Centrafrique : la Minusca en proie aux critiques sur fond de violences

Décriée pour son incapacité à assurer la protection des civils contre les groupes armés, la Minusca est sous le feu des critiques de la société civile centrafricaine qui réclame son départ. La population s'est jointe à elle et la contestation gagne en ampleur. Des heurts entre les casques bleus et des manifestants ont provoqué la mort de 4 personnes.
Ibrahima Bayo Jr.

Une pétition lancée par la société civile qui a recueilli plus de 30 000 signatures en 72 heures. Jamais la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations-Unies en Centrafrique (Minsuca) n'aura été aussi impopulaire auprès de la population. A Bangui, la capitale du pays, les habitants ont répondu en masse, ce lundi à l'appel à une journée « ville morte » lancée par la société civile qui accuse cette mission de l'ONU de « passivité » et de « complicité » devant la multiplication des tueries par des groupes armés dans les provinces du pays.

« Le départ de la Minusca, c'est le vœu de l'écrasante majorité des Centrafricains (...) La principale mission de la Minusca, c'est de réduire les groupes armés. Sur le terrain, on constate l'exact contraire. On constate la montée en puissance des groupes armés », s'est insurgé Gervais Lakosso, un des organisateurs de la « journée ville morte ». Il ajoute : « Il y a des tueries tous les jours. On a dénombré des milliers de morts »

Le point d'orgue de la contestation de ce lundi a été atteint lorsque certains Banguissois se sont dirigés vers le quartier général de la Minusca pour faire un sit-in devant le bâtiment. Des éléments de la force des Nations-Unies sont intervenus « dès les premières heures de ce lundi matin à Bangui pour démanteler les barricades érigées par des manifestants hostiles », peut-on lire dans un communiqué de la Minusca.

La Minusca incapable de remplir sa mission ?

Des heurts ont alors éclaté entre les manifestants et les éléments déployés pour disperser la manifestation. Résultat, 4 civils ont été tués et 14 personnes ont été blessées dont 5 casques bleus. Tôt ce lundi matin, les casques bleus ont été la cible de jets de pierres lorsqu'ils ont tenté d'enlever des barricades érigées sur les routes menant à des endroits stratégiques de la capitale Bangui. Les casques bleus ont alors fait usage de tirs de sommation.

Pour rappel, un rassemblement d'associations locales avaient lancé dès la semaine dernière, une pétition pour réclamer le départ de la Minusca jugée incapable de remplir sa mission de protection des civils centrafricains contre des groupes armés. Les actes de ces groupes ont fait des dizaines de morts en province sur fond de reprise des violences depuis le début du mois d'octobre.

Sous mandat de l'ONU, la Minusca composée de quelque 11.000 soldats, a été déployée en 2014 en Centrafrique pour reprendre le relais de la force française Sangaris, intervenue pour mettre fin à une guerre civile ethno-religieuse qui a ravagé ce pays pauvre d'Afrique centrale d'un peu plus de 5 millions d'habitants.

Ibrahima Bayo Jr.

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