Crise gambienne : la mission de la dernière chance

Malgré l’inflexibilité de Yahya Jammeh, qui vient de limoger tour à tour son ministre de la Communication et 12 ambassadeurs, la CEDEAO vient de décider de dépêcher à nouveau des émissaires pour tenter de convaincre Jammeh de laisser sa place le 19 janvier. Une médiation qui vient suite au renouvellement du soutien de l’armée au président sortant. Ce dernier a dernièrement déclaré qu’il ne discuterait de passation qu’après le jugement de la Cour suprême sur des recours déposés par ses partisans contre les résultats de l’élection présidentielle.
Amine Ater
La CEDEAO vient d'annoncer une nouvelle mission de médiation en Gambie pour essayer de désamorcer la situation a quelques jours de la fin de mandat de Jammeh

La Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) vient d'annoncer l'envoi d'une nouvelle mission à Banjul qui devrait être sur place dès demain, mercredi 11 janvier. Cette décision a été prise lors d'une réunion sur la crise post-électorale gambienne qui s'est tenue le 9 janvier à Abuja. Cette mission « de la dernière chance », vu l'approche de l'investiture prévue le 19 janvier, sera conduite par le président nigérian Muhammadu Buhari, la présidente Ellen Johnson Sirleaf et l'ex-président ghanéen John Dramani Mahama.

L'organisation d'Afrique de l'Ouest a ainsi renouvelé sa confiance dans la même équipe d'émissaires, qui s'étaient déjà rendus en Gambie le 13 décembre dernier et avait échoué à convaincre Yahya Jammeh à céder sa place après 22 ans à la tête du pays, à la fin de son mandat le 19 janvier. Cette nouvelle mission contredit le discours guerrier tenu par la CEDEAO lors des semaines dernières, quand la force de réserve de l'organisation avait été invitée à étudier les possibilités d'une intervention pour sécuriser l'investiture d'Adama Barrow.

L'objectif principal de la mission de la CEDEAO est de convaincre le président Jammeh de « l'impératif de respecter la constitution ». Les responsables de l'organisation Ouest-africaine ont par ailleurs, signalé n'écarter aucune option pour assurer le respect du résultat des présidentielles gambienne de décembre, que cela implique une transition pacifique ou une intervention militaire en cas de blocage.

Jammeh contrôle toujours le pays

Jammeh de son côté, fort du soutien de l'armée et des organes de sécurité reste toujours droit dans ses bottes. Sourds aux critiques internationales, le président en fin de mandat refuse de discuter de passation tant que la Cour suprême n'aura pas statué sur des recours déposés par son parti contre les résultats de l'élection présidentielle. Un jugement qui devrait être prononcé aujourd'hui, alors que certains médias ont annoncé un report du jugement. Une version qui repose sur la composition de la Cour, constituée de 5 magistrats nigérians et sierra-léonais et qui n'auraient toujours pas pu se rendre à Banjul.

La pression de la communauté internationale sur Jammeh, n'a pas empêché ce dernier de limoger Sheriff Bojang Jr, de son poste de ministre de la Communication qu'il occupe depuis 2 ans. Ce dernier a été remplacé par le député Seedy Njie. Le président en fin de mandat a également décidé du limogeage et du rappel à Banjul de 12 ambassadeurs en poste à l'étranger qui s'étaient ralliés à Barrow. Parmi ces diplomates, l'on retrouve les ambassadeurs au Sénégal, aux Etats-Unis, à l'ONU, en Russie ou encore en Grande Bretagne.

Jammeh a par ailleurs tourné le dos à la CEDEAO le 31 décembre dernier, une organisation qu'il estime pro-Barrow et a déjà signifié son refus de reprendre les négociations. Reste à savoir s'il recevra les émissaires de la CEDEAO ou continuera à maintenir une ligne dure. En témoigne, la recrudescence des interventions de la NIA (agence de renseignement gambienne), qui après avoir effectué des « descentes » dans des radios privées, vient de refuser d'appliquer une décision judiciaire ordonnant la libération sous caution d'un ex-responsable de la radio-télévision d'Etat, Momodou Sabally, arrêté par des éléments de l'agence en novembre dernier.

Amine Ater

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