Covid-19 : les banques interdites de tout licenciement au Nigeria

Le mot d’ordre vient de la Banque centrale du Nigeria. Les banques commerciales sont désormais interdites de tout licenciement. Une mesure qui intervient alors qu’Access Bank, la première banque de la plus grosse économie d’Afrique, avait lancé une série de licenciements sur fond de crise liée au Covid-19.
Ristel Tchounand
(Crédits : Reuters)

« Aucune banque au Nigeria ne doit licencier ou licencier du personnel de tout cadre (y compris à temps plein et à temps partiel). [...] L'approbation expresse de la Banque centrale du Nigeria est requise dans le cas où il devient absolument nécessaire de licencier du personnel ». La note de la Banque centrale du Nigeria a atterri chez toutes les banques commerciales opérantes dans le pays ce lundi, après une réunion spéciale du Comité des banquiers examinant les effets de la pandémie du Covid-19 sur le secteur.

Après plusieurs licenciements chez le leader de la banque

Le secteur bancaire nigérian est si durement touché par la crise que la première banque du pays, Access Bank avait déjà commencé la réduction des salaires ou des licenciements, afin d'alléger ses charges d'exploitation. Selon Reuters, « 70% de ses 30 000 employés » seraient concernés par les deux mesures. Lors d'une réunion de crise la semaine dernière, le CEO Herbert Wigwe a annoncé ces mesures de licenciements et de réduction de salaires, arguant que la top management de la banque mesure la délicatesse de cette décision, mais qu'il est impératif de « protéger » le groupe face à la crise. « Je serai le premier à prendre le dessus et je subirai la plus grande réduction de salaire jusqu'à 40% », a-t-il déclaré, rapporte Nairametrics, soulignant que l'acquisition par Access Bank de son concurrent Diamond Bank en 2019 avait majoré de 31% ses charges d'exploitation à 76,9 milliards de nairas (196,8 millions de dollars).

« L'intervention de la Banque centrale est légitime, parce qu'une fois que la plus grande banque du pays licencie et réduit les salaires, toutes les autres banques vont suivre », commente pour La Tribune Afrique un patron de banque ouest-africain. « D'autant que, poursuit-il, les banques actuellement se serrent extrêmement la ceinture, surtout au Nigeria qui sort de plusieurs années économiquement difficiles et que la chute des cours du pétrole et crise économique provoquée par le coronavirus n'annoncent pas de jours meilleurs ».

Au travers de cette mesure radicale pour les banques, la Banque centrale du Nigeria entend surtout atténuer l'impact négatif de la pandémie sur les ménages dont la plupart, au plan national, ont été durement touchés par le confinement, nombre d'entre eux vivant au jour le jour. C'est notamment ce qui explique le déconfinement progressif fraîchement décidé par les autorités, au moment où le pays doit gérer 2 802 contaminés au coronavirus, 417 guérisons et 93 décès.

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A côté, la Banque centrale du Nigeria étudie la possibilité de mieux soutenir les banques commerciales pendant cette période, notamment en appuyant davantage leurs charges d'exploitation.

Une tendance qui aurait pu s'exporter

Certains analystes pensent que la tendance aux licenciements que la Banque centrale vient d'interrompre était « dangereuse » en ce sens qu'elle aurait pu rapidement s'exporter. « Généralement, les pays de la région comme le Ghana, la Sierra Leone, le Liberia suivent le Nigeria. Si les banques commencent à licencier au Nigeria, on verra également des licenciements dans ces pays », commente le patron de banque ouest-africain.

Ristel Tchounand

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