Investissements : l’Angola suscite un intérêt international croissant

Le palais présidentiel de Luanda est le théâtre d’un ballet d’investisseurs depuis quelques semaines. Après entre autres la chancelière allemande Angela Merkel, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo et l’envoyée britannique du commerce, la baronne Lindsay Northover, Emmanuel Macron devrait leur emboîter le pas en mai prochain. Dénominateur commun : la recherche de bonnes positions dans l’une des économies africaines à fort potentiel.
Ristel Tchounand
Vue de la baie de Luanda, la capitale angolaise.
Vue de la baie de Luanda, la capitale angolaise. (Crédits : DR)

Initialement attendu pour ce début d'année, Emmanuel Macron devrait finalement se rendre en Angola pour une visite d'Etat en mai prochain, révèle La Lettre du Continent. Si elle est maintenue, cette visite aura ainsi lieu deux ans après le déplacement de Joao Lourenço à Paris, où il avait présenté à une centaine de patrons français les opportunités d'investissement dans son pays. Alors qu'une de ses priorités depuis son accession au pouvoir est d'attirer les investissements étrangers, son opération de séduction s'est poursuivie en Europe et en Amérique, avec un accent au Forum économique mondial 2020 à Davos.

Les Américains, encouragés par la lutte anti-corruption

Cependant, depuis que le président angolais a donné une nouvelle dimension à la « traque » d'anciens oligarques avec notamment la saisie des avoirs d'Isabel dos Santos - la fille de son prédécesseur José Eduardo dos Santos, le palais présidentiel de Luanda est le théâtre d'un ballet d'investisseurs. Simple coïncidence d'agendas ?

En séjour dans la capitale angolaise dimanche 16 février, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo n'a pas manqué de saluer la stratégie de lutte contre la corruption de l'Etat, laquelle lui a permis, pour rappel, de récupérer plus de 5 milliards de dollars en 2019. Pour Pompeo, l'environnement actuel est propice à d'importants investissements américains à venir.

Londres et Berlin pour du concret

Le lendemain, la baronne Lindsay Northover - envoyée de Boris Johnson -, s'est rendue pour la onzième fois en quatre ans à Luanda. Très clairement motivée par la nécessité de trouver des relais de croissance pour un Royaume-Uni post-Brexit, Northover a signifié la volonté des Anglais de multiplier les investissements en Angola. Alors que Londres avait déjà jeté une base considérable lors du Forum Afrique-UK qui s'est tenu en janvier, les hydrocarbures, les infrastructures, les services financiers, les énergies renouvelables et l'agriculture sont les principaux secteurs qui intéressent les Anglais. Pour davantage galvaniser leurs entreprises, l'agence britannique de financement de l'export a bonifié son enveloppe de 200 millions de livres sterling au bénéfice des entités tentées par l'investissement en Angola.

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Ces deux leaders emboîtaient ainsi le pas à la chancelière allemande, Angela Merkel qui, en visite en Angola le 7 février dernier, priorisait les affaires. D'ailleurs, grâce au forum économique germano-angolais qui s'est tenu le même jour, Siemens a décroché un contrat pour la construction du métro de Luanda. D'autres accords s'en sont suivis dans les domaines des infrastructures, de l'énergie et de la formation.

« La croissance, le défi de Luanda »

Deuxième producteur africain de pétrole derrière le Nigeria, l'Angola a subi de plein fouet la chute des cours ces dernières années, plongeant la croissance du PIB à 0,7% en 2017, contre 13,8% en 2008. Une dégringolade qui représente un challenge de taille pour l'actuel président selon les analystes. « Le défi des autorités angolaises est de propulser l'économie à un taux de croissance de 6 à 7%. Et l'Angola a tout le potentiel pour parvenir même à une croissance au-dessus de 10% », confie dans un entretien avec La Tribune Afrique l'économiste Carlos Rosado. Désormais contraint à la diversification économique, Luanda cherche notamment à ramener les investisseurs étrangers qui avaient déserté le pays, sur fond de plaintes d'opacité de l'environnement des affaires. Le vaste plan de privatisation de 195 entreprises publiques -dont Sonangol et Endiama- annoncé l'année dernière est l'une des cartes stratégiques de l'Etat pour ramener les capitaux internationaux.

Côté français, Business France explore quelque peu le marché angolais depuis l'année dernière. Au Conseil des investisseurs français en Afrique (CIAN), les pays anglophones et lusophones font partie des « priorités ». « Il nous manque un tissu de PME françaises qui s'intéresseraient à ces pays comme le Kenya, le Nigeria, le Ghana, l'Angola ou le Mozambique. Au CIAN, nous poussons beaucoup nos adhérents à regarder le potentiel énorme de ces pays-là », expliquait à LTA en mars 2019 Etienne Giros, président délégué du CIAN. Une chose est certaine, l'investissement français en Angola sera au cœur de la visite d'Emmanuel Macron en mai.

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En attendant, les Allemands, les Britanniques et les Français ne sont pas seuls à montrer de l'intérêt pour le marché angolais. Dans l'aérien, le Qatar s'est déjà manifesté pour acquérir 39% du transporteur national. La Russie aussi y pousse ses pions. Sur les quatre à cinq prochaines années, Uralchem construira une usine de production de fertilisants d'une capacité de 1,2 million de tonnes, en partenariat avec le groupe angolais Opaia. La Suède quant à elle se positionne sur l'économie numérique.

A côté, l'Angola est considérablement appuyé par les institutions financières multilatérales. La Banque africaine de développement (BAD) en l'occurrence y finance une étude pour la diversification économique depuis l'automne dernier. Pour la énième fois, la Banque mondiale vient de débloquer un prêt de 900 millions d'euros en faveur des réformes économiques. Les projecteurs restent braqués sur Luanda pour apprécier comment le pays arrive à concrétiser ses ambitions.

Ristel Tchounand

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