Afrique du Sud : Moody's s'inquiète de l'indépendance de la Banque centrale

Moody's vient de saluer la décision de la Banque centrale sud-africaine de baisser son taux directeur. Toutefois, l'agence de notation financière américaine ne voit pas d'u bon œil les pressions politiques que subirait la Banque et qui pourraient biaiser ses décisions.
Mehdi Lahdidi

La dernière fois qu'une institution multilatérale ou un cabinet des Big four se sont prononcés positivement vis-à-vis de la politique monétaire de l'Afrique du Sud remonte à loin. Sauf que cette fois-ci, la décision de la South African Reserve Bank de réduire son taux directeur, pour la première fois depuis cinq ans, n'a pas manqué de susciter la satisfaction de l'agence de notation américaine Moody's. Celle-ci a en effet estimé que la mesure décrétée augmentera probablement le potentiel de croissance économique du pays.

Néanmoins, Moody's a averti que les pressions politiques sur la Banque deviennent de plus en plus inquiétantes et risquent de coûter cher à la crédibilité du pays. «Les pressions politiques sur la South African Reserve Bank pour maintenir des politiques monétaires expansionnistes devraient prévaloir, parallèlement à des pressions accrues pour les dépenses budgétaires», a déclaré Moody's qui classe toujours la dette du pays à un niveau supérieur au sous-investissement avec une perspective négative. Le gouverneur de la Banque centrale, Lesetja Kganyago, avait pourtant cherché à rassurer en déclarant que la Banque restait indépendante et n'avait subi aucune pression pour réduire ses taux.

La Banque Centrale malmenée par les politiques

Il faut dire que la Banque centrale de la deuxième économie d'Afrique (après le Nigéria) passe depuis quelque temps par une période d'incertitudes. La Cour Suprême de Pretoria décidera ce mardi 1er août de la requête de la Banque de réserve pour examiner l'ordre du Protecteur public (l'institution anti-corruption du pays) qui incite les législateurs à amender la Constitution pour que la Banque centrale se concentre sur le «bien-être socio-économique des citoyens», au lieu de l'inflation. La Banque est également dans le viseur du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), qui avait émis une proposition de sa nationalisation. Tout cela dans un contexte de guerre intestinale au sein du parti au pouvoir pour éjecter le président Jacob Zuma.

Pour Moody's le timing de ces attaques «met en évidence la pression croissante de la sphère politique pour rendre la politique monétaire moins indépendante, ce qui constitue un argument-clé de notre évaluation de la force institutionnelle de la SARB ( Banque centrale, NDLR) qui se dégrade progressivement».

Mais même avec ce reproche, le jugement de l'agence dans sa note datée du 28 juillet, sur la décision de la Banque de réduire les taux de 25 points de base à 6,75 %, est une approbation des mesures qu'adopte l'institution. Celles-ci devraient en effet soutenir la croissance à court terme en réduisant le coût des investissements.

Mehdi Lahdidi

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