Infrastructures : le Cameroun mise sur le Complexe portuaire de Kribi

Le Cameroun est en mal d’infrastructures et le gouvernement le sait. Yaoundé qui a récemment levé 165 milliards FCFA va allouer une partie de ces fonds au financement des travaux du Complexe industrialo-portuaire de Kribi, notamment pour la construction de l’autoroute du port. Retour sur un méga projet attendu pour redorer le blason maritime de ce pays d’Afrique centrale.
Ristel Tchounand
Visite des journalistes sur le site du port en eau profonde de Kribi.

Depuis qu'il a été officiellement dévoilé le 14 mars 2012, le projet du Complexe industrialo-portuaire de Kribi ne cesse de susciter l'intérêt, à un tel point que le gouvernement camerounais entend en faire le nouveau hub de l'activité portuaire dans la sous-région, notamment pour le Tchad et la Centrafrique qui, dépourvu de littoral maritime, s'approvisionnent via le voisin camerounais.

Un projet de 6 500 milliards FCFA

Lancé dans le cadre du programme gouvernemental d'émergence à l'horizon 2035, le complexe est décliné en quatre composantes à savoir un port en eau profonde d'une vingtaine de quais, une zone d'activité industrielle et linguistique, un corridor multimodal et une nouvelle ville qui devrait abriter 100 000 habitants d'ici 2040. Le tout devrait s'étendre sur 26 300 ha et longer le littoral camerounais sur 20 km. La mise en œuvre complète du projet nécessite  pas moins de 6 500 milliards FCFA, dont 207,270 milliards de FCFA sont garantis par un accord de prêt conclu entre l'Etat du Cameroun et Eximbank of China.

Le projet avance pas à pas et les travaux de la phase I sont achevés depuis plusieurs mois. Le gouvernement a procédé, en août dernier, à la nomination de l'équipe dirigeante. La direction générale a ainsi été confiée à Patrice Melom, un ingénieur statisticien de 55 ans, qui n'est autre que le coordonnateur du comité de pilotage de ce vaste chantier industrialo-portuaire.

Un autre business sous les commandes de Bolloré

Yaoundé avait également annoncé l'entrée en service du port en eau profonde de Kribi avant fin 2016. Mais à l'allure où vont les choses, difficile d'envisager le respect de cette deadline. Tant bien que mal, le gouvernement tente d'appuyer sur l'accélérateur. Le Premier ministre Philemon Yang et son équipe gouvernement ont, à cet effet, levé mi-octobre 165 milliards de FCFA sur le marché obligataire local visant à financer, entre autres, les projets d'infrastructures, dont le port de Kribi. La semaine dernière, une enveloppe de 4 milliards FCFA pour la construction de l'autoroute menant au port et située entre la ville de Kribi et la localité de Lolabé. De nombreuses autres taches restent encore à effectuer, notamment les installations des administrations douanières, l'approvisionnement en eau ou encore la fibre optique.

L'exploitation du port en eau profonde a été confiée au groupe Bolloré, en consortium franco-chinois, suite à un appel d'offres dont les résultats ont été dévoilés en août 2015. L'équipementier et logisticien français qui, rappelons-le, est au cœur de la polémique au Cameroun après le déraillement du train qui causé la mort de 79 personnes et en a blessé près de 600.

Lire aussi : Cameroun : le gouvernement et Bolloré dos à dos

Quid de la pérennité du port de Douala

Après toute la communication déployée autour du Complexe industrialo-portuaire de Kribi, plusieurs voix se sont élevées craignant, après sa mise en service, l'extinction de l'historique port de Douala en mal de rénovation depuis belles lurettes. « Il n'en a jamais été question. Nous disposons au Cameroun d'un plan directeur portuaire et tous les ports sont complémentaires », défendait récemment Patrice Melom dans un entretien avec un média local.

A ce jour, le Cameroun fait face à un gros déficit infrastructurel. Et le gouvernement en est conscient. « La réalisation du Complexe Industrialo-portuaire de Kribi reflète la volonté des Autorités camerounaises de combler le déficit du pays en infrastructures portuaires permettant d'assurer la mise en valeur des ressources naturelles », lit-on sur le site du Complexe portuaire de Kribi. Le challenge pour Yaoundé aujourd'hui est de mettre à exécution des projets de rénovation des infrastructures vétustes. L'emprunt obligataire récemment émis devrait y contribuer, selon les annonces faites par le gouvernement qui subit désormais une plus forte pression après les catastrophes survenues la semaine dernière sur l'axe routier Douala-Yaoundé et la ligne ferroviaire reliant les deux capitales économique et politique.

Ristel Tchounand

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Commentaire 1
à écrit le 28/10/2016 à 9:47
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J aimerai qu'on m'explique ces termes mystérieux" une zone d'activité ...... linguistique, un corridor multimodal" . Et aussi ces chiffes " projet nécessite pas moins de 6 500 milliards FCFA, dont 207,270 milliards de FCFA, surtout d'ou viendrons l...

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