Rapport : l'OCDE s'inquiète du recul du financement extérieur aux pays pauvres

Dans son rapport sur «Les perspectives mondiales du financement du développement durable 2019», l'Organisation de coopération et de développement économiques révèle que le financement extérieur destiné aux pays pauvres a grandement chuté alors même que les pays donneurs avaient plutôt promis de l'augmenter. Aussi le rapport suggère aux pays pauvres de redoubler d'efforts pour la mobilisation de leurs ressources intérieures, notamment fiscales.
Pour l'OCDE, «les pays donateurs n'ont pas honoré la promesse faite en 2015 d'accroître les flux financiers à l'appui du développement» vers les pays pauvres, notamment sur le continent africain.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a tiré la sonnette d'alarme cette semaine face aux niveaux de l'aide publique au développement (APD) accordée par les pays avancés aux pays pauvres. Dans son rapport intitulé Les perspectives mondiales du financement du développement durable 2019 et publié ce 12 novembre, l'institution s'inquièté de la chute du financement extérieur aux pays pauvres, craignant que ceci n'impacte la réalisation des objectifs de développement fixés pour 2030.

«Parmi des données sur le financement extérieur qui sont disponibles au-delà de 2016, il ressort de la publication que l'investissement direct étranger à destination des pays en développement a chuté de 30% sur la période 2016-2017 et le financement de projets a baissé de 30% au premier trimestre de 2018», note le rapport qui précise que «le financement extérieur global a chuté de 12% sur la période 2013-2016,un recul qui jette de sérieux doutes sur la capacité de la communauté internationale à atteindre les Objectifs de développement durable à l'horizon 2030».

En effet, le rapport souligne que cette régression intervient à un moment où les pays pauvres ont plus que jamais besoin de ces appuis, mais aussi voient leurs besoins de financement s'accroître. «Cette baisse survient alors même que les besoins de financement à l'appui du développement durable augmentent sous l'effet de la croissance démographique, des conflits ou de la dégradation de l'environnement», note le document.

Réforme du financement de développement

Selon l'OCDE, cette régression notée dans le financement extérieur global vient contredire la promesse faite par les pays avancés en 2015 d'augmenter plutôt ce financement. Ceux-ci avaient promis à la Conférence des Nations Unies d'Addis-Abeba en 2015 de se servir de l'investissement privé comme levier pour accroître le financement du développement, rappelle l'OCDE dans rapport et regrette que ce ne soit pas aujourd'hui le cas.

«Les pays donateurs n'ont pas honoré la promesse faite en 2015 d'accroître les flux financiers à l'appui du développement», a dénoncé le directeur de la Coopération pour le développement de l'OCDE, Jorge Moreira da Silva, à l'occasion de la présentation du rapport au Forum de Paris sur la paix. «Le financement du développement n'est pas un coût, mais un investissement, qui nous aidera à instaurer la paix et la prospérité à l'échelle mondiale, ce qui est la finalité des Objectifs de développement durable».

Pour pouvoir honorer leurs engagements, l'OCDE exhorte les pays donneurs à réformer le financement du développement. Il faut «une refonte du système de financement du développement dans le but de renforcer la transparence, de définir des normes internationales claires et de donner aux pays destinataires les moyens de procéder à des choix optimaux», recommande l'OCDE. L'organisation appelle également «à faire plus pour mesurer l'impact, et non plus seulement le volume, du financement du développement, et à permettre une interaction plus stratégique entre les fournisseurs, les intermédiaires et les bénéficiaires de sorte que chaque dollar dépensé produise le maximum d'impact».

Intensifier les efforts mobiliser les ressources intérieures

En ce qui concerne les pays bénéficiaires des financements en question, ils ne peuvent pas toujours attendre ces aides de la communauté internationale et doivent se batailler chacun à son niveau pour accroître ses ressources. Sur le plan, l'OCDE formule essentiellement deux recommandations : intensifier les efforts pour la mobilisation des ressources intérieures et déployer des mesures incitatives aux investissements des diasporas.

Sur le premier point, l'OCDE estime que les ressources intérieures sont au moins aussi importantes que les apports extérieurs pour le développement durable : «Par exemple, les recettes fiscales sont de loin la ressource financière la plus importante pour les pays pauvres. Pourtant, dans les pays à faible revenu et les pays les moins avancés, les recettes fiscales s'établissent en moyenne à tout juste 14% du PIB, soit moins de la moitié de ce qu'elles représentent dans les pays de l'OCDE (34%) et moins que les 15 % qui constituent le seuil minimum recommandé pour un bon fonctionnement de l'État».

«Autre exemple, les coûts de transaction relatifs aux envois de fonds des émigrés à leur famille dans les pays en développement peuvent atteindre pas moins de 14 à 20 %», indique l'OCDE concernant les fonds de la diaspora, ajoutant qu'un «abaissement des coûts de transfert de seulement 1 % augmenterait de 30 milliards de dollars la valeur du total des envois de fonds des émigrés (qui s'établissaient à 466 milliards de dollars en 2017) -soit l'équivalent d'un quart du total des apports de l'APD».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.