« Gilets rouges » au Burkina Faso : la parade du gouvernement face à la fronde contre la hausse des prix du carburant

Pour faire le parallèle au mouvement social en France, certains médias les surnomment les « gilets rouges». En tee-shirts rouge, les manifestants de ce jeudi 29 novembre 2018 à Ouagadougou ont poussé le gouvernement à une réaction. Au lendemain de leur mouvement de colère contre la hausse de 75 Fcfa des prix des carburants, le gouvernement a annoncé la mise en place d’un barème trimestriel de fixation des prix à la pompe. Une parade pour calmer la grogne ascendante, sans céder sur l’essentiel.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Depuis la marée rouge de la Coalition contre la vie chère qui a investi les rues de Ouagadougou, ce jeudi 29 novembre 2018, le gouvernement cherchait une soupape pour faire évacuer la colère. Ce vendredi 30 novembre, lorsque Remis Fulgance Dandjinou, le ministre de la Communication, informe les Burkinabè sur les mesures du gouvernement, la parade est toute trouvée : un nouveau barème de fixation des prix des carburants actualisé tous les trois mois.

Tarification trimestrielle pour calmer le totem de la colère

« Il faut savoir que désormais, nous aurons un nouveau mécanisme de fixation des prix qui se fera tous les trois mois. Cette fixation des prix fera un peu la moyenne de l'évolution du baril sur le marché international pour ne pas avoir une indexation à la pompe qui soit trop fluctuante et qui permet à l'Etat de continuer à garantir un minimum de subvention et de ne faire marquer la hausse ou la baisse que lorsqu'il ya un certain nombre de seuil atteint », a fait savoir le ministre lorsqu'il reçoit la presse dans son bureau.

Pas de rétropédalage gouvernemental sur les prix affichés à la pompe, ceux là mêmes dont la majoration avait déclenché la colère des usagers. A la place, les autorités proposent, en plus de mesures d'accompagnement auprès des transporteurs, une grille tarifaire trimestrielle indexée sur le suivi de l'oscillation des cours pétroliers à l'international. Suffisant pour contenir la grogne sociale contre la hausse des prix ?

Rien n'est moins sûr. Depuis le début de l'année, les prix des denrées augmentent progressivement pour les ménages burkinabè qui voient leur pouvoir d'achat fondre. Lorsque l'inflation atteint les prix du litre d'essence et du gasoil, majorés de 12%, soit 75 francs CFA, le gouvernement semble avoir touché le totem de la colère.

Vers un prolongement du mouvement des « gilets rouges»?

Ce jeudi 29 novembre 2018, à l'appel de la Coalition contre la vie chère, des milliers de manifestants vêtus de tee-shirts rouges avaient manifesté contre la hausse des prix du carburant. Surnommés les « gilets rouges» en référence au mouvement social similaire en France, les manifestants avaient contraint Arouna Kaboré, le ministre du Commerce et de l'Industrie à transmettre leur cahier de revendications au Premier ministre. Une action assortie d'un avertissement de manifestations plus larges dans les prochains jours.

Avec son nouveau barème, le gouvernement veut donc contenir la colère de la rue, sans céder sur l'essentiel. Même s'il reconnaît par la voix de son ministre de la Communication que la hausse visée est « la plus importante jamais faite dans l'histoire du Burkina Faso», le gouvernement veut faire des économies sur les 14 milliards de francs CFA mensuels de subvention à l'achat de produits pétroliers. «Aujourd'hui, on demande de ramener ce taux à un niveau acceptable pour notre État afin de pouvoir faire autre chose pour le développement du pays et aider à la lutte sécuritaire», plaide Fulgance Dandjinou pour le compte du gouvernement.

Tout le défi est de convaincre une rue acquise à l'idée que l'augmentation des prix du carburant n'est que le début d'une spirale de hausse généralisée des prix des autres denrées. La Coalition à l'origine du mouvement social réclame des assurances et des réponses sur le cahier des revendications. Un dialogue de sourds dans un Burkina Faso post-révolution où la rue est si prompt à la levée de pancartes. Le mouvement des «gilets rouges» pourrait prendre de l'ampleur.

Ibrahima Bayo Jr.

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