Un parfum de revanche aux relents historiques a plané sur la présidentielle ghanéenne du 7 décembre. Le scénario avait les allures d'un double remake de ce que le passé doit au présent.
Revanche sur le remake de 2012 et au-delà....
D'abord sa revanche sur le président sortant. En 2012, après une carrière de ministre bien remplie, l'avocat Nana Akufo-Addo échoue à se faire élire au palais présidentiel du « Flagstaff House ». Après une présidentielle âprement disputée, les résultats sont décevant pour le fils d'Edward Akufo-Addo. Il est battu par John Dramani Mahama, président intérimaire après la mort de John Atta-Mills qui l'avait battu avec 50,70% des suffrages, contre 47,74%... une courte avance. En dépit de sa contestation du scrutin, Akufo-Addo n'avait pas pu convaincre la cour constitutionnelle du Ghana de trancher le litige en sa faveur.
Autre revanche, cette fois-ci plus symbolique que politique, l'opposant aujourd'hui devenu président devait également apporter une réplique historique à un constat dont la récurrence semblait vouloir se convertir en tradition politique : depuis 2001, tous les présidents ghanéens sans exception ont porté le prénom de « John ».
En prenant la succession de Jeremiah Jerry Rawlings en 2001, John Kufuor dirige le Ghana pendant deux mandats avant de passer le relais à John Atta Mills. L'intérim de ce dernier mort au pouvoir, en juillet 2012 à l'âge de 64 ans, est assuré par son vice-président, John Dramani Mahama. De cette lignée, deux « John », Atta-Mills en 2008 et Dramani-Mahama en 2012, ont battu par les urnes Nana Akufo-Addo qui n'a pas perdu espoir.
... sur l'Histoire
C'est donc une revanche personnelle et symbolique que vient remporter au soir du 7 décembre, cette fois-ci en changeant de stratégie. Le chef du Nouveau parti patriotique (NPP) a réussi haut la main et pris les devants. Quarante-huit heures après la fermeture des bureaux de vote, il avait célébré sa victoire avec ses partisans, mettant la pression sur la commission électorale. Cette dernière a fini par mettre fin au suspense par la proclamation des résultats définitifs officiels plus tôt que les « 72 heures post-vote » annoncés.
Lorsqu'il prendra place sur le fauteuil présidentiel, Nana Akufo-Addo aura sans doute une pensée pour Edward Akufo-Addo (son père), président entre 1970 et 1972 de la Deuxième République et mort en 1979. Deux « Républiques » plus tard, Nana Akufo-Addo deviendra le premier fils de président à devenir président du Ghana. Une revanche pour une l'Histoire.
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