Union Africaine  : la « Task Force » prête à entrer en action !

Les pays membres de la Capacité Africaine de Réponse Immédiate aux Crises (CARIC) relevant de l'UA viennent d'annoncer l'opérationnalisation de la force militaire provisoire d'intervention de l'organisation. En attendant la mise en place de la Force Africaine en Attente (FAA), plusieurs pays ont décidés d'expérimenter ce mécanisme militaire qui ne séduit pas beaucoup de pays en Afrique et bute à des divergences sur les modalités de sa mise en œuvre.
Selon le président tchadien à la tête de l'UA, Idriss Deby Itno, la capacité de déploiement rapide de la CARIC va permettre de doter l'Union Africaine « d'une force souple et robuste constituée des unités équipées fournies par les Etats membres sur une base de volontariat »

La Capacité Africaine de Réponse Immédiate aux Crises (CARIC), la force provisoire de maintien de la paix de l'Union Africaine (UA), est prête à répondre rapidement aux crises sécuritaires et à contribuer aux Opérations de soutien à la paix (OSP) sous mandat du Conseil de paix et de sécurité (CPS). C'est ce qu'a annoncé l'institution panafricaine à l'issue du deuxième sommet extraordinaire des Chefs d'État et de gouvernement de la CARIC qui s'est tenu le mercredi 9 novembre 2016, à Addis-Abeba en Éthiopie. Le sommet qui s'est tenu sous la direction du président en exercice de l'UA  le tchadien Idriss Déby Itno, a réuni plusieurs chefs d'Etat africains.

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L'on compte notamment parmi eux, les présidents Issoufou Mahamadou du Niger, Jacob Zuma d'Afrique du Sud, Yoweri Musseveni d'Ouganda et Denis Sassou Nguesso de la République du Congo. On notait également à la rencontre, la présence du Commissaire en charge de la paix et de la sécurité de l'UA, Ismael Chergui et des représentants d'autres pays comme l'Algérie. Après avoir rappelé la décision de la 26e Conférence des Chefs d'Etats et de gouvernement de l'UA, de proroger le mandat de la CARIC, la réunion d'Addis Abeba a décidé de mettre en action ce mécanisme de gestion de crise, en attendant la mise en place effective de la Force africaine en attente (FAA), une sorte de  casques bleus à l'africaine. A cet effet, une réunion des Chefs d'état-major des Armées de la CARIC et des ministres en charge des questions de défense et de sécurité, va se tenir prochainement en Angola en vue d'élaborer un plan de travail pour le mécanisme. Dans le même temps, le sommet a décidé que le déploiement de la CARIC relève désormais de la responsabilité du CPS de l'Union africaine, en consultation avec les nations volontaires de la CARIC.

Les Chefs d'Etat et de gouvernement de la CARIC ont par conséquent chargé le Commissaire pour la paix et la sécurité de l'UA, de « continuer à évaluer et examiner toutes les zones de conflit en Afrique et à proposer des moyens par lesquels les nations volontaires de la CARIC contribueraient à contenir la situation ».

Force africaine d'intervention rapide

A en croire donc l'UA, le continent disposait d'une force capable d'intervenir sur le continent pour faire à des situations de crises. La CARIC a en effet été créée, en juin 2013 à Addis Abeba, à titre transitoire, en attendant la pleine opérationnalisation de la Force Africaine en Attente (FAA). Selon l'UA, elle pourrait ainsi être déployée en cas de besoin afin de répondre aux situations d'urgence dans le cadre de l'Architecture africaine de paix et de sécurité.

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A terme, c'est la FAA qui servira de mécanisme africain mise en œuvre de la politique de défense et de sécurité. Selon le président tchadien Idriss Deby Itno, la capacité de déploiement rapide de la CARIC va permettre de doter l'Union Africaine « d'une force souple et robuste constituée des unités équipées fournies par les Etats membres sur une base de volontariat ». Le président en exercice de l'UA a estimé qu'il est grand temps que l'Afrique s'assume en matière de gestion des conflits qui émergent sur le continent. « L'Afrique doit répondre de manière coordonnée, concertée et efficace aux situations d'urgence, de crise et de conflits » a déclaré Idriss Déby Itno, rappelant que « le concept de la CARIC est une continuation de l'ambition de l'Afrique à utiliser les ressources africaines pour résoudre les problèmes de l'Afrique». En ce sens donc, il a appelé la Commission de l'Union Africaine ainsi que les responsables militaires des pays volontaires de la CARIC de se réunir dans les meilleurs délais afin de soumettre des propositions concrètes permettant d'avancer dans la mise en place effective de la CARIC.

Difficile marche pour une souveraineté en matière de défense et de sécurité

L'Afrique s'achemine donc progressivement à la mise en place de sa propre force d'intervention, une idée longtemps annoncée par l'UA mais qui bute sur de sérieux obstacles. Ce qui n'occulte pas la nécessité d'un tel mécanisme militaire au vue des conflits que connait le continent et l'absence de mécanisme commun de réponse notamment sur le plan militaire. « Prés de 60 ans après leur indépendance, les pays Africains continuent à compter sur des puissances extérieures pour assurer la sécurité de leur frontière » a fait par exemple constater le Président du Niger Mahamadou Issoufou lors de son intervention. Le chef d'Etat nigérien n'a pas manqué d'évoquer le cas malien qui impose au continent de disposer de sa propre force et de son propre mécanisme de gestion des crises sécuritaires qui essaiment un peu partout sur le continent.

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En 2013, il a fallut en effet l'intervention de la force française Seval pour sauver le Mali des attaques jihadistes qui comptaient mettre le pays sous coupe réglée. Avec cette force militaire provisoire, le continent dispose d'un outil opérationnel sur lequel il pourrait s'appuyer mais il faudrait attendre les premières interventions de cette force pour juger de son efficacité. Plusieurs pays et pas des moindres, notamment le Nigéria, ne voient pas d'un bon œil la mise en place de ce mécanisme qui continue à engendrer la réticence de la majorité des pays membres de l'UA. En janvier 2014, seul treize Etats membres se sont engagés à contribuer à la mise en place de la CARIC dont le premier sommet extraordinaire s'est tenu à Malabo, en Guinée Equatoriale, le 25 juin 2014.

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