Investissements : ces nouveaux leviers de la stratégie américaine sur le Continent

«America First» ! Avec de forts accents autarciques, c’est le leitmotiv de la nouvelle stratégique de positionnement des Etats-Unis en Afrique. Ce 13 décembre à Washington, devant le très conservateur think tank Heritage Foundation, John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de l’Administration Trump est revenu sur les leviers de l’influence américaine sur le Continent. Un nouveau positionnement destiné à contrer l’influence de puissances comme la Chine ou la Russie, mais aussi à faire économiser des millions de dollars au 45e président des Etats-Unis. Détails.
Ibrahima Bayo Jr.
Les Etats-Unis octroient annuellement 8 milliards de dollars sous forme d'aides aux pays africains.
Les Etats-Unis octroient annuellement 8 milliards de dollars sous forme d'aides aux pays africains. (Crédits : Reuters)

On en sait un peu plus sur la stratégie militaire américaine sur le Continent depuis l'enquête de nos confrères de The Intercept. Depuis le grand oral de John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de l'Administration Trump devant la Heritage Foundation, un think tank conservateur basé à Washington, les grandes lignes du positionnement géostratégique des Etats-Unis en Afrique se précisent un peu plus. Sous le signe du slogan «America First», cette nouvelle stratégie américaine, aux relents autarciques, s'appuie sur plusieurs leviers qui vont constituer le nouveau positionnement de Washington en Afrique.

Réduction de l'aide américaine à destination de l'Afrique

8 milliards de dollars ! C'est le montant que les Etats-Unis octroient chaque année aux pays africains. Ce «modèle d'aide de longue date est sans effet», a relevé John Bolton devant la Heritage Foundation. A la place, le conseiller national propose la réduction de l'enveloppe de l'aide américaine à destination de l'Afrique. «Malheureusement, des milliards de dollars de contribuables américains n'ont pas produit les effets souhaités. Ils n'ont pas arrêté le fléau du terrorisme, du radicalisme et de la violence», déplore John Bolton

Washington a entrepris une vaste opération de révision de ses programmes d'aide. A paraître au début de l'année 2019, les conclusions de ce rapport devraient inclure une baisse des niveaux de financement et un raccourcissement de la liste des bénéficiaires africains de l'aide américaine. Plus loin encore, les bénéficiaires des enveloppes distribuées par Washington devront être «méritants», puisque l'aiguille de l'aide sera indexée sur les résultats qu'elle aura permis d'atteindre.

Un contrepoids à l'influence de la Chine et de la Russie

L'Afrique, nouveau champ de la guerre d'influence entre puissances étrangères ? La perspective se précise également de plus en plus. A coups d'aides, de grands projets, de coopération économique et commerciale et même culturelle, la Chine réalise une rapide percée pour son ancrage sur le sol africain. S'appuyant sur les vieilles accointances politiques et sur le domaine militaire, la Russie creuse aussi son sillon en Afrique.

Contre cette influence concurrente, John Bolton n'a pas hésité à lancer quelques piques. «La Chine utilise des pots-de-vin, des accords opaques et l'utilisation stratégique de la dette pour tenir les États africains captifs aux souhaits et demandes de Pékin. Ses entreprises d'investissement sont minées par la corruption», croit savoir le conseiller de Donald Trump. Il ajoute sur la Russie que le pays accroît son influence en Afrique via des «relations économiques corrompues». La réorientation de la stratégie africaine de Washington servirait de contrepoids à l'influence de ces deux puissances.

Réduction de la part dans les missions onusiennes de maintien de la paix

Toujours dans sa stratégie de positionnement, les Etats-Unis comptent se retirer progressivement des missions de maintien de la paix de l'ONU en Afrique. Ces missions sont jugées «onéreuses» et sans réel impact sur la paix. Les Etats-Unis contribuent à hauteur de 6,8 milliards de dollars aux missions de maintien de la paix de l'ONU dans le monde : leur contribution est de 28,5%.

«Les Etats-Unis ne fourniront plus d'assistance sans discernement sur l'ensemble du Continent, sans concentration ni priorité. Notre objectif est de résoudre les conflits, pas de les geler à perpétuité», a relevé John Bolton. L'idée de la réduction de la contribution américaine au fonctionnement de l'ONU fait son chemin ces dernières années.

L'année dernière, l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley, avait négocié et obtenu un abattement de 285 millions sur les 5,5 milliards de dollars du budget de l'ONU. Les Etats-Unis qui apportent environ 1,2 milliard de dollars comptent réaliser des économies en réduisant la part des missions de paix. «Nous ne permettrons plus que l'on profite de la générosité des Américains», avait justifié Nikki Haley.

Même rhétorique dans le briefing de John Bolton. «Les ressources, le temps et l'attention que l'on consacre aux forces de maintien de la paix seraient beaucoup plus productifs s'ils étaient utilisés pour le développement et l'amélioration de la situation économique des gens de la région. Si l'on résout les conflits, on libère des ressources économiques et politiques pour d'autres finalités. Cela devrait être notre objectif.»

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaire 1
à écrit le 14/12/2018 à 18:51
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Je lui done une raison totale.

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