Private equity : dans la tourmente, le dubaïote Abraaj cède ses activités en Afrique à l’américain Colony Capital

Abraaj Group cède ses activités de private equity en Afrique à l’américain Colony Capital. L’investisseur international basé à Dubaï vient ainsi de franchir la première étape vers la fin de plusieurs mois de troubles, suite à son différend avec des partenaires, dont la Fondation Bill & Melinda Gate et la Société financière internationale, qui l’accusent d'utiliser abusivement leur argent dans un fonds de santé de 1 milliard de dollars.
Ristel Tchounand
Le lundi 18 juin, un tribunal des Iles Caïmans a nommé des liquidateurs provisoires pour les holdings et les unités de gestion des investissements du groupe dubaïote d'Abraaj.
Le lundi 18 juin, un tribunal des Iles Caïmans a nommé des liquidateurs provisoires pour les holdings et les unités de gestion des investissements du groupe dubaïote d'Abraaj. (Crédits : DR)

Quelques formalités et la gestion de fonds en Afrique ne sera plus que de l'histoire ancienne pour Abraaj Group. La société de private equity basée à Dubaï et spécialiste des marchés émergents a accepté de vendre ces activités de gestion de fonds à l'américain Colony Capital, ont annoncé ce jeudi les deux firmes dans un communiqué conjoint.

Deux fonds de 1,3 milliard de dollars

La transaction concerne d'une part l'Abraaj Africa Fund III. Opérationnel depuis avril 2015, ce fonds de 990 millions de dollars d'actifs est dédié à l'investissement dans les entreprises d'Afrique subsaharienne à fort potentiel de croissance régionale exerçant dans les domaines de la finance, des infrastructures et des biens et services de consommation, majoritairement en Côte d'Ivoire, au Nigeria, au Ghana, au Kenya et en Afrique du Sud.

Le second, l'Abraaj North Africa Fund II, est un fonds de 375 millions de dollars d'actifs opérationnel depuis août 2015. Au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Egypte, il cible des entreprises de taille moyenne bien gérées et qui ont démontré une forte croissance et leur capacité à devenir leaders régionaux, notamment dans les secteurs des matériaux et logistique, des services aux entreprises, des biens et services de consommation, de la santé, et de l'éducation.

La chute d'un «puissant»

Abraaj Group a été fondé en 2002 par l'homme d'affaires pakistanais Arif Naqvi (photo). Concentré sur l'Afrique, l'Asie, l'Amérique latine, le Moyen-Orient et la Turquie, le groupe s'est rapidement imposé, devenant l'un des investisseurs les plus influents du monde en développement. En règle générale, lorsque Abraaj lance un fonds d'investissement, un fonds de pension, ou encore un fonds souverain, investisseurs institutionnels, business angels et philanthropes accourent.

Arif Naqvi

Seulement, depuis le début de l'année en cours, le groupe dubaïote -qui avait fait de Nairobi son hub africain- est au cœur du scandale. Il est accusé par quatre de ses investisseurs dont la Fondation Bill & Melinda Gates et la Société financière internationale (SFI) d'avoir utilisé à d'autres fins leur argent dans un fonds de santé de 1 milliard de dollars. La Fondation avait commandé un audit pour enquêter sur la gestion de cet argent. De son côté, Abraaj n'a cessé de rejeter ces allégations.

Deal bouclé le 1er juillet

L'affaire qui a déjà donné lieu à la démission de plusieurs responsables du groupe dubaïote a été portée devant les tribunaux. Le lundi 18 juin, la Grande Cour des Iles Caïmans a nommé des liquidateurs provisoires pour les holdings et les unités de gestion des investissements d'Abraaj. Et c'est dans ce cadre qu'a été négocié le rachat par Colony Capital des fonds détenus en Afrique, lequel a déjà reçu l'approbation réglementaire qui devrait être finalisée d'ici le 1er juillet. A noter que la firme américaine a également accepté de superviser provisoirement les autres fonds régionaux d'Abraaj.

Cette affaire intervient au moment où le capital-investissement connaît un certain essor en Afrique avec la montée de l'entrepreneuriat, de l'innovation et la volonté de plus en plus marquée des entreprises africaines de renforcer leur présence sur le marché mondial et donc, de faire appel à des financements plus puissants.

Ristel Tchounand

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