Notation : Moody’s maintien la note « Ba1 » du Maroc, rabaissée de positive à stable

L’agence de notation Moody’s a maintenu la note « Ba1 » du Maroc qui passe toutefois de positive à stable. L’agence internationale a entre autres pointé du doigt, la lenteur de l’assainissement budgétaire dans un contexte économique et financier mondial plein d’incertitudes et qui soulève des inquiétudes sur la capacité du Royaume à absorber d’éventuels chocs.
Selon Moody’s, l’élargissement de la bande de fluctuation du Dirham, la monnaie locale, est de nature à soutenir la compétitivité des prix et la capacité du royaume à absorber des chocs exogènes.
Selon Moody’s, l’élargissement de la bande de fluctuation du Dirham, la monnaie locale, est de nature à soutenir la compétitivité des prix et la capacité du royaume à absorber des chocs exogènes. (Crédits : Reuters)

C'est la première alerte pour le nouveau ministre marocain de l'Economie et des finances, Mohamed Benchaaboun, ainsi que pour gouvernement de Saad Eddine El Othmani. L'agence de notation Moody's vient de rabaisser la note du Royaume de positive à stable. Le Maroc maintient certes sa notation «Ba1» mais les arguments mis en avant par l'agence pour réviser la note interpellent les autorités sur les risques auxquels fait face l'économie du pays. Dans la note d'analyse publié, vendredi 23 novembre, Moody's a en effet mis en avant la lenteur de l'assainissement budgétaire ainsi que la réduction de la marge budgétaire qui, est de nature à limiter la capacité du gouvernement à absorber les chocs internes ou externes dans un contexte financier mondial qui se durcit. Selon l'agence, la lenteur de l'assainissement budgétaire reflète, «un léger affaiblissement de la vigueur institutionnelle, et en particulier de l'efficacité des politiques».

Lire aussi : Maroc : une loi de finances «royalement» sociale pour 2019

S'appuyant sur les données relatives à l'exécution budgétaire pour l'exerce courant, l'agence relève que le déficit budgétaire attendu en fin d'année s'élève à 3,8% du PIB, contre un objectif de 3%. Parallèlement, la mobilisation des recettes fiscales a été plus faibles que prévues dans le budget, alors que les décaissements des dons estimés au titre des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), sont également en baisse par rapport à ce qui était initialement attendu. L'agence a également alerté sur les montants des dépenses de subventions et en investissements, qui sont supérieurs à ceux, initialement budgétisés. Avec un déficit budgétaire de 3,7% prévu par le gouvernement dans le projet de loi des finances 2019, Moody's anticipe un pic plus élevé du ratio dette publique/ PIB, qui devrait atteindre près de 67% en 2020.

Bonnes notes mais peut mieux faire

Malgré l'amplification des risques, Moody's a gratifié l'économie marocaine de quelques bonnes notes qui sont notamment relatives à la mise en œuvre, «des politiques macroéconomiques et des réformes fiscales cohérentes mises en œuvre par le gouvernement au cours des dernières années, notamment l'élimination des subventions aux carburants, la réforme paramétrique des retraites publiques ainsi que la mise en œuvre de la loi organique sur le budget». C'est cette dynamique qui a motivé le maintien de la note «Ba1», laquelle se justifie également par la résilience démontrée dont fait preuve le profil de crédit du Royaume, en dépit des défis posés par une croissance assez modérée, des niveaux de richesse relativement bas avec un PIB par habitant de 8.568 dollars, ainsi que du poids de la dette qui s'est considérablement accru au cours de la dernière décennie. L'agence fait aussi remarquer que le Royaume est conforté par l'accès du gouvernement à des marchés de capitaux intérieurs relativement profonds, ce qui aide le pays à faire face à la volatilité des marchés internationaux de capitaux.

Cependant, avec une hypothèse d'un prix du pétrole à 75 dollars le baril en 2019, contre 74 dollars en 2018, l'agence estime que le déficit du compte courant du royaume devrait passer à 4,4% du PIB en 2018 et à 4,5% en 2019, d'autant que l'augmentation des exportations ne pouvant que partiellement compenser l'effet négatif de la hausse des prix du pétrole. Fort heureusement, le développement des énergies renouvelables dans la production d'électricité continue, devrait atténuer à long terme, la vulnérabilité du Maroc à la volatilité des cours du pétrole, et selon Moody's, «l'élargissement de la bande de fluctuation du Dirham, la monnaie locale, est de nature à soutenir la compétitivité des prix et la capacité du royaume d'absorber des chocs exogènes».

Risques et perspectives

Dans son analyse, l'agence a actualisé les principaux freins à la croissance du Maroc notamment la rigidité de son marché du travail, l'inadéquation des compétences professionnelles, ainsi qu'à son système éducatif dont les résultats sont assez faibles notamment en comparaison aux normes internationales. Des contraintes qui engendrent une faible productivité, et une croissance assez dépendante de l'approfondissement continu du capital.

En termes de perspectives, Moody's souligne qu'en cas de mise en œuvre de mesures annoncées pour relever les nombreux défis, la notation du pays pourrait être améliorer, ce qui implique, «de nouvelles politiques garantissant que le ratio de la dette publique, y compris les garanties de la dette extérieure des entreprises d'Etat, soit fermement dans une tendance baissière, soutenu par la poursuite de la mise en œuvre des réformes visant à améliorer l'environnement fiscal et des affaires, qui développeront les perspectives de croissance non-agricole de l'économie marocaine».  La poursuite de la détérioration des finances publiques ou l'amplification des risques notamment des entreprises publiques ou du secteur bancaire pourraient, à contrario, entraîner un abaissement de la note, a prévenu Moody's. Selon cette dernière, la résilience du profil de crédit du royaume aux chocs de ces dernières années, fait toutefois que «la probabilité d'une dégradation de la note de crédit du royaume au cours des prochaines années reste très faible».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.