Afrique du Sud : 2 milliards de dollars de recettes et l’industrie minière toujours en difficulté [PwC]

En septembre 2017, la Chambre des mines d’Afrique du Sud déclarait publiquement l’industrie minière en crise. Aujourd’hui, un an plus tard, Price waterhouse and Coopers publie un rapport sur l’exercice financier 2018 et dresse un bilan mitigé. Alors que le chiffre d’affaires global est en hausse de 8% à près de 2 milliards de dollars, la prudence reste de mise, selon le rapport. Explications.
Ristel Tchounand
La mine de Sishen est une grande mine de fer située dans le centre de l'Afrique du Sud.

Rien ne va comme l'auraient souhaité les compagnies minières actives sur le marché sud-africain. Bien que l'exercice financier, au 30 juin 2018, débouche sur une hausse de 8% du chiffre d'affaires global à 28 milliards de rands, soit près de 2 milliards de dollars, «la vigilance reste de mise», estime Price waterhouse and Coopers (PwC) dans son tout nouveau rapport sur l'industrie minière en Afrique du Sud, publié ce mercredi 3 octobre.

La performance financière du secteur est portée par le charbon qui représente 29% des recettes minières. Un bond que la filière doit à une production «marginalement plus élevée» et au cours du rand dont le niveau lui est resté favorable. Le manganèse aussi s'en est bien sorti, surtout en matière de production. Selon le rapport, c'est l'un des rares minerais ayant connu «une véritable croissance au cours de ces 15 dernières années».

Un gain qui cache une perte

L'or et le platine en revanche ont connu des cours du rand plus bas qui ont provoqué une baisse considérable des prix, mettant la pression sur les producteurs. C'est cette pression qui a d'ailleurs poussé le géant Impala Platinum -qui produit près de 22% du platine mondial- à envisager début août un plan de 13 000 licenciements. «2018 a été marquée par une performance mitigée pour l'industrie minière sud-africaine, avec le prix des matières premières en vrac qui a continué de grimper, après avoir connu des cours bas en 2016, alors que les métaux précieux continuent de traverser une phase difficile», commente Michal Kotzé, responsable des Services et des ressources énergétiques pour l'Afrique chez PwC.

Les compagnies minières ont tenté au cours de l'exercice de réduire leurs coûts d'exploitation. Certaines y sont parvenues à moindre mesure, mais sans que cela n'ait d'incidence conséquente sur l'inflation des coûts des achats.

«La diminution des coûts et les difficultés liées à la production ont provoqué un affaiblissement des résultats opérationnels. Si l'on ajoute la détérioration du cours de l'or et du platine, cela veut dire concrètement que l'industrie a enregistré une perte en 2018», explique Kotzé.

Faut-il craindre les incidences de la nouvelle Charte ?

Ces dernières années, l'industrie minière en Afrique du Sud a connu tellement de difficultés que le directeur de la Chambre des mines sud-africaine, Roger Baxter, n'a pas pu s'empêcher de déclarer le secteur «en crise», alors qu'il participait à l'Africa Down Under en Australie en septembre 2017. C'était la première fois qu'un officiel dressait publiquement un tableau aussi sombre d'un secteur qui, historiquement, intéresse au plus haut point les investisseurs internationaux.

A l'époque, une véritable guéguerre opposait la Chambre des mines au ministère des Ressources minières. En toile de fond, le projet de Charte minière portée par ce dernier. La nomination en février 2018 d'un nouveau ministre, Gwede Mantashe (photo) -un homme fort de l'ANC, le parti au pouvoir-, a été source d'accalmie avec l'expectative d'un renouveau dans la gouvernance de ce secteur clé pour l'économie du pays.

Gwede Mantashe

 Jeudi 27 septembre dernier, il a présenté la nouvelle Charte minière qui stipule de nouvelles mesures strictes, telles que l'obligation pour les compagnies détentrices de permis d'exploitation d'avoir 30% de propriétaires noirs ; le passage à 25% -contre 20% initialement- du pourcentage obligatoire de représentation des femmes noires dans les sociétés minières ; ou encore les intérêts reportés fixés à 10% qui représentent en fait la part obligatoire à redistribuer entre les communautés et les employés.

Dans son rapport, PwC émet quelques réserves quant à l'efficacité de cette charte dans un contexte où pour relancer le secteur -avec notamment la modernisation de ses mines- l'Afrique du Sud a grandement besoin d'investissements privés. Le cabinet international rappelle les cas de la RDC et de la Tanzanie où le nouveau code minier pour le premier et les modifications réglementaires ne font pas l'unanimité chez les investisseurs. Pour l'heure en tout cas, Johannesburg se montre confiante. Selon le ministre, cette charte est «un compromis parfait pour toutes les parties prenantes».

Ristel Tchounand

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