La Banque Africaine de Développement financera-t-elle la cimenterie du marocain SGTM ?

Finalement, il aura fallu cinq années pour que le projet de cimenterie du groupe SGTM puisse enfin envisager de sortir de terre. Annoncé dès 2012, la cimenterie d'El Jadida portée par sa filiale TEKCIM devrait ouvrir ses portes en 2019, avec un début des travaux prévu dans quelques mois. Pour la financer, la Banque Africaine de Développement (BAD) a été approchée par le groupe marocain, et l'institution panafricaine devrait statuer de manière définitive sur le dossier au début de l’été. Détails exclusifs.

Initialement annoncé comme un projet nécessitant 700 millions de dirhams (Environ 65 millions d'euros) d'investissement, la cimenterie du groupe SGTM, propriété des deux frères Ahmed et M'hammed Kabbaj,  a vu au fil des années son enveloppe prévisionnelle multipliée quasiment par 3, pour se positionner actuellement à plus de 2,5 milliards de dirhams (environ 225 millions d'euros). Ce redimensionnement pourrait être notamment dû au fait que le projet de cimenterie est adossé à l'exploitation d'une carrière dépassant les 500 hectares, la cimenterie en elle même nécessitant un peu moins de 60 hectares de surface. C'est pourquoi, selon des informations obtenues par La Tribune Afrique, le groupe SGTM a du assez rapidement envisager d'obtenir des financements additionnels, incluant celui qui pourrait lui être concédé par la Banque Africaine de Développement sous la forme de « Senior Loan » (Prêt Senior), dont le montant n'a pu, à date, être déterminé avec précision. Autres pistes envisagées par les porteurs du projet : l'entrée d'actionnaires minoritaires dans le capital de TEKCIM, une option qui semble ne pas avoir rencontré le succès escompté jusqu'à aujourd'hui.

 Une ambition très forte sur le ciment

Il faut dire que l'ambition du leader marocain du BTP dans le ciment aurait légitimement de quoi être importante, tant cette matière stratégique lui permettrait une intégration verticale de ses activités en y intégrant l'amont.

En effet, à l'instar des promoteurs immobiliers Addoha et Chaabi, tous deux également cimentiers, l'intégration de cette activité dans le portefeuille du mastodonte SGTM peut faire sens et lui permettrait d'augmenter de manière substantielle sa capacité d'approvisionnement. D'un point de vue stratégique, cette activité lui permettrait également de diversifier le risque et de le diffuser en intégrant un métier moins sujets aux aléas conjoncturels et aux retards de paiements que les autres activités du groupe, notamment dans la construction de grands travaux.

C'est probablement pour cette raison que ce n'est pas SGTM qui est directement actionnaire de TEKCIM, mais plutôt la holding familiale KD Holding, qui possède près de 99% de la cimenterie, le solde des actions - 1%- étant ventilé entre d'autres membres de la famille.

La BAD, un prêteur habituel du Maroc

C'est dans ce contexte que la famille Kabbaj s'est tournée vers la Banque Africaine de Développement (BAD) afin de financer une partie de cet investissement. Selon des informations fiables parvenues à La Tribune Afrique, le dossier préliminaire aurait été bouclé avec l'institution ayant son siège à Abidjan, ce qui aurait poussé le groupe SGTM à annoncer formellement en mars dernier que la construction de sa cimenterie devrait démarrer l'été prochain. Ne reste plus que le blanc-seing définitif et formel de la BAD, le dossier devant être soumis au conseil de l'institution panafricaine le 28 Juin prochain, en même temps qu'une ligne de crédit supplémentaire qui devrait être accordée à cette date à la Banque Populaire du Maroc. Il faut dire que le Maroc est aujourd'hui le premier client de la BAD, avec pour toute dernière réalisation financée par la banque l'aéroport international de Marrakech, qui a mobilisé la bagatelle de 240 millions d'euros de prêt.

Comment réagira le secteur?

Une inconnue de taille subsiste cependant, si la famille Kabbaj arrive à mener à bien son projet de cimenterie, à savoir la réaction du secteur du ciment, qui serait, selon de nombreux analystes, dans une situation de surcapacité au Maroc avec près de 6 millions de tonnes produites. Avec l'arrivée de ce nouvel entrant, assistera-t-on à une guerre des prix comme le redoutent certains professionnels? Ou bien le marché sera-t-il en capacité d'absorber cette production additionnelle?

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