La BAD finance un pont sur le Logone qui va relier le Cameroun et le Tchad

La Banque africaine de développement (BAD) vient de valider un financement de 66 millions euros pour la construction d’un pont sur le fleuve Logone et qui va relier le Cameroun et le Tchad. D’une longueur de 620 mètres, l’infrastructure d’un coût total estimé à 110 millions d’euros vise à promouvoir les échanges entre les deux pays à travers des voies sécurisées puisque se trouvant dans la zone où sévit Boko Haram.
Le pont de N'Gueli qui marque la frontière entre le Cameroun et le Tchad, sur le fleuve Logone.

Les localités de Bongor au Tchad et de Yagoua au Cameroun seront bientôt reliées par un pont qui sera édifié sur le fleuve Logone. Le financement du projet, dont les travaux devraient démarrer en juin 2018, est quasiment bouclé avec l'aval que vient de donner la BAD pour débloquer une enveloppe de 66 millions d'euros.

Long de 620 mètres, l'ouvrage, dont la construction va durer quatre ans, devrait simplifier la vie à quelque 2 200 personnes qui, chaque jour, traversent le fleuve. Il devrait ainsi éviter les cas de noyades entre les deux rives estimés aujourd'hui à 70 par an selon la BAD. L'institution financière précise qu'en plus de la construction du pont, il est prévu le bitumage d'une route de 14 km entre la ville camerounaise de Yagoua et le fleuve Logone, la réalisation d'un tronçon d'une distance équivalente du côté tchadien jusqu'à la ville de Bongor, ainsi que la réhabilitation de plusieurs infrastructures socio-économiques.

Par ailleurs, une attention particulière est portée sur les activités génératrices de revenus et la création d'emplois pour les jeunes et les femmes, la construction de marchés locaux, de centres de santé, de salles de classe et l'aménagement d'aires de production agricole. «En plus de ses retombées directes pour ses usagers et les habitants des villages environnants, le pont devrait libérer le potentiel économique dans les secteurs de l'agriculture, du bois et des minéraux dans le nord du Cameroun et dans le sud-ouest du Tchad» a mis en avant Ousmane Doré, directeur général de la banque panafricaine pour la région Afrique centrale.

Aujourd'hui, les populations riveraines de deux rives du Logone sont en effet obligées d'emprunter des embarcations de fortune trop étroites et peu nombreuses pour répondre à la demande. Les commerçants sont, pour leur part, obligés d'emprunter de très longs itinéraires de contournement qui finissent par renchérir les coûts des marchandises et pénaliser les consommateurs des deux pays.

«L'essentiel du commerce entre le Cameroun et le Tchad, qui utilise le port camerounais de Douala pour son commerce extérieur se fait voie terrestre. Le nouveau pont va fluidifier le trafic et booster les échanges entre les deux pays», détaille Ousmane Doré pour qui le pont va aussi permettre d'avoir des trajets sécurisés, alors que la région est sous la menace du groupe extrémiste Boko Haram.

Intégration régionale

D'un coût global estimé à quelque 110 millions d'euros soit près de 92 milliards de FCFA, la réalisation de l'infrastructure a déjà bénéficié d'un engagement financier de 40 millions d'euros de la part de l'Union européenne. Le gap sera complété par l'apport des deux pays dont une grande partie du Cameroun, selon les conclusions du Comité bilatéral de  Pilotage (COPIL) du  projet de construction du pont, à l'issue de sa dernière réunion le 19 octobre dernier à Yaoundé.

«Le Cameroun va apporter à peu près 58% et le reste viendra du Tchad. En même temps, nous allons bénéficier des financements  à  la  fois de la Banque Africaine de Développement, mais aussi de l'Union européenne», avait déjà annoncé à l'époque Jean Tchoffo, le secrétaire général du ministère camerounais de l'Economie, de la planification et de l'aménagement du territoire qui co-préside le COPIL avec son homologue Mahamat Nguembang, secrétaire général du ministère tchadien de l'Aménagement du territoire, du développement de l'habitat et de l'urbanisme.

Les autorités des deux pays entendent ainsi donner un coup d'accélérateur à ce projet d'intégration régionale qui va permettre de booster les échanges entre les deux pays et donc au sein de la CEMAC. Il s'agit d'une aubaine surtout pour le Tchad dont l'économie est largement dépendante du port camerounais de Douala et donc des liaisons pour l'essentiel terrestres et fluviales avec le voisin camerounais.

Il importe de rappeler que c'est le deuxième pont qui sera édifié sur le Logone pour relier les deux pays et sa construction a été envisagée dès 2010.

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