IDE : pour plus de flux, il faut réduire les risques selon la Banque mondiale

La Banque mondiale a récemment rendu public un rapport sur la compétitivité des IDE dans les pays en développement notamment ceux d’Afrique. Selon le document qui se base sur une enquête auprès de dirigeants de multinationales, pour stimuler l’investissement et la croissance, il faut impérativement réduire les risques ce qui passe par l’instauration d’un environnement des affaires prévisible, des réglementations efficaces et une stabilité politique. Sans apporter de recettes miracles, le travail se décline sous la forme d’un « Doing business » pour les IDE.

Les pays africains qui sont présents en force à la COP23 en quête des fonds annoncés dans le cadre de la lutte contre le changement climatiques savent désormais quoi faire pour attirer davantage les investisseurs. Il va falloir rassurer ces derniers, ce qui passe par une réduction des multiples risques qui freinent l'afflux des IDE dans les pays en développement et particulièrement en Afrique. C'est ce que vient de mettre en évidence la Banque mondiale dans son rapport 2017-2018 sur la compétitivité des IDE dans les pays en voie de développement.

Selon le rapport, sans aucune surprise, les Investissements directs étrangers (IDE) ont, dans l'ensemble, un effet bénéfique sur les pays en développement, parce qu'ils apportent un savoir-faire technique, améliorent les qualifications de la main-d'œuvre, renforcent la productivité, créent de l'activité pour les entreprises locales et procurent des emplois mieux payés. « Le tout est de savoir à quel moment et dans quelles circonstances les IDE sont le plus susceptibles d'avoir ce type de retombée », contextualise le rapport qui analyse ainsi l'aptitude de ces pays à attirer des investissements privés mais également à les exploiter durablement au service d'une croissance pérenne sans exclus.

« La compétitivité d'un pays en termes d'investissements ne se résume pas aux flux d'IDE dont il bénéficie. Elle est déterminée par son aptitude à attirer et conserver les investissements privés pour servir de levier à une croissance économique durable et solidaire ». Anabel Gonzal, Banque mondiale

Le rapport qui a été réalisé par l'IFC, la filiale de la Banque dédiée au secteur privé, se décline sous forme d'une enquête auprès de 750 cadres d'entreprises multinationales qui a été conduite à travers une série bisannuelle consacrée à l'étude des facteurs de compétitivité des investissements dans les pays en développement. La conclusion qui en est issue n'apporte pas de nouveauté mais renforce des recommandations déjà soumises par différentes autres analyses du genre. En somme, constate le rapport, les investisseurs internationaux privilégient la stabilité politique, la sécurité, l'environnement macroéconomique et l'attractivité du cadre réglementaire au moment de procéder à des investissements dont on sait qu'ils peuvent jouer un rôle capital dans la croissance et la création d'emplois.

« Les facteurs décisifs des choix des multinationales concernant leurs investissements dans les pays en développement résident dans un cadre juridique et réglementaire propice à l'activité économique des entreprises, ainsi que dans des conditions politiques, sécuritaires et macroéconomiques saines » a souligné, lors de la présentation du rapport Anabel Gonzalez, directrice principale du pôle mondial d'expertise en commerce et compétitivité à la Banque mondiale.

« Donig Business » des IDE

Sur bien des aspects, le rapport s'annonce comme un « Donig Business » pour les IDE. Il étudie en effet l'impact des investissements directs étrangers sur les possibilités de croissance des entreprises locales, évalue le rôle des exonérations d'impôts et autres incitations fiscales dans l'attractivité d'un pays, analyse les caractéristiques des IDE provenant de pays en développement et revient sur l'expérience d'investisseurs étrangers dans des pays en situation de conflit et de fragilité.

« Le rapport sur la compétitivité des investissements dans le monde ne se contente pas d'étudier les grandes tendances de l'investissement étranger : il analyse en profondeur les principaux leviers des IDE », ajoute toutefois, Ted Chu, économiste en chef de la Société financière internationale (IFC).

IDE Banque mondiale IFC

L'enquête a ainsi révélé que la stabilité politique, la sécurité et un environnement juridique et réglementaire prévisible font partie des caractéristiques décisives des choix des multinationales au moment d'engager des fonds dans un nouvel investissement, et que ces aspects sont des facteurs autrement plus déterminants qu'une fiscalité avantageuse ou une main-d'œuvre bon marché. « Les incitations peuvent favoriser l'afflux d'IDE mais elles ne sont en général efficaces que si l'investisseur hésite entre deux nouvelles bases, aux caractéristiques similaires, pour ses exportations » lit-on dans le document. De même, le degré de protection juridique face aux risques politiques et réglementaires (expropriations, transferts de devises, restrictions à la convertibilité ou opacité des relations avec les organismes publics) joue un rôle nettement plus important. « Pour stimuler l'investissement et la croissance dans un pays en développement, il ne suffit pas de sécuriser les projets envisagés, mais de réduire les risques à l'échelle du pays en général » soulignent les auteurs du rapport.

Des IDE positifs pour les pays bénéficiaires

Après avoir analysé la contribution des investissements étrangers aux économies locales, le rapport conclut à « l'influence positive des IDE sur le développement des pays bénéficiaires ». Ainsi, les entreprises locales à forte croissance sont les grandes gagnantes d'un afflux supplémentaire d'IDE sur leurs marchés, à travers l'arrivée de nouvelles technologies et de nouveaux savoir-faire et l'établissement de liens commerciaux.

Le rapport a également mis en évidence la montée en puissance des IDE provenant des pays en développement et qui ont été multipliées par 20 en 20 ans puisque ces opérations représentaient en 2015 un cinquième de tous les flux d'IDE dans le monde. Aujourd'hui, environ 90 % des pays en développement font état d'investissements à l'étranger, même s'ils sont pour l'essentiel le fait des pays BRICS. Le rapport et l'enquête ont observé que si les investisseurs des pays en développement assoient leurs décisions sur les mêmes facteurs, ils paraissent plus disposés à s'aventurer dans des économies régionales de moindre importance et souvent plus risquées, dont ils se servent comme tremplin, « surtout pour les pays en situation de fragilité et de conflit qui souhaitent attirer des investisseurs et diversifier les secteurs bénéficiaires, il s'agit là d'un point essentiel » préviennent les auteurs du rapport. « Mais s'ils veulent tirer un parti optimal des IDE pour l'économie locale, les gouvernements doivent avoir une compréhension fine des motivations des investisseurs car, chaque type d'investissement comporte des avantages et des inconvénients spécifiques » rappelle le document.

Le rapport parait, et c'est là son autre intérêt, au moment où la communauté internationale du développement mise sur le secteur privé pour réduire la pauvreté, installer une croissance équitable, promouvoir une prospérité partagée et, plus généralement, réaliser les Objectifs de développement durable (ODD). « Les nombreux éléments attestant de l'impact positif des IDE sur le développement ne doivent pas faire oublier les menaces qui planent sur l'économie mondiale, aux prises avec un regain de protectionnisme commercial et en matière d'investissement, ainsi que différents risques géopolitiques » met en évidence la Banque mondiale en guise de conclusion. Les pays africains ne doivent donc pas se reposer sur leurs lauriers en attendant que les fonds arrivent d'eux-mêmes ou en se contentant de mirobolantes promesses à coup de sommets et de conférences de donateurs.

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