Afrique du Sud : la Banque centrale va au clash avec l’Ombudsman

La procédure judiciaire qui vise les prérogatives de la Banque centrale sud-africaine ont poussé cette dernière à sortir de sa réserve habituelle. La Banque vient en effet de saisir la Haute Cour de Pretoria pour annuler la demande d’intégrer le bien-être socio-économique des citoyens dans ses missions. Une hypothèse qui risque de créer la panique chez les agences de notations et les investisseurs.
Amine Ater

La Banque centrale sud-africaine vient de passer à l'offensive face à l'Ombudsman anti-corruption qui a lancé une procédure judiciaire pour modifier le mandat de l'établissement. Bien que la direction de la Banque ait opté pour le silence depuis l'annonce par Busisiwe Mkhwebane, de son appui aux parlementaires souhaitant modifier la constitution de manière à intégrer le « bien-être socio-économique des citoyens » parmi ses missions.

Plainte contre plainte

Face à l'entrée en jeu de la Haute Cour de Pretoria pour entériner ce changement de statut, la Banque centrale a décidé de lancer à son tour une procédure judiciaire devant la même Cour dans l'espoir d'annuler l'instruction appuyée par l'Ombudsman. La sortie de la Banque de sa discrétion habituelle s'explique également par les retombées de cette action en justice sur le rand, une monnaie de plus en plus volatile alors qu'elle faisait partie des monnaies majeures des marchés émergents.

La mesure défendue par l'Ombudsman a rencontré la résistance de l'ANC et du Parlement. Les agences de notation ont également critiqué cette procédure qui risquerait de mettre à mal l'indépendance de la Banque centrale. Ces agences ont par ailleurs menacé Pretoria de dégrader sa note souveraine. S&P Global Ratings et Fitch Rating ont évoqué le risque de voir les décisions de la Banque centrale prendre un accent politique. Pour le moment, tous les protagonistes attendent la décision de la Haute Cour de Pretoria.

Risque de panique généralisée

Il n'empêche qu'un changement des statut de la Trésorerie générale entraînerait un mouvement de panique chez les investisseurs et les agences de notation avec pour épicentre la place de Johannesburg. Une crainte justifiée par la perte de confiance des marchés dans l'économie sud-africaine récession oblige. S'y ajoutent les accusations de collusion entre le président Zuma et la famille Gupta ainsi que le conflit larvé entre Pretoria et les agences de notations depuis le limogeage de Pravin Gordhan en mars dernier.

Le mandat actuel de la Banque centrale sud-africaine est de juguler l'inflation et d'établir les perspectives économiques de la Nation Arc en ciel. Pour la branche sud-africaine de Moody's Investors, étendre le rôle de la Banque au bien-être socio-économique des sud-africains, souligne le renforcement de la pression politique pour « saper » l'indépendance de la politique monétaire du pays.

Amine Ater

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