Santé : les Américains vont intensifier les investissements en Afrique

Le projet était en gestation bien avant la crise du Covid-19 qui est venue le renforcer. Au cours des trois prochaines années, l'US Development Finance Corporation (DFC) entend investir jusqu’à 5 milliards de dollars dans la santé avec l’appui du secteur privé. Priorité au continent africain.
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

Investir jusqu'à 5 milliards de dollars dans la santé au cours des trois prochaines années -dont 2 milliards de fonds propres et 3 milliards de dollars mobilisés auprès du secteur privé-, avec l'Afrique en priorité. C'est bien l'objectif de l'US Development Finance Corporation (DFC) qui vient de lancer l'Initiative Santé et Prospérité. « En impliquant le secteur privé, nous pouvons [...] promouvoir des investissements durables dans la préparation et la prestation des soins de santé. Et j'espère que cela aidera ensuite à renforcer la résilience nécessaire dans les contextes en développement pour prévenir de futures épidémies », a déclaré Nafisa Jiwani, directrice générale des initiatives de santé chez DFC, selon la plateforme Devex.

Pour rappel, la DFC est le nouveau bras financier de l'Etat américain pour le développement dans le monde. Remplaçant du défunt Overseas Private Investment Corporation (OPIC), sa capacité a été doublée à 60 milliards de dollars. C'est un véritable outil de conquête pour les Etats-Unis dans les pays en développement, particulièrement en Afrique où le pays de l'Oncle Sam entend concurrencer son rival chinois. L'institution, qui travaille depuis peu avec la Banque africaine de développement (BAD), comptabilise plus de 7 milliards de dollars d'investissement dans plus de 150 projets à travers le Continent, notamment dans l'énergie, les technologies et la santé.

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D'après Nafisa Jiwani, le projet de l'Initiative Santé et Prospérité était en gestation avant la crise du Covid-19 qui n'a fait qu'amplifier son importance aux yeux des Américains. A cet effet, une partie de l'investissement sera consacré à la réponse à la pandémie, notamment en termes d'équipement, mais aussi de thérapies et vaccins. Au sens large, ces nouveaux investissements américains dans la santé en Afrique s'intéresseront à la fabrication de fournitures de santé, aux technologies médicales, au financement de la chaîne d'approvisionnement et aux produits pharmaceutiques.

Des réunions en ligne de la DFC la semaine dernière étaient d'ailleurs consacrées à la cette initiative félicitée par le CEO, Adam Boehler, également nommé en février dernier, par Donald Trump, directeur exécutif de Prosper Africa, l'initiative visant à booster les échanges commerciaux et investissements entre les Etats-Unis et le continent africain.

Santé, vers une révolution post-pandémie?

La santé en Afrique est généralement le parent pauvre des budgets des Etats. Cela justifie d'ailleurs l'appel du patron de la BAD, Akinwumi Adesina, il y a quelques semaines lors d'un webinaire, pour plus d'investissements dans la santé publique par les Etats, affirmant : « S'il existe 7.000 fabricants de produits pharmaceutiques en Chine et 11.000 en Inde, l'Afrique n'en compte que 375 alors que sa population représente environ la moitié de la population totale de ces deux géants asiatiques ».

Plusieurs analystes ont déjà souligné l'opportunité, mais surtout l'urgence d'une amélioration des systèmes de santé en Afrique, mises en évidence par la pandémie du Covid-19. Et alors que le boom de l'innovation des jeunes entrepreneurs dans le domaine de la santé ces dernières années, motive un regain des investisseurs pour ce secteur, les experts prévoient déjà une affluence des investissements dans le secteur dans les années à venir, comme l'indique Enitan Obasanjo-Adeleye, responsable de la recherche et de la formation chez l'Association africaine de capital-investissement et de capital-risque (AVCA), dans un entretien accordé à La Tribune Afrique. Si la DFC pense que la crise du Covid-19 est « une opportunité de transformer le mode traditionnel de financement de la santé mondiale », les objectifs d'influence quant à eux, pour des agences gouvernementales internationales, ne sont pas à écarter.

Ristel Tchounand

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