Afrique du Sud : offensive judicaire des banques contre Gupta et Zuma

L’affaire Gupta connaît un nouveau rebondissement avec le recours déposé par la Standard Bank Limited devant la Cour Suprême de Pretoria. Une action en justice qui vise à prévenir toute intervention de l’Exécutif dans la décision de la banque de clôturer les comptes de l’entreprise Oakbay appartenant à la famille Gupta. La partie plaignante a par ailleurs dénoncé des manœuvres d’intimidation de la part de ministres, syndicats, baron de l’ANC et même de la part du Parti communiste.
Amine Ater
La Standard Bank vient de recourir à la Cour Suprême sud-africaine pour se protéger de pressions gouvernementales et partisanes en faveur de la réouverture de comptes de la famille Gupta fermés en juin dernier

La Standard Bank Limited a déposé un recours pour le moins surprenant devant la Cour suprême de Pretoria. En effet, l'établissement bancaire financier a fait appel à la plus haute juridiction d'Afrique du Sud, pour prévenir toute intervention du président Zuma ou de ses ministres pour empêcher la banque de fermer les comptes des entreprises liés à la famille Gupta via l'entreprise Oakbay.

Les banques font bloc

Les avocats de la Standard Bank ont justifié ce recours par des pressions exercées par les différents cabinets ministériels voire même de la part de l'ANC. Des pressions qui ont également été dénoncées par les 3 autres principales banques du pays, notamment la First National Bank (FNB) qui a aussi déposé un recours devant la plus juridiction du pays. La FNB suspecte par ailleurs, la famille Gupta d'utiliser son réseau pour blanchir une partie de ses capitaux.

Les avocats de la Standard Bank appuient leur demande par une mesure introduite par le ministre des Finance, Pravin Gordhan's, courant 2016. Une motion qui vise à instituer une cloison entre l'exécutif et le secteur financier. En clair, l'exécutif notamment le ministère des Finances n'aurait plus l'autorité lui permettant de « s'immiscer » dans les relations entre une banque et sa clientèle. La partie plaignante a également demandé à la Cour d'élargir cette cloison à l'ensemble des cabinets ministériels et non seulement le département des Finances. La motion Gordhan's a été introduite suite à la décision prise par 4 établissements financiers de couper les ponts avec la famille Gupta et ses entreprises.

Pressions politiques et médiatiques

Le recours déposé par la banque dénonce aussi des pressions exercées par Mosebenzi Zwane (ministre des Mines), David Van Rooyen (ministre de la gouvernance), des caciques de l'ANC, le Congrès des Syndicats Sud-Africain (Cosatu) ou encore le Parti communiste. Des pressions qui aurait été suivi d'une campagne publique hostile à l'encontre de la banque, suite à la fermeture des comptes de l'entreprise Oakbay en juin dernier. Une campagne qui aurait même été épaulée par des insertions publicitaires dans certains organes de presse.

Cette offensive judiciaire des banques sud-africaines, vient suite aux révélations sur les liens entre l'administration Zuma et la famille Gupta. Selon une enquête indépendante que la présidence avait essayé d'enterrer avant de se rétracter, la richissime famille Gupta aurait réussie à étendre son influence au premier cercle de pouvoir sud-africains, allant même jusqu'à proposer des nominations aux portefeuilles de ministres. Une affaire qui a débouché sur une mention de censure à l'encontre de Jacob Zuma qui n'a pas aboutie.

Amine Ater

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