Les banques se ruent sur le Togo, le crédit reste hors de portée

Les banques font leur ruée sur le Togo. Il y a quelques années le pays ne comptait que trois banques étrangères contre près d'une dizaine aujourd'hui. Malgré ça, malheureusement, l'accès au crédit reste un vrai parcours du combattant pour les Togolais.

Il est 10 heures, ce vendredi 16 décembre 2016 à Lomé, capitale du Togo, centre des affaires du pays. Honoré Assogbavi, étudiant en fin de cycle à l'Université de Lomé, veut créer un compte bancaire. Arrivé au grand marché de Lomé, il est confus car devant lui se trouvent les siège de plusieurs banques. « Je suis dans l'embarras. Je ne sais où aller pour ouvrir mon compte avec cette multitude de banques qui est au Togo. Mais je dois faire un choix », a laisser entendre le jeune étudiant. Le secteur bancaire au Togo est en plein essor car çà et là, à chaque coin de rue, on peut observer à vue d'œil les immeubles bancaires dressés. Les unes en face des autres, à quelques mètres parfois, les banques ont pris d'assaut la capitale togolaise. Une situation qui illustre bien un regain de confiance du secteur bancaire à Lomé.

Un foisonnement du secteur bancaire

Le secteur bancaire togolais est en plein essor. Récemment plusieurs groupes bancaires régionaux ou panafricains s'y sont installés. Ecobank, Orabank, Banque sahélienne pour l'investissement et le crédit, Banque Atlantique, Financial Bank, Société interafricaine de banque, Diamond bank, Coris bank, Bank of Africa, Société générale ont élu domicile à Lomé, et bien d'autres sont annoncées pour 2017-2018. Avec un taux de bancarisation, le plus fort de l'espace UEMOA, le Togo est pour ces institutions un marché de premier choix. « Fort de son développement économique, d'une urbanisation et d'un déploiement des infrastructures accrus, le Togo voit l'émergence d'une classe moyenne et d'un tissu industriel dont les besoins en services bancaires et financiers croissent et se diversifient », souligne Alexandre Maymat responsable de la région Afrique/Asie, Banque et Services Financiers Internationaux chez Société générale, pour expliquer leur intérêt porté à ce petit pays de l'Afrique de l'ouest.

A en croire les archives du ministère de l'économie et des finances du Togo, fin 2005, le Togo ne comptait que quelques banques dont trois étrangères, trois publiques et une privée. Une décennie plus tard, la progression du secteur est sans précédent. Six bancaires étrangères et un total de douze banques dessert le Togo. Coris Bank international et Société générale sont les dernières venues.

D'une part l'amélioration du climat des affaires et de l'autre l'augmentation du ratio dépôts / PIB, sont les principaux arguments des experts pour justifier la dynamique.

Le Togo a un ratio dépôt/PIB de 38% selon les chiffres de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BCEAO), nettement supérieur à celui de la zone Uemoa qui est à 25%. Un chiffre conséquent à un taux de bancarisation qui est passé de 3% à 8,5% ces cinq dernières années. Avec un marché potentiel de 80% de clientèle non-bancarisée du pays à conquérir, en plein essor bancaire, les banques continueront encore pour longtemps leur course vers Lomé. « Il y a dix ans, c'était la période au cours de laquelle nous-mêmes on se rivalisait au Togo parce que les banques ne se bousculaient pas aux portes du Togo. Aujourd'hui, le climat des affaires au Togo se prête bien à l'activité bancaire. Donc cela illustre bien la ruée des banques vers le pays », a confié Koffi Eza, Secrétaire permanent de l'Association professionnelle des banques et établissements financiers du Togo (APBEF-Togo).

Malgré cette ruée des banques, l'accès au crédit est un calvaire

Les résultats du secteur des banques au Togo sont très encourageants. Mais malgré une rentabilité nette de 5 milliards au bout de l'année 2016 et l'encours des dépôts qui s'est accru à 1.330 milliards de Franc CFA, le secteur du crédit reste perdant. L'accès des ménages et des entreprises au crédit reste difficile avec des taux prohibitif de l'ordre de 8%. Une question de confiance se pose entre les clients et les banques. « Les banques togolaises sont très exigeantes en matière des garanties pour octroyer un crédit  à un jeune entrepreneur. Souvent les banques demandent des titres fonciers avant d'accorder un prêt alors que la grande partie des togolais n'ont pas de titre foncier. C'est ce qui justifie la difficulté des banques à offrir des crédits au jeunes entrepreneurs au Togo », explique Serge Kossi, un banquier à la retraite.

A la dernière rencontre des responsables des établissements financiers togolais avec ceux de la BCEAO lors d'une réunion-bilan, Kossi Ténou son directeur national, s'en est ouvertement inquiété et a recommandé un bureau d'information sur le crédit à toutes les banques. Le Top management de la BCEAO a aussi insisté sur le respect des normes prudentielles, notamment, le relèvement du capital social minimum de 10 milliards pour les banques et de 3 milliards pour les établissements financiers au plus tard le 30 juin 2017.

Ces mesures devraient faciliter l'accès au crédit aux populations togolaises. Avec un PIB par habitant en constante hausse, 58% d'augmentation entre 2005 et 2014 selon le ministère de l'économie, les banques devraient prendre un peu plus le risque de s'ouvrir.

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