RDC : Kinshasa reste ferme et classe comme stratégiques le cobalt et le coltan

Après avoir promulgué un nouveau code minier malgré la résistance des opérateurs internationaux, Kinshasa maintient la cadence en annonçant la classification du cobalt, coltan, lithium et germanium comme « minerais stratégiques ». Une mesure qui fait passer la redevance de ses minerais de 2 à 10%, alors que le demande explose vu leur utilisation dans les industries automobiles, de téléphonie mobile ou encore dans la fabrication des outils d’énergie renouvelable.
(Crédits : Reuters)

La République Démocratique du Congo vient de classer le cobalt et le coltan comme « minerais stratégiques », ce qui permettra à Kinshasa d'imposer de plus importantes redevances sur ces minerais dont dépendent fortement la technologie utilisée pour la fabrication de batteries pour voitures électriques ou encore dans le secteur des énergies renouvelables.

Accroître les revenus publics

Ce mouvement s'inscrit dans le cadre de nouveau code minier promulgué le 9 mars dernier par le président Joseph Kabila, malgré la résistance acharnée des compagnies minières internationales en activités en RDC et menées par le trio Glencore, Randgold et China Molybdenum. Cette manœuvre fera passer les redevances versées à l'exécutif de 2 à 10% pour l'extraction du cobalt et du coltan, les minerais qui n'ont pas été classés comme stratégiques ont vu leurs redevances fixées à 3,5% par le nouveau code.

Le recours à cette classification vise à permettre au gouvernement d'accroître ses revenus tirés de l'extraction des minerais « les plus rentables », de manière à injecter plus de fonds publics dans les budgets alloués à l'industrialisation et au social. « Nous devons faire assez d'argent avant de manquer de minerais, c'est pourquoi ils sont stratégiques pour le pays. Nous devons nous assurer que, pendant les 20 prochaines années, nous ferons de l'argent grâce à ces minéraux, car la demande sera très élevée. Cela va continuer à croître et nous n'allons pas cesser d'augmenter les redevances sur ces minerais », a expliqué la presse, Jean Nkunza conseiller du Premier ministre.

Les opérateurs impuissants pour le moment

Le lithium et le germanium ont également été classés comme « minerais stratégiques ». La RDC dispose pour rappel des plus importantes réserves de cobalt au monde, alors que les cours de la ressource ont plus que doublé en 2017. Kinshasa est également le plus important producteur de cuivre du continent. Ces mesures et la nouvelle mouture du code minier sont considérés par les opérateurs étrangers comme un épouvantail pour les investisseurs potentiels.

Face à un exécutif congolais inflexible sur la question, les opérateurs frondeurs ont convenu d'entamer des négociations avec le gouvernement sur l'application du nouveau code. Cette annonce réduit encore la portée des négociations à venir, vu que les opérateurs comptaient déterminer lors de pourparlers les métaux qui seraient classés stratégiques. Ce code a également supprimé une clause introduite en 2002 et qui protégeait les compagnies des changements de régime fiscal et douanier pendant une période de 10 ans.

Du côté de Kinshasa, cette réforme vise à atténuer l'effet de la crise qui a durement frappé l'économie congolaise lors des dernières années, faisant passer l'inflation à près de 50% en 2017. Les finances congolaises sont par ailleurs, fortement dépendantes de l'exploitation des ressources naturelles et sont fortement sollicitées par l'effort de sanctuarisation de l'immense territoire par les forces de sécurités, qui doivent également faire face à une multitude de groupes rebelles contre le régime Kabila ou étrangers cherchant simplement refuge dans le vaste arrière-pays congolais.

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