Les nouvelles sont mi-figue mi-raisin pour l'Afrique du Sud. Fitch Ratings s'est prononcé ce vendredi, annonçant qu'elle maintient à BBB- la note de crédit sud-africaine sur le long terme, avec cependant une perspective passée de stable à négative, indique un communiqué de l'agence de notation. En cause, le risque politique alimenté par la crise interne au parti au pouvoir, ANC. Au moment où le parti se prépare à élire un nouveau président- le départ de Jacob Zuma étant réclamé en raison des récents scandales auxquels il a été mêlé- l'agence estime que cette situation devrait perdurer jusqu'à décembre 2017, date prévue des élections du prochain président de l'ANC.
Fitch estime que cette situation « continuera de saper le climat des affaires, ce qui pourrait freiner la croissance du PIB ». Avec une économie qui a dû lutter depuis l'année dernière avec les pénuries d'électricité, la sécheresse ainsi qu'une forte baisse des prix internationaux pour certains produits miniers, le pays s'attend à une croissance « modeste » de 1,3% en 2017 et 2,1% en 2018.
La surprise de Moody's
Ficth a donc tranché sur un sujet qui agite l'Afrique du Sud depuis plusieurs semaines. Alors que la notation de Moody's était impatiemment attendue vendredi, elle est tombée ce samedi 26 novembre en matinée. Et l'agence newyorkaise a décidé de maintenir inchangée la note de la dette sud-africaine à Baa2 avec perspective stable, a-t-elle annoncé un communiqué.
« L'Afrique du Sud a un dossier de saine gestion financière, en particulier du côté des dépenses, le Trésor a toujours respecté les plafonds de dépenses introduites en 2012 et vise à atteindre l'équilibre primaire dans le prochain exercice. Cependant, le ratio dette-PIB du pays continue d'accumuler de façon constante, mais à un rythme ralentit », a déclaré Zuzana Brixiova, vice-président de Moody - analyste principal et co-auteur du rapport.
Mise en garde
Selon Moody's, le maintien de la perspective négative se justifie par les risques liés à la mise en œuvre des réformes structurelles, indispensables pour rétablir la confiance et encourager les investissements. Aussi, l'agence estime qu'une perspective négative convient face à « l'incertitude politique » régnante, la faible confiance des entreprises et le ralentissement de la croissance.
Moody's met en garde l'Afrique du Sud contre toute dégradation de sa note si le pays n'arrive pas à rectifier tous ces aspects, réitérant ainsi ses récents avertissements. En septembre dernier en effet, l'agence newyorkaise annonçait une possible dégradation de la note sud-africaine si les querelles politiques perduraient, si la croissance du PIB tombait en dessous des prévisions pour cette année et si la dette des entreprises publiques continuait de croître.
Résultat d'une entente ?
Au vu de la récente actualité (l'inflation monté à 6,4% en octobre, le chômage record à 27,1%, soit son niveau le plus haut depuis 13 ans) tous les observateurs et analystes s'attendaient à une baisse de la note. Mais Moody's surprend.
Cette semaine, les médias sud-africains révélaient les négociations entre le Trésor national et les agences de notation pour éviter toute dégradation de la note sud-africaine. Le vice-président Cyriul Ramaphosa, avait personnellement déclaré avoir rencontré l'agence Fitch Ratings la semaine dernière pour la renseigner sur les mesures en projet pour le marché du travail notamment. Possible que les présentes notations en soient le résultat.
Après Fitch Ratings et Moody's, les projecteurs sont désormais braqués sur Standard & Poor's qui devrait rendre publique la mise à jour de sa note le 2 décembre prochain.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !