Cameroun  : orienté par le FMI, le gouvernement se prépare à assainir le secteur bancaire

Le secrétaire général du ministère camerounais des Finances, Gilbert Didier Edoa, a révélé que son pays est sur le point d'entamer l'assainissement du secteur bancaire. Avec un budget de quelque 30 milliards de Fcfa, ce plan s'insère dans le cadre des recommandations du FMI pour la réforme des secteurs clés dans le pays.
Le plan du ministère camerounais des Finances pour assainir le secteur bancaire devrait lui coûter quelque 400 milliards de francs CFA.

Le gouvernement camerounais a finalement décidé d'entamer des réformes dans le secteur bancaire afin d'améliorer sa participation au tissu économique. L'initiative qui coïncide avec le lancement du programme économique conclu avec le Fonds monétaire international (FMI), a été confirmée par Gilbert Didier Edoa, secrétaire général du ministère des Finances dans un entretien accordé à nos confrères de l'Agence Ecofin. «Le gouvernement camerounais travaille effectivement dans le cadre de ce plan (programme économique du FMI, NDLR), à améliorer le cadre des activités bancaires, afin de permettre à ce secteur de participer pleinement à la relance de notre économie», a expliqué Edoa.

Alors que ce dernier n'a donné aucun détail sur la démarche du gouvernement, cinq banques au moins -dont trois commerciales- se trouveraient dans une situation préoccupante pour le gouvernement. Il s'agirait notamment de la Commercial Bank of Cameroon et de la Banque des petites et moyennes entreprises.

Une vulnérabilité persistante et des impayés en progression

Les prêts non remboursés représentent l'un des défis majeurs auxquels les banques camerounaises font face aujourd'hui. Encore situées à 11,5% en 2015, les créances en souffrance ont enregistré l'année dernière une progression à 14,7%. Au rang des clients défaillants, l'Etat et les entreprises étatiques qui devraient déjà quelque 30 milliards de francs CFA à leurs créanciers.

Outre les crédits en souffrance, le secteur bancaire est également en situation de fragilité, malgré sa résilience vis-à-vis de la crise de la balance des paiements dont sont aujourd'hui victimes les pays d'Afrique centrale. Pour preuve, les investissements effectués sur les titres publics des pays de la zone CEMAC représentent 16% des actifs de ces derniers. Une situation qui exposerait les banques à un défaut souverain, mais qui démontre leur vulnérabilité.

Un chèque de 400 milliards de Fcfa

Le plan d'assainissement du secteur bancaire a un coût : quelque 400 milliards de francs CFA que l'Etat doit supporter. L'Agence Ecofin croit savoir que le plan est déjà prêt et sera incessamment soumis à la Commission bancaire d'Afrique centrale (COBAC) d'ici à la fin août 2017. Celui-ci prévoit notamment une recapitalisation des activités des banques par leurs actionnaires, une option sans doute compliquée pour les privées et plus probable pour les banques publiques. Cette opération de recapitalisation difficile à concevoir pour les actionnaires devrait prendre en compte l'absorption des créances douteuses. Ce qui explique le coût exorbitant du plan.

Cependant, le mécanisme de financement de ce plan d'assainissement n'a pas encore été précisé, du moins officiellement : le gouvernement pourrait en effet pencher pour une opération sur le marché des titres obligataires d'une longue maturité. Un scénario qui permettrait au Trésor public de résorber les emprunts douteux des banques en difficultés avec les produits des émissions obligataires.

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