Trump Président : l’élite togolaise, ébahie, réagit

La nomenklatura togolaise, entre désintérêt et surprise, semble unie sur l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Porté hier soir par près de 300 grands-électeurs, le magnat américain s’était clairement déclaré contre les minorités et pour l’isolationnisme américain.
La Secrétaire d'Etat des USA Hillary Clinton, et le Président Togolais Faure Gnassingbe au Palais présidentiel de Lomé en janvier 2012. Depuis, Donald Trump a été élu Président, et les deux interlocuteurs ont gardé leurs statut inchangé.

Le processus électoral en Amérique vient d'aboutir à l'élection de Donald Trump à la succession de Barack Obama. Pour beaucoup de personnalités togolaises, ce n'est pas une grande nouvelle. Mais tout commence avec les félicitations de Faure Gnassingbé président de la république togolaise. « J'exprime mes sincères félicitations pour votre élection comme prochain président des Etats-Unis », a-t-il adressé à Donald Trump dans un message officiel. Entre son message plein de diplomatie et les avis de la classe politique, il y a un creux. « Laissez Trump se tromper... », a déclaré Kodjo Agbeyomé.

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L'ancien premier ministre et président de l'Assemblée nationale, s'est désintéressé du processus à cause des déclarations de Trump. En homme de pouvoir expérimenté, il estime que le nouvel élu à la Maison Blanche, se trompe et qu'il va bientôt le découvrir. Avis totalement partagé au Togo. Philippe Atakpa, Délégué à l'administration et chargé des actions du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR), parti politique de l'opposition pense que « le monde est tombé dans l'inconnu ».

« C'est la première fois qu'on élit un homme totalement étranger à la politique aux USA. Pire, il a un langage cru, dénué de toute diplomatie. C'est une mauvaise nouvelle pour le monde, mais en partie bonne pour l'Afrique. Il pourrait dans son retrait amener nos chefs d'Etat à avoir le courage d'être aussi cru et aussi direct », affirme Philippe Atakpa.

Selon ce dernier, l'élection de Trump rend possible celle de Marine Le Pen en France. Surpris, Il n'est pas le seul. Victor Djogbéssi, secrétaire général adjoint de la CDPA, un parti d'opposition, promoteur d'un média au Togo, trouve que « c'est l'expression de l'hypocrisie américaine, avec un peuple qui a choisi quelqu'un qu'il détesterait pourtant. C'est bien aussi l'expression de la démocratie dans tout son sens ». Selon le président du parti Nouvel engagement togolais (NET), Gerry Taama parti malheureux aux dernières élections présidentielles, avoue avoir toujours soutenu Trump, en qui il voit un vrai patriote. Content de l'élection du milliardaire à la Maison Blanche, Gerry Taama espère que le Togo et l'Afrique, pourront aussi dépasser la politique marketing et privilégier les programmes et l'amour pour la patrie.

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Si les hommes politiques ne comprennent pas, les intellectuels l'interprètent. Le Dr Vincent Agbovi, professeur de sociologie à Université de Lomé estime que le peuple américain en avait assez du classicisme.

« La polarité politique était devenue un poids pour le peuple. Et il voulait le changement. Il voulait montrer aux médias et au monde entier qu'on ne pouvait pas les canaliser ou les mettre dans un canevas ». Selon l'analyste, entre Clinton qui traîne des casseroles et Trump qui a une réputation douteuse, mais qui reste tout de même franc et sans langue de bois, le choix n'a pas été compliqué pour l'Amérique. « La victoire est écrasante, cela signifie que la soif de changement, la soif de mettre un homme qui dise ce qu'il pense était devenue très grande. C'est l'expression de la grande démocratie et de la liberté totale de choix. Trump n'est pas un républicain et encore moins un démocrate. Il est juste un américain », explique le sociologue.

Et l'Afrique dans tout ça ?

A l'annonce des chiffres plusieurs personnes sont allées à des conclusions sur les futurs traitements des diasporas de l'Afrique en l'Amérique. « C'est le choix des américains. Mais avec ce que Trump a dit lors des campagnes, j'ai peur pour nos frères immigrés », disait Robert Défli, étudiant togolais. Son point de vue est partagé par Irène Nassablé qui estime que le meilleur choix aurait été Clinton. « Trump va faire souffrir les minorités aux Etats-Unis. Peut-être que le programme de Loterie-visa sera arrêté ». Mais les préoccupations des jeunes étudiants ne sont pas fondées pour certains. Le Dr Aubin Thon, professeur d'Université aux USA, togolais d'origine et président de la Togolese Foundation, une ONG rassemblant la communauté togolaise aux USA, pense que Trump pourrait même être bénéfique au continent noir.

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Selon lui, l'Afrique a cru en un changement avec Obama au pouvoir et rien ne s'est passé en deux mandats.

« Aujourd'hui l'Afrique non seulement ne croit pas en Trump mais a même peur de lui. Mais je crois qu'on aura de surprises agréables », constate-t-il avant d'analyser que « l'Afrique est restée telle à cause de la politique des lobbyistes occidentaux et Donald arrive comme quelqu'un qui n'est pas issu de ces milieux et qui ne sera pas facile à être intégré, vu sa personnalité. A ce que je vois depuis hier, ceci peut devenir très positif pour l'Afrique ».

Mais contrairement au Dr Thon, certains observateurs ne trouvent pas un débat concernant l'Afrique.

 « Les Américains ont fait des choix d'Américains. Ils ont choisi un président qu'il fallait pour les intérêts de leur Amérique. Alors même si cela ne nous plairait pas en tant qu'observateur, où est le problème de l'Afrique dans cette histoire », affirme le journaliste togolais, Sylvain-Epiphane Vidzraku. Avis intégralement partagé par le Professeur qui déclare que « la question ne se pose même pas ».  Il explique que l'Afrique n'a rien à voir là-dans.

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Selon lui, Obama a été trop loin dans le social alors que l'Amérique est un pays ultra-capitaliste. « Trump a présenté une idée qui consistait à favoriser les entreprises, dont la détaxation de certaines actions économiques, et à réduire le regard vers les misères de l'extérieur, le peuple a aimé. C'est à nous autres Africains aussi de nous battre pour atteindre un tel niveau de démocratie et à réduire notre dépendance à ces pays ».

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Commentaires 2
à écrit le 11/11/2016 à 11:06
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Dans son processus de gouvernance, Trump ignorerait l'Afrique. Que l'Afrique sache que le milliardaire américain à la maison blanche n'a aucun souci pour notre pauvre contient.

à écrit le 11/11/2016 à 4:43
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moi ces coq-à-l'âne ne me disent rien mais ça n'a qu'à toucher le cœur des dirigeants africain looooooooooooo un point c'est tout.

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