Soudan : le Qatar construira un port à 4 milliards de dollars sur l’île de Suakin

Après la Turquie, c’est au tour du Qatar de s’implanter sur l’île soudanaise de Suakin où Doha et Khartoum comptent construire une nouvelle infrastructure portuaire, ce qui ne devrait pas plaire au voisin égyptien. Le coût estimé pour ce chantier s'élève à 4 milliards de dollars.
Amine Ater
Au Soudan, les installations portuaires existantes sur l'île de Suakin sont principalement utilisées pour le transport de pèlerins à La Mecque.
Au Soudan, les installations portuaires existantes sur l'île de Suakin sont principalement utilisées pour le transport de pèlerins à La Mecque. (Crédits : Reuters)

Le Soudan et le Qatar viennent de conclure un accord portant sur le développement conjoint d'un port sur l'île de Suakin, située dans la Mer rouge au large des côtes soudanaises, pour un coût estimé à 4 milliards de dollars. La conclusion de l'accord a été annoncée après une visite de responsables qataris sur l'île soudanaise, le 25 mars dernier.

L'île abrite également une base turque

Makawi Mohamed Awad, ministre soudanais des Transports, a confirmé l'accord conclu avec le Qatar, tout en spécifiant que les modalités du projet notamment en termes de coûts et d'autres détails opérationnels sont en cours de finalisation. Ce rapprochement entre Khartoum et Doha devrait déclencher une levée de boucliers du côté du Caire.

L'Egypte est pour rappel en première ligne avec l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis dans le conflit déclaré contre le Qatar. L'émirat est accusé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et Le Caire de soutenir le mouvement des Frères musulmans, bêtes noires du régime égyptien, ou encore de financer les mouvements terroristes en Syrie, en Irak et en Libye.

La même île a déjà été au cœur d'une crise entre l'Egypte et le Soudan, quand Khartoum avait autorisé la Turquie à restaurer en 2017 une partie de Suakin et de construire un dock flottant pour la maintenance de navires civils et militaires. Pour l'heure, aucun des trois pays n'a communiqué sur l'effet qu'aura ce nouveau port sur la base turque.

Le tropisme turco-qatari de Khartoum se précise

Ce qui est du moins sûr aujourd'hui, c'est que le renforcement des liens entre Khartoum et le duo Doha/Ankara est bien réel, alors que les autorités soudaines évoquent parallèlement un réchauffement de la coopération avec son voisin du nord, après une année de relations difficiles entre Khartoum et Le Caire. Le Soudan a d'ailleurs rappelé son ambassadeur en Egypte en janvier dernier, sans offrir d'explications, avant de revenir sur sa décision au début du mois en cours.

Reste à savoir quelle sera la réaction du Caire où le régime militaire a fait de l'éradication du mouvement des frères musulmans une priorité. Pour Doha, cet accord lui permettra de renforcer son autonomie face à ses voisins après le boycott et l'embargo décrété par le CCG et confirme l'apparition d'un nouvel axe au sein du camp sunnite conduit par Doha et Ankara et qui pourrait chercher à séduire des pays africains pour renforcer ses rangs.

Amine Ater

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