Isabel dos Santos : la vente de ses actifs au Portugal jugée « utile »

Il y a un peu plus d’une semaine, Isabel dos Santos a entamé au Portugal la vente de ses actifs. A Lisbonne, les autorités saluent la démarche espérant que les déboires de la milliardaire en Angola ne portent pas atteinte à l’image internationale des entreprises portugaises.
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

Côté sur Euronext Lisbonne, l'entreprise de télécoms NOS vient de mettre un terme aux contrats de trois dirigeants proches d'Isabel dos Santos. Alors que la femme d'affaires qui y détient une participation importante ne s'est pas encore prononcée sur l'avenir de ses actifs dans cette entreprise, la presse portugaise y voit déjà les signes annonciateurs d'un « divorce » définitif. Le cas échéant, ce serait la troisième entreprise portugaise à laquelle la milliardaire renoncerait après Eurobic et Efacec. S'adressant à Reuters hier, lundi, le ministre de l'Economie, Pedro Siza Vieira, a dit sa satisfaction du processus de vente de certains actifs d'Isabel dos Santos au Portugal. A Lisbonne, on craint surtout pour « la réputation » internationale des entreprises du pays.

« Au regard de l'impact défavorable de l'origine (présumé) de l'argent d'Isabel dos Santos - qui n'a pas encore été prouvé- les dommages à la réputation des entreprises portugaises peuvent être importants. Par conséquent, sa volonté de vendre rapidement est utile à cet égard.  (Cela) signifie que les atteintes à la réputation peuvent être moindres et, je l'espère, totalement évitées. [...] Car nous voulons éviter de nuire à la réputation de ces entreprises », a-t-il déclaré.

Lire aussi : Angola : Joao Lourenço va-t-il ébrécher la fortune d'Isabel dos Santos ?

Au cœur des Luanda Leaks -l'enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) qui entend démontrer comment la milliardaire aurait bâti sa fortune avec l'argent public angolais, la banque privée Eurobic a été la première entreprise portugaise liée à Isabel dos Santos a annoncer sa rupture avec la femme d'affaires. Actionnaire majoritaire de la banque (42,5%) via deux de ses sociétés, Isabel dos Santos a depuis mis ses actifs en vente.

Le 24 janvier dernier, le conseil d'administration d'Efacec -leader portugais de l'énergie de l'ingénierie et de la mobilité- annonce la « décision » d'Isabel dos Santos de quitter le tour de table dont elle détient 65% des parts. Laquelle a également occasionné la démission de Mario da Silva -également poursuivi en Angola- du poste de président du Conseil d'administration et de Jorge Brito Pereira du poste de PDG, deux proches de la femme d'affaires.

Tous ces processus de désinvestissement devraient être finalisés rapidement au cours de l'année 2020. Outre l'opérateur télécoms NOS, Isabel dos Santos dispose d'autres actifs au Portugal dont elle n'a pas encore décidé de se retirer.

Lire aussi : Angola : la timide contre-attaque du clan dos Santos en faveur d'Isabel

Pas de négociation possible selon Lourenço

Alors que la coopération entre Luanda et Lisbonne se poursuit dans le cadre de l'enquête ouverte par la justice angolaise, le président Joao Lourenço -dans une interview exclusive avec Deutche Welle- écarte toute possibilité de négociation avec Isabel dos Santos. « On ne négocie pas », a-t-il tranché dans une interview accordée à Deutsche Welle, rappelant qu'elle a eu l'« opportunité de le faire » durant le délai de grâce de six mois accordé aux Angolais impliqués « dans ce type d'actes de corruption ». Rappelons que Luanda réclame plus de 1 milliard de dollars à Isabel dos Santos et son époux Sindika Dokolo, dont les avoirs ont été gelés en Angola le 30 décembre 2019.

Pour sa part, la milliardaire ne cesse de réfuter tout acte de corruption. Alors que Dokolo accuse Rui Pinto, le « hacker » portugais à l'origine de la fuite des documents ayant conduit aux Luanda Leaks, d'avoir agi de connivence avec l'Etat angolais, Isabel dos Santos a récemment annoncé une éventuelle action en justice contre l'ICIJ.

Ristel Tchounand

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