Carburant : le Nigeria prépare les esprits à la suppression de la subvention, financée par emprunt

Le gouvernement a réuni une enveloppe de 7,5 milliards de dollars pour subventionner le carburant jusqu’à mi-2023, conformément à l’engagement pris l’an dernier. Après cela, cette subvention devrait cesser, car financée par emprunt, elle exerce une pression sur les finances publiques qui plus est en temps de crise prolongée.
(Crédits : DR)

Au Nigeria, la subvention du carburant coûte cher à l'Etat qui prépare déjà les esprits à la suppression de cet appui financier. Sur le premier semestre 2023, le gouvernement a mobilisé à cet effet 3,36 trillions de nairas -soit environ 7,5 milliards de dollars- dans le cadre du budget annuel, a annoncé mercredi Zainab Ahmed, ministre des Finances, du Budget et de la Planification nationale. Et cela devrait être la dernière enveloppe allouée à ce poste budgétaire.

Politique jugée « insoutenable »

« Le coût de la subvention du carburant était très élevé ; Nous l'avons financé par des emprunts », a déclaré la ministre, insistant sur le fait que cette politique de subvention est devenue « insoutenable ».

Initialement, le gouvernement nigérian avait prévu de mettre un terme à la subvention du carburant à compter de juillet 2022 après avoir dépensé 9,5 milliards de dollars en subvention. Cependant, les menaces de soulèvements populaires dans un contexte de multiples crises mondiales a poussé l'Etat à ajourner sa décision. Début 2022, Abuja annonçait un prolongement de la subvention sur 18 mois. C'est pour honorer cet engagement, a souligné la ministre, que ces fonds ont été mobilisés.

« les Nigérians ont pris conscience »

Au Nigeria, la subvention du carburant est au centre du débat économique depuis de nombreuses années. L'idée de sa suppression a toujours fait couler beaucoup d'encre. « Nous devons trouver un équilibre entre le sens économique et le sens social. La suppression des subventions aux carburants est tout à fait logique sur le plan économique, mais est-elle logique sur le plan social ? », interroge Femi Adesina, conseiller médias du président Buhari, soulignant que la donne sociale a justement freiné le Chef de l'Etat pendant ces huit années passées au pouvoir. Il a néanmoins admis que « les Nigérians ont pris conscience que le régime de subventions aux carburants doit changer ».

En prolongeant la subvention du carburant jusqu'à la mi-2023, l'équipe de Buhari -qui n'est pas candidat à succession- jette la patate chaude entre les mains du prochain gouvernement, les élections présidentielles étant prévues en février prochain.

Un candidat à la présidentielle promet de passer à l'acte

Lors d'une sortie médiatique fin décembre, Atiku Abakar -ancien vice-président du Nigeria sous Olesegun Obasanjo et candidat à la présidentielle 2023- s'est voulu catégorique en cas de victoire. « Je supprimerai la subvention au carburant dans les 100 premiers jours de mandat. Nous devrions être en mesure de prendre une décision », a-t-il déclaré, soulignant que dans le contexte de crise, cette subvention épuise l'économie. Il a notamment promis de fournir une feuille de route complète sur la manière dont l'investissement du produit de la suppression de la subvention au carburant se déclinerait.

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