Gambie : Buhari et Sirleaf tentent de désamorcer la crise... en vain

La CEDEAO a commissionné deux chefs d'Etats comme médiateurs dans la capitale gambienne afin de gérer la situation née de la décision du président sortant de remettre en cause la transition pour passer le témoin à son successeur Adama Barrow. Mais au final, l'avion de la présidente en exercice de la CEDEAO, n’a pas pu atterrir sur le tarmac de l’aéroport de Banjul.

La Communauté économique des états de l'Afrique de l'ouest (CEDEA) n'a pas tardé à réagir au revirement de situation que vient de connaitre le processus de transition démocratique en cours en Gambie. Au lendemain de la remise en cause des résultats par le président sortant Yahya Jammeh qui a appelé à de nouvelles élections, la présidente du Liberia et présidente en exercice de l'organisation Ouest-Africaine, Ellen Jonhson Sirleaf, et son homologue nigérian Muhammadu Buhari, ont mis le cap vers Banjul pour se saisir de la question. Mais nouveau coup de théâtre, la présidente en exercice de la CEDEAO, n'a pas pu atterrir sur le tarmac de l'aéroport de Banjul, et ne mettra ainsi pas les pieds sur le sol gambien.

Dans la capitale gambienne, les deux chefs d'Etat devraient rencontrer les différents acteurs politiques du pays notamment le président sortant et son successeur Yahya Jammeh. L'objectif pour les deux médiateurs ouest africains était de tenter de ramener le président sortant à la raison. Une mission à hauts risques surtout que Yahya Jammeh a déjà mis en garde « qu'aucune intervention d'une puissance étrangère ne changera rien ». Cette tentative est désormais avortée.

Position de principe

Les présidents Muhammadu Buhari, symbolisant la puissance de la première économie continentale, et Ellen Johnson Sirleaf, image de la force tranquille de la diplomatie régionale, avaient ainsi pour principale mission de faciliter le processus de transmission pacifique du pouvoir entre Jammeh et Barrow. Les deux chefs d'Etats se sont d'ailleurs rencontrés il y a quelques jours à Abuja et ont évoqué l'évolution de la situation au niveau de la sous-région. C'était au lendemain de l'annonce des résultats des élections présidentielles en Gambie et la surprenante décision du président sortant de passer le relais à la suite de sa défaite.

La CEDEAO tout comme l'Union africaine et l'ONU se sont à l'époque félicitées de la bonne tenue du scrutin ainsi que de la sage décision prise par les acteurs politiques du pays, principalement le président Jammeh.

Le président nigérian s'est  par la suite personnellement adressé au président élu pour le félicité mais aussi lui conseillé d'opter pour une transition pacifique.

Selon le porte-parole de la présidence fédérale nigériane, Garba Shehu, « le président Muhammadu Buhari a exhorté le nouveau président élu gambien, Adama Barrow, à veiller à ce que le processus de transition soit aussi simple que le processus électoral et à permettre à tout le monde d'aider la Gambie à aller vers une nouvelle étape ».

Lors de leur médiation, Buhari et Sirleaf devaient également réaffirmer à Yahya Jammeh, les positions de principe de la communauté internationale en veillant à ne pas entrer dans une surenchère comme celle que semble avoir provoqué au sein de la garde rapprochée du maître de Banjul, la réaction énergique du Sénégal.

A ce titre, il n'est pas exclu que des garanties soient concédés à Jammeh afin qu'il ne puisse s'inquiéter de sa situation après avoir passé la main. Une approche pragmatique initialement, mais qui se heurte encore une fois à la mainmise de Jammeh sur les appareils d'Etat gambiens. Il pourrait par la suite être envisagé d'actionner des pressions ou même des sanctions à l'encontre du camp Jammeh.

Il reste à savoir toutefois si cela suffira à faire fléchir le président sortant gambien, dont une des marques de fabriques maîtresses est justement sa propension à défier la communauté internationale.

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