La Gambie suspendue à la « décision majeure » des chefs d’Etat de la Cedeao

Le conclave des chefs d’Etat pourrait être décisif pour l’avenir politique de la Gambie. En marge de l’investiture à Accra de Nana Akufo-Addo, le tout nouveau président élu du Ghana, les chefs d’Etats de la Cedeao ont prévu de tenir, ce samedi 07 janvier, un mini-sommet sur la crise post-électorale en Gambie. Au menu des discussions, les modalités pour préparer le départ de Yahya Jammeh du State House.

Muhammadu Buhari, le président du Nigéria pare au plus pressé. Médiateur pour la Cedeao dans la crise gambienne, il a fait savoir par l'intermédiaire de son porte-parole qu'au cours de ce huis-clos au sommet prévu « juste après la cérémonie [d'investiture de Nana Akufo-Addo, ndlr] », « une décision majeure est à attendre à l'issue de cette réunion cruciale pour sortir de l'impasse » de la Gambie au vu du fait que le « médiateur principal dans cette crise, le président Buhari est déterminé à résoudre cette crise ».

Le choix d'Accra pour la tenue de cette réunion cruciale est clairement un message politique envoyé à Yahya Jammeh. A l'opposé de la Gambie, le Ghana, cité en exemple de démocratie, a réussi à assurer une transition démocratique sans heurts lors de la présidentielle du 7 décembre dernier qui a vu la victoire de Nana Akufo-Addo sur le président sortant, John Dramani. Ce dernier qui a félicité son vainqueur, passera le relais démocratique à celui qu'il avait battu en 2012.

L'annonce de la Cedeao sera décisive

Un scénario qui tranche singulièrement avec la situation en Gambie où Yahya Jammeh refuse toujours de quitter le pouvoir après sa défaite à la présidentielle du 1er décembre, suivie une semaine plus tard de sa volte-face réclamant un recomptage des voix en raison d'« irrégularités manifestes » dénoncés par le maître de Banjul, puis la tenue de nouvelles élections.

Depuis ce revirement spectaculaire, le pays est empêtré dans une crise électorale profonde malgré la mission de médiation de la Cedeao qui a tenté en vain de convaincre Yahya Jammeh de céder son fauteuil à Adama Barrow, déclaré vainqueur à la présidentielle. Exaspérée par la sourde oreille de l'homme au boubou blanc, l'organisation sous régionale avait fini par agiter l'épouvantail d'une intervention militaire pour chasser Jammeh du pouvoir et faire respecter le verdict des urnes en installant Adama Barrow à sa place.

Mais la tension est montée d'un cran. Le président sortant gambien, qui alterne entre la montre et la carte des ingérences étrangères, est resté impavide face aux gesticulations d'une Cedeao qui n'a véritablement pas les moyens de mettre ses menaces à exécution. Le temps presse et le maître de Banjul est désormais assuré du soutien de l'armée.

Pourtant, il y a quelques semaines, les chefs d'Etat de la Cedeao annonçaient qu'ils participeraient effectivement à l'investiture d'Adama Barrow, prévue normalement le 19 janvier. Vont-ils avancer l'intervention militaire avant la date de cette intronisation dont Jammeh assure qu'elle n'aura pas lieu ? Cette position entrainerait en tout cas une logique d'escalade dans la guerre des nerfs entre l'organisation sous régionale et Yahya Jammeh. En attendant, la marche à suivre de la Cedeao devrait être dévoilée ce samedi.

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