colonialisme », indiquait le communiqué du gouvernement gambien de l'époque.

L'argument du « néocolonialisme » a encore été brandi pour acter le retrait de la Gambie d'une organisation : la Cour pénale internationale. En 1998, deux ans après son arrivée au pouvoir, Yahya Jammeh avait signé le Statut de Rome qui a créé la CPI.

Moins de vingt ans après, le maître de Banjul profite d'une fronde africaine contre la CPI, accusée de partialité- pour ne juger que des Africains-, pour annoncer son intention de se retirer de cette cour pourtant présidée par sa compatriote et ancienne ministre de la Justice, Fatou Bensouda.

Le retrait de la Gambie de l'instance judiciaire était justifié par « le fait que la CPI, malgré son nom de Cour pénale internationale, est en fait un tribunal international caucasien pour la persécution et l'humiliation des personnes de couleur, en particulier les Africains ».

La réintégration des institutions internationales pour sortir le pays de l'isolement

Avec ces retraits successifs motivés par l'imprévisibilité du désormais ex-maître de Banjul, la Gambie avait été mis au ban de la communauté internationale. Pour Adama Barrow, l'enjeu est de taille.

Il prend la tête d'un des pays les plus pauvres (60% de pauvres), à l'économie dépendante de recettes irrégulières qu'il faut diversifier. Dans cet effort de diversification la Gambie a besoin de partenaires internationaux.

Dans cette quête, le gouvernement Barrow devrait précipiter le retour de la Gambie au sein du Commonwealth pour bénéficier de la coopération judiciaire, économique et diplomatique de la cinquantaine de pays qui le composent.

Chemin faisant, la Gambie devrait stopper le processus de sortie de la CPI amorcé par Jammeh. En effet, pour sortir de l'instance judiciaire internationale, la procédure exige l'envoi d'une lettre au Secrétaire général de l'ONU. Le retrait n'est acté qu'un an après la réception de la demande envoyée. Adama Barrow peut court-circuiter le processus de Jammeh et signer le maintien de la Gambie au sein de la CPI.

Le retour de la Gambie au sein de la CPI et du Commonwealth devrait précipiter l'ouverture à Banjul de bureaux d'organismes internationaux comme Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale ou encore d'ONG comme Human Rights Watch ou Amnesty International.

De plus, les observateurs d'organismes comme la Cedeao, l'Union africaine ou l'Union européenne, pourront désormais superviser les élections législatives et locales prévues en avril 2017 et celles à venir.

Les investisseurs privés internationaux, les multinationales occidentales devraient s'engouffrer dans la brèche dans un pays tout ou presque est à reconstruire ou renouveler. Les secteurs du tourisme, de la pêche, de l'agriculture, des transports seront particulièrement prisés.

A titre personnel pour le président Adama Barrow, replacer la Gambie sur l'échiquier international permettrait d'effacer l'image nonchalante qui lui colle à la peau pour n'avoir pas assez hausser le ton lors de la crise post-électorale.

Sans oublier l'épisode de cette prestation de serment faite presqu'en catimini dans l'enceinte exiguë de l'ambassade gambienne lors de son exil à Dakar. Adama Barrow pourrait, avec ce retour dans les instances internationales, se tailler une envergure internationale.

A l'opposé de la politique Jammeh de la méfiance envers tout ce qui est occidental, Adama Barrow veut redorer l'image de son pays écornée après 22 ans de gouvernance de Jammeh.  Mais un vent nouveau et plein d'espoir souffle désormais sur la Gambie. Reste à savoir ce qu''il apportera avec lui !

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaire 1
à écrit le 09/02/2017 à 15:12
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Il est temps que le nouveau maître de Gambie redore le blason de son pays en intégrant de cercle international tout en préservant la quiétude de son pays. Que l'Afrique soutienne le nouveau pour que la démocratie soit respectée.

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