Gaz et phosphates rapprochent Abuja et Rabat

Le Maroc et le Nigéria viennent d’annoncer leur volonté de relier le Nord et l’Ouest du continent par un gazoduc qui longerait les côtes ouest africaines pour s’arrêter en Europe. Un projet pharaonique qui lie les deux pays. Le Maroc a également investi le secteur agroalimentaire, via son bras armé, OCP Group, qui s’est allié au milliardaire nigérian Dangote pour la fourniture de phosphate.
Amine Ater
Le projet de gazoduc entre le Maroc et le Nigéria aurait été décidé en marge de la COP 22 qui s'est tenue en novembre dernier à Marrakech.

La tournée africaine du Souverain marocain se poursuit au Nigéria, où les deux pays viennent de conclure une série d'accords économiques. Rabat et Abuja ont ainsi confirmé leur ambition de doter l'Afrique de l'Ouest d'un pipeline de gaz qui devrait traverser la côte Ouest africaine jusqu'au Maroc, pour arroser par la suite l'Europe. Un projet dont l'accord bilatéral a été signé le 3 décembre entre le roi Mohammed VI et le président nigérian, Muhammadu Buhari, au palais présidentiel d'Abuja.

Au moment où nous mettions cet article en ligne, ni les détails du volet technique (tracé exact, capacité de transit...), ni le montage financier exact n'ont été rendus publics. Selon des estimations, ce projet pharaonique devrait mobiliser des milliards de dirhams. La gestion de ce chantier devra être confiée à un organe de coordination bilatéral constitué par les fonds souverains Nigeria Sovereign Investment Authority (NSIA) et Ithmar Al Mawarid (Ithmar Capital, ex FMDT). Ce pipeline représente donc le premier projet de Ithmar Capital, créé en octobre dernier suite à la réorientation de ce qui était à l'époque le Fonds Marocain de Développement du Tourisme. Une structure qui a mué de bras financier de la stratégie touristique marocaine, à un « fonds souverain » agissant dans tous les secteurs à valeur ajoutée de l'économie marocaine.

Les discussions sur la mise en place du ce gazoduc ont culminé en marge de la COP 22 à Marrakech. Le tracé du projet devrait étendre le pipeline existant entre le Nigéria, le Bénin, le Togo et le Ghana vers le Maroc, en passant par Dakar. Il n'empêche que la dernière étape du pipeline avant le territoire marocain, reste la Mauritanie. Tout le défi pour Rabat sera de convaincre Nouakchott connaissant les relations tumultueuses entre les deux pays.

Cet accord enterre par ailleurs, le gazoduc entre le Nigéria et l'Algérie qui devait traverser le Sahel pour atteindre les côtes algériennes. Un projet freiné notamment par l'insécurité qui règne au Nord-Mali et l'effet de la baisse du baril sur les finances des deux pays.

Dangote décroche son usine d'engrais

Une escale nigériane qui a également profité au milliardaire nigérian, Aliko Dangote. Ce dernier a conclu un accord avec le géant marocain OCP pour la fourniture en phosphate d'une nouvelle usine d'engrais au Nigéria. Une unité industrielle qui s'inscrit dans le cadre d'une vaste complexe d'un coût de 9 milliards de dollars et comprend également un projet de raffinerie de pétrole.

En plus de la fourniture de phosphate, les groupes OCP et Dangote Industries Limited ont également constitué une joint-venture pour la mise en place d'une usine d'acide phosphorique dans le complexe marocain de Jorf Lasfar. Un projet qui devrait être opérationnel dans un délai d'un an et demi selon OCP. Le mastodonte marocain a également conclu avec l'Association des producteurs et fournisseurs d'engrais au Nigéria, un accord portant sur la fourniture par l'OCP de 2 millions de tonnes d'engrais lors des 3 prochaines année pour développer le marché des engrais.

Cette escale nigériane a également vu la signature de 14 accords et mémorandum d'entente entre Rabat et Abuja. En plus des accords relatifs au projet de gazoduc, liant la NSIA et Ithmar Capital, figurent l'accord sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements. S'y ajoutent, les mémorandums d'ententes entre le groupe Crédit Agricole du Maroc et Nigeria incentive based risk sharing system for agricultural lending (NIRSAL), la Casablanca Stock Exchange (CSE) et Nigeria Stock Exchange, le groupe Attijariwafa Bank et United Bank For Africa.

Amine Ater

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