Assurances : le Kenya veut passer à la vitesse supérieure

Le Kenya est aujourd’hui le quatrième pays sur le marché africain des assurances après l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Egypte et le Nigéria. Nairobi veut améliorer son positionnement en misant sur une nouvelle politique basée sur l’innovation et la création de produits et services d’assurances destinés aux très petites entreprises et aux ménages à faibles revenus.
Ristel Tchounand

« Je demande instamment aux compagnies d'assurance d'être plus novatrices et de s'aventurer dans le micro-espace pour s'assurer que de nombreux Kényans ont accès à des produits abordables ». C'est sous ce mot d'ordre que s'est adressé le président de la République du Kenya, Uhuru Kenyatta, lors de son allocution lue par le secrétaire du cabinet du Trésor devant les acteurs de l'industrie nationale de l'assurance jeudi 6 juillet.

Dans le giron de la finance

Le locataire de la State House de Nairobi se dit insatisfait de la lenteur avec laquelle le secteur national de l'assurance se développe, alors que son pays est devenu une référence en Afrique en matière financière.

« Le secteur financier du Kenya est largement reconnu pour son leadership dans le domaine de la technologie des téléphones mobiles, ce qui a entraîné une hausse de 26% en 2006 à 75% actuellement. Mais le sous-secteur des micro-entreprises étant encore sous-développé, sa croissance nécessite un accès amélioré aux produits d'assurance à des tarifs abordables à l'extrémité inférieure du marché », a-t-il expliqué, soulignant que c'est à ce niveau que les compagnies d'assurance devraient agir.

Sur le marché africain de l'assurance en effet, le Kenya figure dans le top 5, mais est devancé par l'Afrique du Sud qui s'accapare 75% du chiffres d'affaires global, suivi du Maroc, l'Egypte et le Nigéria, selon une récente publication de Proparco, la filiale de l'Agence française de développement, dédiée au secteur privé. Sur les 600 compagnies que compte le continent, 51 exercent au Kenya, le résultat de la multiplication des investissements ces dix dernières années. Selon les données de l'Autorité de réglementation des assurances, les investissements dans le secteur sont passés de 900 millions de dollars en 2006 à 4,2 milliards de dollars en 2016.

« Le secteur de l'assurance dans ce pays a évolué rapidement au cours de la dernière décennie. Nous avons élargi la pénétration de l'assurance à travers l'amélioration du pouvoir d'achat et de la sensibilisation des Kényans », reconnait d'ailleurs le commissaire par intérim aux assurances, Godfrey Kiptum. Et d'ajouter que ces investissements dans le secteur ont surtout été favorisé par la mise en place de « règles judicieuses » et l'entretien d'un environnement macroéconomique stable.

Des réformes à venir

Mais le gouvernement veut aller encore plus loin. C'est d'ailleurs poussé par cette volonté que le Kenya a activement participé à la 41ème conférence et assemblée générale de la fédération des sociétés d'assurances de droit national africaines (FANAF) qui s'est tenue à Marrakech (Maroc) en février dernier sous le thème : « Nouveaux enjeux réglementaires et défis opérationnels : quelle stratégie pour l'assurance africaine ? », où il était question de discuter des moyens de rendre l'assurance africaine encore plus compétitive sur le plan internationale, elle qui représente 1,5 % du marché mondial de l'assurance.

Actuellement au Kenya, -toujours selon les chiffres officiels- seuls 4,3 millions de personnes ont souscrit à une assurance vie et 2,7 millions de polices d'assurance ont été vendues entre 2007 et 2016 alors que le pays compte une population de 46,05 millions d'habitants (selon la Banque mondiale en 2015). Tout en interpellant les acteurs du secteur, Uhuru Kenyatta s'est engagé à accélérer les réformes réglementaires afin de renforcer les capacités du secteur, sensibiliser le public et adopter des nouvelles technologies pour stimuler la croissance d'un secteur qui soutient l'inclusion financière, la création d'emplois et la stabilité sur les marchés financiers.

Ristel Tchounand

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