IDE : sous l’effet Trump, les flux baissent même en Afrique [CNUCED]

Les investissements directs à l’étranger (IDE) ont chuté de 41% au cours du premier semestre 2018, a annoncé lundi 15 octobre la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). En Afrique, la baisse est de 3% par rapport aux flux de 2017, mais certains pays, notamment l’Afrique de l’Ouest, enregistrent une régression de 17%, alors que l’Afrique australe et l’Egypte enregistrent une certaine hausse de leurs IDE. En plus de l’instabilité des cours des matières premières, ce recul est attribuable, selon la CNUCED, aux effets des récentes réformes fiscales adoptées aux Etats-Unis.
Sur les six premiers mois de l'année 2018, Au total, les pays du continent africain ont drainé un total d'IDE estimés à 18 milliards de dollars.
Sur les six premiers mois de l'année 2018, Au total, les pays du continent africain ont drainé un total d'IDE estimés à 18 milliards de dollars. (Crédits : CNUCED)

Vue d'ensemble, l'Afrique s'en tire relativement bien, comparée aux autres régions, vis-à-vis de la baisse des IDE constatée au premier semestre de l'année. Selon la dernière édition du Rapport sur les tendances mondiales de l'investissement de la CNUCED, présenté lundi 15 octobre à Genève, les investissements directs à l'étranger (IDE) ont enregistré une forte chute, estimée à 41% au cours du premier semestre 2018 et comparés à leurs niveaux, une année auparavant. Toutefois, cette baisse a affecté principalement les pays industrialisés d'Europe et d'Amérique du Nord, alors que les pays en développement sont dans leur majorité épargnés. Ainsi, la chute des IDE s'est limitée à moins de 3% pour le continent africain, même si cette relative résilience masque des disparités régionales.

Disparités régionales

Au total, le Continent a drainé des flux d'IDE estimés à 18 milliards de dollars sur les six premiers mois de l'année. Ce sont particulièrement les pays d'Afrique australe qui expliquent cette dynamique avec une hausse de 40% des investissements étrangers, en grande partie engagés par l'Afrique du Sud. La nation arc-en-ciel a enregistré un volume remarquable de 3,4 milliards de dollars d'IDE au premier semestre de l'année, contre 1,1 million en 2017, ce qui, pour la CNUCED, confirme la reprise des flux après une baisse sur plusieurs années. Sur la même période également, l'Egypte a vu ses IDE bondir de 24%, ce qui fait du pays la plus grande destination des IDE en Afrique.

En Afrique de l'Ouest par contre, l'on relève une chute assez marquée. La sous-région a ainsi accusé une baisse de ces IDE de 17%, avec des flux d'IDE qui sont passés de 5,2 milliards de dollars au premier semestre 2017, à 3,4 milliards à fin juin 2018. Selon la CNUCED, cette baisse s'explique, en grande partie, par l'environnement économique mondial instable et des prix contrastés pour les matières premières. L'agence onusienne qui plaide pour plus de diversification des économies africaines, ainsi qu'une plus grande intégration des marchés, estime que l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale (Zlecaf) pourrait contribuer à atténuer les conséquences des incertitudes et facteurs à risque qui affectent régulièrement l'économie mondiale.

Guerres commerciales

Bien que ce n'est pas le cas encore pour le Continent, les raisons qui expliquent la chute des IDE au niveau mondial risquent à long et à moyen terme d'impacter encore plus sérieusement le Continent qui tire une importante partie de ces flux des pays industrialisés. Selon le rapport de la CNUCED, d'un montant de 800 milliards de dollars au premier semestre 2017, les IDE sont tombés à 470 milliards pour la même période en 2018. Cette chute s'explique, selon la même source, par les récentes réformes fiscales aux Etats-Unis qui ont encouragé de grandes entreprises américaines à rapatrier leurs bénéfices depuis leurs filiales, notamment d'Europe de l'Ouest vers leurs maisons mères.

Fin septembre dernier, la CNUCED avait déjà alerté sur les répercussions que peut engendrer, «une économie mondiale, de nouveau sous tension», pour les pays en développement et notamment d'Afrique dont la croissance reste fortement tributaire du commerce mondial. Dans son rapport 2018 sur le commerce mondial, la CNUCED a estimé que «les guerres commerciales sont le symptôme d'un malaise plus profond».

«À court terme, ce sont la hausse des droits de douane et l'instabilité des flux financiers qui inquiètent, mais derrière ces menaces à la stabilité mondiale, il y a plus largement l'impuissance, depuis 2008, à corriger les inégalités et les déséquilibres créés par l'hyper-mondialisation», avait alors déclaré le secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi.

En attendant, toute grave escalade se traduisant par une plus grande incertitude et une réduction de l'investissement pourrait avoir davantage de conséquences préjudiciables à moyen terme, selon le rapport, qui souligne que ces conséquences pourraient être particulièrement lourdes pour les pays déjà en proie à des difficultés financières.

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